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Auteurs
 Le forum du Guide - Critiques de livres : Littérature : Auteurs
Icône du message Sujet: Paul Auster Répondre Nouveau sujet
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Dantès
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Citer Dantès Réponsebullet Sujet: Paul Auster
    Envoyé : 30 mars 2009 à 14:07
Puisque qu'il n'existait pas encore de fil consacré à cet excellent auteur et que je prise particulièrement son oeuvre, je me suis dit que j'allais lui consacrer ma première ouverture de topic.

Curieusement, ma première incursion dans l'univers austerien était une sorte de faux départ qui aurait pu se transformer en rendez-vous manqué. Car à cette époque, le nom de Paul Auster était toujours lié à la Trilogie New-Yorkaise. Hors, lorsque j'ai terminé le premier tome, Cité de verre, j'étais plutôt perplexe. Certes, le roman était intéressant, atypique, l'écriture fluide, l'histoire interpellante par son étrangeté mais... j'avais surtout eu l'impression de lire un roman...disons expérimental, à défaut d'autre mot. Plus soucieux de contorsions conceptuelles, de mises en abyme ludiques que de raconter une histoire vraiment prenante. Bref, je me demandais si ce Paul Auster n'était pas un sorte de James Joyce contemporain, un auteur que je qualifierais "d'intellectualisant", ce qui est peu dans mes cordes.
Mais comme je suis un lecteur scrupuleux et qu'il s'agissait d''une trilogie, je me suis mis à lire le second, Revenants. Celui-ci était une variation - plus courte - du premier mais à nouveau sa lecture m'avait peu marqué. Seul ingrédient de cette insolite mixture littéraire et paralittéraire qui m'avait fasciné (et que j'allais retrouver dans presque tous les romans suivants de l'auteur mais n'anticipons pas) : le thème de l'identité et de sa fragilité, les jeux de miroirs entre personnages interchangeables, jusqu'à la perte momentanée de soi, voir la déréliction complète. Mais ce petit roman, où les personnages portaient des noms de couleurs et passaient leur temps à s'épier, ne m'avait tout de même pas passionné. Trop conceptuel à nouveau. Beaucoup d'esprit, pas assez de chair si vous voulez (et ni voyez aucune allusion à un érotisme quelconque, ce n'est qu'une métaphore).
Décidé néanmoins à boire le calice "ésotérique" jusqu'à la lie, je me suis attelé bravement au troisième volet qui, évidemment, était une nouvelle variation des deux autres. Mais là, surprise : en sus d'une histoire où il était à nouveau question d'un jeu d'identités (un homme endossant la vie d'un autre comme on endosse un pardessus), il y avait dans La Chambre dérobée un souffle nouveau qui devait être celui du romanesque. Les personnages avaient davantage d'épaisseur, ils n'étaient plus seulement des pièces que l'auteur faisaient avancer sur son échiquier new-yorkais. Et je commencais à me dire que cet Auster (qui aurait pu mériter son nom !) faisait montre d'un réel talent de conteur.

J'en eu ensuite la confirmation éclatante avec le roman suivant, La musique du hasard, qui reste un de mes préférés à ce jour. Oncle Paul (ah les belles histoires de l'Oncle Paul ! Les bédéphiles de ma génération comprendront) s'était révélé à moi comme un brillant conteur, en plus d'un fils spirituel de Kafka, posant les bases d'une sorte de réalisme magique où s'agite la fameuse condition humaine, avec son lot d'absurdités, d'errances tant sur le plan physique que mental, de coïncidences stupéfiantes qui montrent que l'homme n'est souvent qu'un fil ténu dans une trame qui lui échappe, malgré quelques possibilités de compréhension. Et une touche de cruauté qui n'empêche pourtant pas un certain humanisme.

Le suivant, Moon Palace (en fait rédigé avant par l'auteur mais je tiens compte ici de ma chronologie de lecteur) confirmait amplement le talent de l'auteur avec un roman plus touffu, plus étendu dans le temps, et radiograpiant au passage une partie de l'histoire de l'Amérique à travers le point de vue d'un vieil homme témoin de ces diverses mutations. Où l'histoire personnel d'un seul individu se confondait avec celle d'un siècle. Et où l'on retrouvait toutes les obsessions austériennes : errance, quête d'identité, dualité, contingences, enfermement, etc...

Voilà pour le commencement (hésitant), la persévérance (salutaire) et la confirmation (devenant fidélisation).
Cette expérience m'a d'ailleurs inculqué une chose : qu'il ne faut pas forcément abandonner un auteur après n'avoir lu qu'un seul de ses romans (encore que ce n'est pas une règle non plus : certains méritent peu qu'on s'y accroche). Dans le cas contraire, je n'aurais pas été plus loin que Cité de verre et me serais privé du reste.

Et à propos de reste (et quels restes !), j'aimerais aussi citer Tombouctou, découvert plus tardivement : une très belle fable mélancolique et anthropomorphique qui a pour héros un chien nommé Mr Bones, auquel Auster donne une personnalité et une profondeur telle qu'il est - assez ironiquement - le personnage le plus émouvant des romans de l'auteur que j'ai pu lire pour le moment. Entre les avanies tellement humaines auquels doit faire face l'animal pourvu d'une âme d'homme et la fidelité inconditionelle que son instinct de chien voue à son maître - un écrivain clochardisé - Tombouctou est un roman poignant que je conseille vivement.

J'ajouterais, pour nous éloigner un peu de la partie romanesque de l'oeuvre, que Paul Auster s'est révélé au début de sa carrière (alors qu'il n'avait encore pas publié de romans) un commentateur pertinent de l'oeuvre de ses confrères, anciens ou contemporains. Ces textes critiques sont rassemblés dans le recueil L'art de la faim qui, avec le recul, laisse deviner l'Auster romancier encore en gestation à travers certains thèmes ou parti-pris formels. Si certains des auteurs, poètes ou même artistes plasticiens évoqués restent peu connus du public francophone, celui consacré à Knut Hamsun (et son roman La Faim) est remarquable, ainsi que ses textes sur Kafka et Beckett. C'est une manière en tout cas d'aborder une autre facette de l'écrivain new-yorkais.

Citons enfin quelques réussites plus tardives comme La nuit de l'oracle et Le livre des illusions. Comme je n'ai pas encore eu l'occasion de lire les plus récents (je l'ai un peu perdue de vue ces dernières années), j'en resterai donc là.

Et vous, que pensez-vous de cet auteur ? Quel(s) roman(s) avez-vous lu de lui ? Lesquels vous ont le plus marqué (ou déçus) ?
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