Vingt-quatre heures de la vie d'une femme __ Stefan ZWEIG

Nouvelle, 86 pages, 1927,
suivie de Le voyage dans le passé, 50 pages.
édition Pocket.
LIBRE DE DROIT



4è de COUVERTURE :
Ce double récit de Stefan Zweig débute en 1904 dans une petite pension de la Riviera où séjournent quelques personnes bien nées. Le narrateur évoque dans quelles circonstances Madame Henriette, l’une des clientes, s’est enfuie avec un jeune homme qui n’avait pourtant passé là qu’une journée. Tout juste la jeune femme a-t-elle laissé une lettre à son mari pour expliquer son acte. Un scandale éclate dans la pension. Chaque pensionnaire y va de son propos acerbe pour critiquer l’attitude inqualifiable d’Henriette. Il n’y a guère que le narrateur pour tenter de comprendre le comportement de cette "créature sans moralité ". Il y a aussi Mrs C., une vielle dame anglaise, qui pose beaucoup de questions au narrateur. Mrs C. se décide alors de confier au narrateur quels feux mal éteints cette aventure a ranimés chez elle.

Mrs C. avait alors quarante deux ans et avait perdu son mari deux ans auparavant. Elle décide de se rendre à Monte Carlo et fréquente alors les casinos. Elle aime à examiner les mains des joueurs. Ces gestes qu’elle observe lui permettent de comprendre leur personnalité sans même avoir à regarder leur visage.

Un jour, elle est fascinée par des mains magnifiques. Elle ne peut résister. Elle regarde alors ce joueur et découvre un beau jeune homme d’environ vingt quatre ans. Il semble totalement anéanti car il vient de perdre tout son argent. Mrs C. l’imagine songeant au suicide. Elle décide alors de l’aider

MES IMPRESSIONS :
Morne au début, le récit s'anime d'une force incroyable quand Mme C décrit le jeune joueur :
" Jamais encore, je n’avais vu un visage dans lequel la passion du jeu jaillissait si bestiale dans sa nudité effrontée.... J’étais fascinée par ce visage qui, soudain, devint morne et éteint tandis que la boule se fixait sur un numéro : cet homme venait de tout perdre !....Il s’élança hors du Casino. Instinctivement, je le suivis… Commencèrent alors 24 heures qui allaient bouleverser mon destin ! "
La description des mains qui se tordent comme des serpents dans l'attente de l'arrêt de la boule est quelque chose de remarquable !
C. est fascinée par le joueur comme lui l'est par le jeu.

Zweig est pour moi le meilleur "traducteur en mots" des passions humaines, c'est à dire d'actions humaines qu'on ne peut éviter mais qui font terriblement souffrir.

Style EXCELLENT !
Histoire : TB à partir du récit de Mme C.



La première nouvelle décrit la passion du jeu (je me souviens avoir lu un petit livre de Dostoïevski, Le joueur, tout aussi prenant !
La deuxième nouvelle est une passion d'amour, mais je l'ai moins appréciée : 50 pages, c'est trop court pour bien développer tout cela !

Youpi denis tu as aimé 24 heures de la vie d'une femme!

C'est ma nouvelle préféré de Zweig!

Par contre je n'ai pas lu la nouvelle suivante.

Je te conseil la confusion des sentiments & lettre d'une inconnue.

lélia, je te conseil vivement de lire Zweig, il écrit très bien et je trouve ses histoires passionnantes.

Il écrit principalement des nouvelles, donc un bon moyen pour le connaître et il a écrit aussi des bibliographie (sur balzac entre autres).

Taffy, bien noté

Quant à moi, je vous conseille AMOK, qui surpasse 24H, pour moi, car plus long, donc mieux développé.

Je ne savais pas, ce sont des femmes intéressantes, et comme il écrit très bien, ça doit être captivant !

Moi j'aime les deux.

C'est vrai Denis, ''le voyage'' a été écrit entre les deux guerres...je suis plein de contradictions!?

Quelle passion exposée et quelle écriture nous l'a dévoilé! Traitant pourtant d'un sujet qui, au départ, ne me parle pas tant que cela, Zweig a réussi à m'embarquer totalement par l'intensité de son propos, à l'aide de cette écriture toujours en urgence, en surenchère constante. Il n'y a aucun répit, je deviens essoufflé à suivre son rythme. J'avais eu la même impression en lisant « Lettre d' une inconnue » dont le thème ne m'avais pas, contrairement à ce 24h, accroché vraiment. Il sait créer des ambiances, faire naître des personnages comme s'ils étaient là... Son écriture, vieillotte, un peu à la Poe ou à la Christie, mais en tellement plus élaborée, fine et incisive, donne un air charmant au tout. Quant à l'histoire, de nos jours ce n'en serait même pas une, mais dans le contexte on veut y croire. Et c'est tellement réconfortant de se laisser parfois bercer par d'exquis enchaînements de mots, de phrases et de paragraphes!

C'est une idée, Taffy, mais il y a tellement de livres que je veux lire que c'est rare que j'en relis... Comme je disais ci-dessus, je vais sûrement lire une de ses biographies un de ces jours...

Oui j'avais aimé pour l'écriture, mais je trouvais bizarre une telle passion pour un tel goujat!