Ponette, modiste rue de Berne. Edition 1919.

Pendant la guerre de 14, Ponette, jeune parisienne orpheline et oisive, vit dans une chambre louée à Paris. Ses copines viennent la voir. Elle prépare un repas pour des amis officiers qui s'entendent bien : ses ex Riquet et Bébert, et son amant de l'année, Polo. Tous les soirs, ils lui offrent le restaurant, et souvent, la sortent au théâtre. Mais Ponette s'ennuie, elle veut travailler. Riquet lui fait remarquer qu'elle se confectionne de très beaux bibis, et qu'elle pourrait en faire son métier.

Pourquoi 4 étoiles alors que l'auteur est inconnu ?
Bon, j'admets que le livre manque un peu de contextualisation. Mais le style est tellement pétillant, vivant, gai malgré la guerre, rapide à lire, sans ride, avec quelques mots désuets charmants, que je trouve que Maurice Simart a un talent non reconnu.
Je pense que c'est un livre qui aurait fait tiquer Louis Ferdinand Céline, lui qui faisait allusion aux planqués de Paris pendant la grande boucherie : ça m'a bien l'air d'être le cas. Il s'agit, pour moi, des premiers "bobos" de rive droite, de gens qui ont les moyens, même sous la pénurie de la guerre : leurs sujets de conversation sont, entre autres, Courteline, le cubisme, l'art moderne. Le gros Bébert, avec son franc parler serait bien interprété par notre Gégé. Quant à Ponette, elle a la gouaille d'Arletty !

Enfin, ce livre plairait sûrement à Elizabeth Badinter et bien d'autres femmes contemporaines, car Ponette est loin d'être une femme soumise : les filles sont libres, sortent, gagnent leur vie, sont heureuses, flirtent.

Je note la valeur "amitié" dans la solidarité de ce quatuor hors normes, surtout pour l'installation de Ponette dans sa nouvelle boutique.

Enfin, cette belle vérité sur l'Amour, à mon sens :

" Ce que je ressens cette fois est très différent de tout ce que j'ai connu jusqu'alors. C'est beaucoup moins vif, et c'est beaucoup plus tendre."