Collection : Le Livre de poche
542 pages

Après la mort de ses parents, Denise débarque de sa campagne, ses deux frères sur les bras, pour trouver du travail à Paris. Ce sera sans compter sur son oncle, qui n’arrive plus à joindre les deux bouts. Depuis qu’Octave Mouret a ouvert son Bonheur des dames, qui fait tant de bruit à Paris, tous les commerces alentours se meurent. C’est pourtant vers ses vitrines clinquantes que Denise va se tourner.

Zola s'est largement documenté sur les grands magasins. Il nous donne une foule de détails, que ce soit dans les noms des tissus (qui sont toujours ravissants et poétiques) que dans la façon dont Mouret gère son grand magasin, en grand homme d'affaires autant qu'à coup d'idées de génie. La jeune Denise fait son chemin dans ce lieu impitoyable, tout en mettant tout ce petit monde par terre, uniquement à recours de douceur et d'humilité.

On se délecte de cette écriture simple et fourmillante, qui passe en revue quelques grands personnages du magasin et leurs aventures. Les dialogues entre collègues nous font entrevoir un Français de l'époque, avec ses expressions colorées. Le comportement de ce petit monde envers Denise va évoluer en suivant l'ascension de la demoiselle. Bien que Denise ait emmené ses frères avec elle, l'accent est peu mis sur la famille, pour se concentrer davantage sur le monde du travail. En bon vivant, Zola se plait beaucoup à dépeindre le moment du déjeuner au Bonheur des dames, où les employés pestent sur la nourriture, et s'échangent souvent un plat pour un autre.

Zola a voulu écrire son livre "positif" avec Au Bonheur des dames, qui est le seul de la saga des Rougon-Macquart (ici, c'est Octave Mouret qui est rattaché à la famille) dont l'issue est heureuse. C'est le triomphe du capitalisme. Écrasante de concurrence, rachetant à tours de bras tous les commerces alentours, la grosse machine fait son chemin dans un XIXème siècle qui enclenche une mutation irréversible – la fin d’une ère.

Et pourtant, c'est un patron, certes sans pitié, mais tout de même humain, qui est à sa tête. Ayant débuté sa fortune grâce à sa femme précédente, morte dans de sombres circonstances, et dont le portrait trône toujours dans son bureau, Mouret bâtit son empire comme un lieu de tous les désirs de ces dames, un lieu de perdition aux salons luxueux. Ainsi, toutes les femmes sont sous sa douce emprise. Denise elle-même est un doux mélange : elle est honnête et sensible, mais elle croit dur comme fer en la raison d'être des grands magasins, et à leur supériorité sur les petits commerces mourants.

Un petit mot pour finir sur l'édition Le livre de poche, qui nous documente énormément à l'aide des pieds de page. Définitions, contexte historique, échos à d'autres oeuvres de la saga - j'ai beaucoup apprécié ces ajouts.

A voir : l'adaptation de la BBC en une série de deux saisons, The Paradise. Une superbe mise en scène, les décors sont somptueux, et les acteurs très bien.

Moi aussi je l'avais bien aimé!

L'Assommoir est je crois mon préféré de la série des R.M. mais c'est vrai qu'il est beaucoup plus sombre!

«À sensations», dans quel sens? J'avoue que mes souvenirs sont un peu flous, je l'ai lu il y a plus de vingt ans!

Ok!

Qu'est-ce que c'était, cette mini-série ? Moi j'ai vu celle de la BBC avant de lire le livre, en fait c'est ce qui m'a donné envie de le lire.

Je ne pense pas lire toute la saga non plus, mais j'en lirai peut-être d'autres.

Je n'ai pas envie de mettre d'étoiles ! Mais je me doutais que quelqu'un viendrait demander. Alors ce sera

Oui je crois me souvenir que tu me l'avais déjà souligné.
J'avais d'ailleurs trouvé sur Internet toute la série libre de droit et gardé en fichier sur DVD pour lecture future. Par contre, je n'y ai pas encore plongé le nez. Ça viendra bien un jour.

Taffy, si on a l'intention de lire toute la série, il est bon effectivement de lire LFDR dans les premiers, mais pour quelqu'un comme *Ça* qui ne va en lire que quelques-uns ce n'est pas nécessaire, surtout que ce n'est pas le meilleur à mon avis.

Perso je les ai lus dans le désordre, au gré des disponibilité à la bibli!