Les Bienveillantes de Jonathan Littell, quatrième de couverture :

« En fait, j'aurais tout aussi bien pu ne pas écrire. Après tout, ce n'est pas une obligation. Depuis la guerre, je suis resté un homme discret ; grâce à Dieu, je n'ai jamais eu besoin, comme certains de mes anciens collègues, d'écrire mes Mémoires à fin de justification, car je n'ai rien à justifier, ni dans un but lucratif, car je gagne assez bien ma vie comme ça. Je ne regrette rien : j'ai fait mon travail, voilà tout... Malgré mes travers, et ils ont été nombreux, je suis resté de ceux qui pensent que les seules choses indispensables à la vie humaine sont l'air, le manger, le boire et l'excrétion, et la recherche de la vérité. Le reste est facultatif. »

Avec cette somme qui s'inscrit aussi bien sous l'égide d'Eschyle que dans la lignée de Vie et destin de Vassili Grossman, Jonathan Littell nous fait revivre les horreurs de la Seconde Guerre mondiale du côté des bourreaux, tout en nous montrant un homme comme rarement on l'avait fait : l'épopée d'un être emporté dans la traversée de lui-même et de l'Histoire.»

En lisant cette brique de 1400 pages, je me suis souvent posé la question à savoir comment un jeune écrivain franco-américain, d’origine juive, presqu’inconnu avait pu écrire un tel livre…et je n’ai toujours pas la réponse. Une chose est sûre il a fait tout un travail de recherche. La description des exécutions des juifs y est décrite d’une manière détaillée, froide et directe. Le narrateur, le Dr. Aue est un officier SS, il est chargé de veiller au bon déroulement des opérations d’élimination sur le front de l’est, il a regard stoïque sur tout ça et on ne sent nulle cruauté de sa part devant ce carnage innommable, comme il le dit lui-même «je n’ai fait que mon travail…» Et l’on suit cet être torturé, bisexuel, incestueux et matricide, à travers la folie et la débâcle nazie, de Stalingrad à Berlin en passant par Auschwitz, il y rencontre des personnages tel que : Himmler, Speer, Bormann, Goebbels, il commet même un méfait grave au dépens d’Hitler dans les dernières heures du troisième Reich. La finale est un peu tirée par les cheveux et le livre est un peu trop long à mon goût, la description des grades et de la hiérarchie de l’armée allemande est un peu déstabilisante et on dirait que l’auteur prend un malin plaisir à nous embrouiller dans ces dédales administratifs où la Shoah devient une entreprise banale voire tout à fait normale, et ces pauvres fonctionnaires, des employés de l’état un peu dépassé par les événements.
C’est un bon livre mais sans plus…je m’attendais à beaucoup mieux. Il y a des longueurs, plusieurs scènes scabreuses, macabres même scatologiques et certaines font littéralement frémir, c’est à la limite du supportable donc, cœurs sensibles s’abstenir !
                                          

Je n'ai pas détesté non plus... mais on dirait qu'en nous décrivant l'organigramme complet de l'armée nazie, le narrateur se lavait les mains devant les horreurs commises.

Oui mais là le personnage avait déjà de graves problèmes qui remontaient à son enfance...

Denis, Les Bienveillantes sont des personnages d'une tragédie grecque dont le roman reprend certains thèmes.

En fait, je crois que c'était justement pour reprendre les thèmes de la tragédie grecque (l'inceste, le matricide, etc).

Oui je sais…mais je n’étais pas sûr, j’ai débarqué à un moment donné! Ça dépassait la tragédie grecque…la scène de la jeune femme enceinte…du bébé naissant…de Moreau et l’onanisme scatologique.
Par contre le Dr. Aue n’aimait pas qu’on maltraite les condamnés même qu’il les aidait parfois…c’était un bourreau humain!

Merci Amenophis !

JM, ce débat nous entrainerait trop loin !

Tu l'as lu il y a longtemps?

Cool...zéro notion du temps, très drôle ça!