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Critiques
 Le forum du Guide - Critiques de livres : Littérature : Critiques
Icône du message Sujet: Je me souviens __ Martin MICHAUD Répondre Nouveau sujet
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* Ça *
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Citer * Ça * Réponsebullet Sujet: Je me souviens __ Martin MICHAUD
    Envoyé : 16 avril 2013 à 10:02



Les éditions Goélette                    
Date de parution : 07 Sep 2012                         
640 pages                              
ISBN : 978-2-89690-417-4




C'est écrit en dos de couverture,
     À Montréal, juste avant Noël, un homme et une femme meurent le cou transpercé par ce qui semble être un instrument de torture sorti tout droit du Moyen Âge. Auparavant, ils ont entendu la voix de Lee Harvey Oswald, l’assassin présumé du président Kennedy. (...)




CRITIQUE



Un troisième livre pour Martin Michaud avec « Je me souviens », que plusieurs reconnaissent déjà comme l’un des meilleurs auteurs de polars québécois, et je dois dire que je suis tout à fait du même avis.


Montréal sous la neige et le froid. À l’approche de Noël tous ne chantent pas le même cantique. Alors que Victor Lessard et sa colorée coéquipière se trouvent confrontés à quelques morts semblant tout droit sortis d’une chambre de torture médiévale, un itinérant psychotique ayant en sa possession les portefeuilles des victimes se suicide. L’homme souffrait de bipolarité et clamait à tout vent avoir été lié au FLQ lors de la crise d’octobre et de l’enlèvement de Pierre Laporte. En cours d’enquête des indices relevés vont même faire lien avec le meurtre de John F. Kennedy.


Encore une fois, forte mise en bouche de la part de l’auteur. Trois romans, trois ouvertures avec une scène forte, qui "punche". Martin Michaud semble en faire sa marque personnelle, et ce n’est pas moi qui vais s’en plaindre. Bien au contraire. J’aime ce type d’ouverture qui te fait saliver et met en appétit. Bien entendu, en autant que ce ne soit pas un pétard mouillé et que la suite ne vienne pas éteindre le brasier qui s’annonce. Mais ici, l’auteur frappe juste et bien.

Alléluia! J’ai retrouvé avec bonheur un Victor Lessard tout requinqué et plus amoureux que jamais. Finit la déprime!
Bah! Peut-être pas tout à fait. Le démon noir du doute n’étant pas toujours très loin. Mais rien n’empêche! Le roman décolle sur les chapeaux de roues et Victor aussi.
L’homme se dévoilant toujours un peu plus, démontre un côté moins sympathique. Monsieur déteste les chiens et les vieilles personnes. J’ai un peu "tiqué", j’avoue. Faute déjà murmurée dans le premier livre, mais clairement soulignée dans celui-ci. L’auteur craignait-il qu’on trouve le personnage trop parfait?
Bien sûr, on reste dans le moule du flic plutôt bon gars avec une vie en dents de scie, mais The show must go on!
Il est plaisant dans ce troisième bouquin de connaître un peu mieux la coéquipière du sergent-détective. Finalement on passe outre la caricature, outre la grosse Taillon trop souvent présentée comme mal dégrossie. Peut-être pas totalement, le personnage étant, mais suffisamment pour découvrir comment est l’être humain derrière l’épaisse carapace. On apprend du même coup ce qui permet à cette femme de garder un certain équilibre.

Martin Michaud a le souci du détail. Ça déferle sous la plume de l’auteur. Tout plein de petits faits et gestes qui comblent bien les angles et l’espace entre les divers personnages. Tout coule de source, la machine est très bien rôdée.
Y’a un détail toutefois qui revient beaucoup trop souvent. Victor et ses Converse. Un mouvement répétitif tel qu’à ce stade, on devrait peut-être parler d’un toc. C’est à se demander si Converse n’est pas commanditaire du livre. En tout cas, c’est un choix possible si jamais le bouquin est pressenti pour un film. * Ironie, ironie!
De bien petits reproches, des broutilles très vite oubliées quand on est aux prises avec une histoire pleine de rebondissements.

Comme dans les deux livres précédents, le rythme du récit bénéficie de courts chapitres qui s’enchaînent rapidement, en souplesse, où l’auteur prend soin de divulguer ses indices donnant une cadence énergique et stimulante. Charpente d’un roman policier conventionnel à première vue, mais l’auteur se tire bien d’affaires en lui insufflant une aura particulière. Son livre le plus québécois. Pas tant par le langage, que par l’atmosphère et la mise en scène. Le livre bénéficie d’un découpage propre. Une idée originale qui donne les couleurs du drapeau québécois à l’histoire policière, le tout tellement bien amené sans lourdeur donne un récit captivant.

Par exemple, quelques lignes :

20 MAI 1980
Référendum
     Je viens de voir René prononcer son discours à la télé, son éternelle cigarette au bec :
               « Si je vous ai bien compris, vous êtes en train de dire : ¨À la prochaine fois.¨ »
     Ça m’a fait sourire qu’il ait utilisé mes propres paroles. Je ne le reverrai pas. J’imagine que je devrais ressentir une certaine émotion face à cette situation ou quant au résultat du vote, mais je ne ressens rien. Qu’est-ce qui a vraiment de l’importance?
Ce que je suis ou l’impression que j’en ai?
Ce qui se passe dans ma vie ou l’idée que je m’en fais?
Je ne suis que du vide, une abstraction. Je ne suis rien de ce que je croyais être.
Je suis sans identité. Un peu comme le Québec aujourd’hui.


Un jour, peut-être, quelqu’un viendra qui pourra lire entre ces lignes et me dire qui je suis.


Qu’elles tiennent le rôle de préambule, de préface, d’avant-propos ou d’avis au lecteur, toutes servent à introduire l’Histoire dans une histoire. Toutes parfaitement représentatives d’une fiction étayée de bribes d’histoire.


« Je me souviens » est moins littéraire que le second roman de l’auteur, mais à mon avis mieux balancé pour un polar. Une bonne histoire, un beau texte, une excellente intrigue, une présentation originale, où s’intercalent aisément quelques belles envolées qui s’y coulent sans casser le rythme, ni défigurer le genre littéraire. Martin Michaud a trouvé le bon dosage pour apporter une belle qualité au texte tout en respectant l’essence même du récit.. Une petite perle de bonheur, le rappel d’un personnage créé par John Steinbeck.


Et bien voilà une intrigue bien ficelée et parfaitement amenée sous la plume de Martin Michaud.   Son meilleur livre à ce jour.
Auteur à connaître et à suivre, je vous le dis !


           
            







*** Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire, j'ai la certitude d'être encore heureux _ J.Renard

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denis76
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Citer denis76 Réponsebullet Envoyé : 16 avril 2013 à 12:04
Aucun rapport avec la devise du Québec ?
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* Ça *
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Citer * Ça * Réponsebullet Envoyé : 16 avril 2013 à 12:30


Oui, étant donné que chaque chapitre est amené par un fait politique de l'Histoire du Québec, mais le récit en lui-même n'a pas véritablement à voir avec la politique.
Seul le fait qu'un personnage voit des liens avec son histoire personnelle. Le tout ne servant que d'amorce au chapitre qui suit.














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