La Voleuse de livres
Auteur Markus Zusak
Oh! Éditions,
Coll., pocket #13441,
mars 2008, 634 pages,
Traduit de l’anglais (Australie) par Marie-France Girod,
I.S.B.N. 978-2-266-17596-8



Une histoire peu banale que celle de cette fillette vivant dans une petite ville d’Allemagne au cours de la Seconde Guerre mondiale, avec en toile de fond Dachau. Le nazisme vu et vécu par le peuple allemand, à travers les yeux de Liesel une gamine au destin tragique, forte de son innocence, de ses convictions et de l’amour de ses parents adoptifs.

L’approche un peu déconcertante du livre m’a tout d’abord déroutée, mais il ne faut surtout pas s’arrêter à cette première impression. Si le style particulier du début peut faire hésiter le lecteur, la suite met bien vite de côté cet effet, et installe les balises du récit qui ne feront jamais défaut. Ce livre d’une beauté et d’un style remarquable, bouillonne d’émotions et de sensibilité.
Tout est dans ce livre. Toutes les émotions humaines.
               Toutes les affections. Toutes les amitiés.
                    Toutes les tendresses. Toutes les douleurs.
                         Toutes les leçons. Tous les renoncements.
                              Toutes les pertes. Et l’espoir survit.

L’histoire prend son envolée dès que la narratrice un peu spéciale prend place. De bon ton, jamais lourd, avec parfois un brin d’humour noir et toujours avec classe, la Mort sans faux, ni faucille précise-t-elle, fait ici une accompagnatrice hors pair.
Extrait p.137 La Mort se confie :
     << Parfois, ça me tue, la façon dont les gens meurent. >>

Conte ou fable, pour jeunes et adultes, ce petit bouquin emporte le lecteur pour lui dévoiler l’envers peu montré d’un décor souvent dénoncé. Le lecteur devient voyeur et témoin, de la laideur et de la beauté de la vie.
Extrait p. 165
     << Une visite guidée de la souffrance.
          À votre gauche
     ou peut-être à votre droite, ou qui sait, droit devant,
     vous trouverez une petite pièce obscure.
          Un juif y est assis.
          Il meurt de faim.
                Il a peur.
     S’il-vous-plaît, essayez de ne pas détourner le regard. >>

Livre marquant. Un livre qui parle de livre. Ce genre de bouquin qu’on peut lire plus d’une fois et qui nous touche toujours autant. Du genre qu’on n’oublie pas. Jamais.
Un livre à lire sans faute. Une grâce que je souhaite à tous.

Merci Grominou. Mais, faut dire que c'est un livre exceptionnel. Plus facile d'en parler.
Merci à toi de me l'avoir fait connaître.

belle critique, Martine !

De rien, Martine : j'adore poser des critiques sur les livres !

Parfois il y a un livre qui nous touche immensément et qu'on ne voudrait jamais oublier; en voici un. C'est du grand Art que de pouvoir aborder un sujet aussi délicat à travers un récit simple peuplé de personnages si colorés et attachants. Le ton adopté par cette narratrice de Mort contribue grandement au plaisir de la lecture, de même que cette déroutante structure qui consiste à annoncer les faits en tête de chapitre. L'interpellation intermittente du lecteur fonctionne ici à merveille, ce qui est rarement le cas. Faire ressentir et comprendre ces drames humains par le biais du cheminement de cette préado atypique dénote un talent fou chez cet auteur dont j'ignorais l'existence. C'est en refermant ce genre de livre que j'ai le sourire aux lèvres.