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 Le forum du Guide - Critiques de livres : Littérature : Critiques
Icône du message Sujet: La rivière noire, d'Arnaldur Indridason Répondre Nouveau sujet
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Shamash
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Depuis le: 11 février 2011 Status actuel: Inactif
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Citer Shamash Réponsebullet Sujet: La rivière noire, d'Arnaldur Indridason
    Envoyé : 06 mars 2011 à 07:12


Présentation de l'éditeur

Dans un appartement à proximité du centre de la ville, un jeune homme gît, mort, dans un bain de sang sans qu’il y ait le moindre signe d’effraction ou de lutte. Aucune arme du crime, rien que cette entaille en travers de la gorge de la victime, entaille que le médecin légiste qualifie de douce, presque féminine. Dans la poche de Runolfur, des cachets de Rohypnol, médicament également
connu sous le nom de drogue du viol… Il semblerait que Runolfur ait violé une femme et que celle-ci se soit ensuite vengée de son agresseur. Un châle pourpre trouvé sous le lit dégage un parfum puissant et inhabituel d’épices, qui va mettre Elinborg, l’inspectrice, amateur de bonne cuisine, sur la piste d’une jeune femme. Mais celle-ci ne se souvient de rien, et bien qu’elle soit persuadée d’avoir commis ce meurtre rien ne permet vraiment de le prouver. La fiole de narcotiques trouvée parmi d’autres indices oriente les inspecteurs vers des violences secrètes et des sévices psychologiques. En l’absence du commissaire Erlendur, parti en vacances, toute l’équipe va s’employer à comprendre le fonctionnement de la violence sexuelle, de la souffrance devant des injustices qui ne seront jamais entièrement réparées, et découvrir la rivière noire qui coule au fond de chacun.


300 pages
Editeur : Editions Métailié (3 février 2011)
Collection : Bibliothèque nordique
Prix : 19 €

Mon avis sur le livre


Sans y avoir mis les pieds, j’ai toujours eu un faible pour l’Islande. Ça doit remonter aux temps lointains de ma lecture de Voyage au centre de la Terre, quand les héros de Jules Verne, arrivant au pied du volcan Sneffels, se préparent à y pénétrer pour explorer un monde inconnu au cœur de notre planète. Il était donc normal qu’Arnaldur Indridason, son pays de volcans et de glaciers et ses polars parfaitement fabriqués bénéficient d’un préjugé favorable de ma part. Et c’est heureux, car au fil de la lecture de « La rivière noire », l’aperçu que l’auteur nous donne de la cuisine islandaise traditionnelle, avec son cortège de poisson faisandé à la graisse de mouton fondue, a de quoi faire frémir d’horreur le plus inconditionnel admirateur de ce pays si contrasté !
Mais foin des préjugés culinaires, je reviens au polar qui, lui, est loin d’être faisandé.

Il n’y a jamais de déception avec Indridason. C’est un auteur solide, qui sait construire une histoire et la raconter sans temps mort. Il travaille ses personnages principaux ou secondaires pour les rendre crédibles et intéressants, ses dialogues sont vifs, enlevés, précis. De plus, la façon dont les enquêteurs s’approchent au plus près de la vérité psychologique des personnages, jusqu’au dénouement final, est un modèle du genre. Seuls les plus grands arrivent à une telle maîtrise. Depuis ses débuts dans le polar en 1997, Arnaldur Indridason s’est hissé au niveau de Connelly et Mankell. Comme eux il est   capable de parsemer ses intrigues d’indices subtils, puis de les décortiquer avec habileté et sagacité pour le plus grand plaisir du lecteur. Dans ce nouveau roman, c’est Elinborg, l’adjointe d’Erlandur, qui est au premier plan. Celui-ci, parti en vacances dans les fjords de l’Est de l’Islande, ne donne aucune nouvelle à son équipe. Elinborg est donc chargée d’élucider un meurtre : un certain Runolfur, retrouvé à son domicile la gorge tranchée, avec dans sa poche des cachets de Rohypnol, la « drogue du violeur ».

Le fait de mettre une femme au cœur de l’histoire était un défi intéressant à relever pour Indridason. Ses lecteurs connaissent déjà Elinborg, qui apparaissait dans les enquêtes précédentes. Elle est une mère de famille ordinaire, qui a des problèmes, des plaisirs et des joies, une femme qui aurait voulu être géologue et s’est finalement retrouvée flic dans la criminelle sans jamais le regretter.
Comme il le faisait pour le personnage d’Erlandur, l’auteur va, au fil des pages, nous faire pénétrer dans sa vie, ses habitudes, nous la montrer sous un jour nouveau. Des observations sur ses relations avec son mari Teddi et ses quatre enfants parcourent le livre et permettent au lecteur de s’évader agréablement des aspects parfois techniques de l’enquête. Beaucoup de lectrices (ou de lecteurs) se reconnaîtront dans les rapports tendus qu’elle entretient avec son adolescent de fils, Valthor, toujours fourré sur Internet où il a créé un blog sur lequel il donne ses sentiments sur les membres de sa famille, au grand dam de sa mère et de sa jeune sœur Theodora.
Sans porter de jugement, Indridason nous fait découvrir une femme qui ne doute pas d’elle-même, se remet rarement en question, considère que si quelque chose se passe mal avec ses proches, la raison doit être avant tout cherchée chez les autres et non chez elle. Elinborg est passionnée de cuisine, et en particulier de cuisine orientale et des épices qui accompagnent celle-ci. Elle a publié sur ce sujet un livre qui a obtenu un certain succès, et son enquête va lui permettre d’utiliser ses compétences culinaires : un parfum de Tandoori qui imprègne un châle trouvé à proximité du corps, va être un des indices qui lui permettra de faire progresser l’enquête.

Elinborg creuse dans le passé de Runolfur, probable violeur et possible victime d’une vengeance. La personnalité de ce dernier est difficile à saisir d’emblée. Ses collègues de travail, ses connaissances, le présentent comme un homme avenant, sympathique et charmeur. Une partie du travail d’Elinborg consistera à rencontrer sa mère et ses rares amis d’enfance, à regarder au-delà des apparences et ce mécanisme mis en route par Indridason, avec son cortège de personnages scrutés par l'enquêtrice, fait penser aux meilleurs Simenon. Elinborg va se plonger dans tous ces témoignages et rencontrer aussi des jeunes femmes violées et leur famille. Ses observations constituent le cœur du roman puisque les indices qu’elle relève forment une spirale qui l’amène méthodiquement vers le centre, le lieu qui constitue la solution de l’énigme : le passé trouble de Runolfur. La mort de celui-ci pourrait-elle avoir un rapport avec la disparition d’une jeune lycéenne,   Lilja, quelques années plus tôt ? Comme dans la « vraie vie » où le succès n’est pas toujours au rendez-vous, Elinborg va pressentir la vérité sur la disparition de Lijla sans jamais pouvoir l’atteindre. Son enquête ne sera donc résolue qu’à moitié, et les détails seront essentiels dans la résolution. C’est l’odeur de tandoori qui la met sur la piste de la jeune femme violée par Ronolfur la nuit de son assassinat. C’est une odeur de cambouis ou d’huile de vidange flottant sur les vêtements de son mécanicien de mari qui va aussi lui permettre de comprendre ce qui s’est passé cette nuit-là.

Le mécanisme mit en place par l’auteur est implacable, impeccable. Il n’y a pas dans ce roman le grain de folie que l’on peut trouver chez une Fred Vargas ou l’humour caustique d’un Harlan Coben, mais tout s’articule parfaitement, le mécanisme de résolution de l’enquête est aussi bien huilé que les personnages sont cohérents et finement observés.

Au final, « La rivière noire » est un excellent polar, écrit par un artisan de l’écriture talentueux. Le   succès d’Arnaldur Indidason, qui se confirme au fil de ses romans, n’est pas un phénomène lié à la mode des polars nordiques, il est amplement mérité.

J'ai pris un cours de lecture rapide et j'ai pu lire "Guerre et Paix" en vingt minutes : ça parle de la Russie. (Woody Allen) lectures et chroniques
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Citer * Ça * Réponsebullet Envoyé : 11 mars 2011 à 07:07
Bravo! Comme d'habitude, excellente critique Shamash.

Quelle couverture ce livre! Une bonne main pour l'Éditeur.
Ce livre vient à peine de sortir en librairie au Québec. À ma dernière visite, il n'était pas encore sur les tablettes. Ce qui est un peu triste pour cette magnifique ligne de livres, c'est le coût assez élevé par ici. Au moins le double d'un polar français. Étant donné tes commentaires et d'après les premiers que j'ai lu, la plume d'Indridason vaut la peine tout de même.
C'est du noir comme j'aime bien. Peut-être pas une nouveauté cette vue sur le côté sombre d'une société, d'un peuple et d'un personnage principal un peu tiraillé, avec ses défauts et ses incertitudes. Mais c'est un genre qui me plaît.
J'ai par contre bien de la difficulté à suivre les nouveautés. Après avoir lu "La Cité des Jarres" et "La femme en vert", j'ai acheté le troisième, "La Voix", que je n'ai pas encore lu. Et ce dernier qui est le septième à paraître chez Métaillé. Je suis encore loin du compte.

Je trouve drôle un peu la comparaison entre la plume de Vargas et Coben avec celle d'Indridason. J'ai peu de lu sur Vargas, mais je n'ai pas vu moi ce grain de folie dont tu parles. Personnellement, je trouve ces écrits un peu plats et pour Corben que je n'ai pas lu encore à ce jour...mais il me semble avoir compris qu'il faisait plus dans le thriller que dans le polar?! Et assez convenus. Il garde sa ligne à succès sans en déroger jamais?!




*** Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire, j'ai la certitude d'être encore heureux _ J.Renard

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Citer Shamash Réponsebullet Envoyé : 11 mars 2011 à 22:38
Message posté par * Ça *



Je trouve drôle un peu la comparaison entre la plume de Vargas et Coben avec celle d'Indridason. J'ai peu de lu sur Vargas, mais je n'ai pas vu moi ce grain de folie dont tu parles. Personnellement, je trouve ces écrits un peu plats et pour Corben que je n'ai pas lu encore à ce jour...mais il me semble avoir compris qu'il faisait plus dans le thriller que dans le polar?! Et assez convenus. Il garde sa ligne à succès sans en déroger jamais?!



Vargas ne recherche pas du tout le réalisme dans les situations et les personnages, contrairement à Indridason et à beaucoup d’auteurs nordiques. Au contraire, elle cherche constamment à surprendre le lecteur par des situations et des personnages improbables. Je pense par exemple à son roman « dans les bois éternels », dans lequel il y a des scènes vraiment surréalistes, comme le flic qui parle pendant tout le roman en alexandrins, ou des situations hallucinantes que rencontre Adamsberg dans son enquête et qu’on n’imagine pas dans la « vraie vie »… mais tout ça fonctionne bien grâce au talent de Vargas.
Les deux choix (le réalisme et son contraire) peuvent fonctionner si l’auteur a du talent. Le tempérament (la culture ?) d’Indridason le pousse clairement vers le réalisme.
Pour Coben, c’est autre chose. Tu as raison, il fait plus dans le thriller que dans le polar, mais il y a toujours dans ses romans un côté « enquête » qui reste primordial et qui est une des clés du suspense. Mais ce que je voulais dire surtout, c’est que son personnage de Simon Bolitar est bourré d’humour et d’autodérision (on peut y être sensible ou non, c’est autre chose, moi j’aime bien). On ne peut pas dire que l’humour soit une caractéristique du personnage d’Erlandur ni même d’Indridason (en tout cas ça n’apparaît pas dans ses romans). Mais ça ne m’empêche pas de l’apprécier pour d’autres qualités.
Sinon, tu parles de son roman « La voix », c’est le roman d’Indridason que j’ai le moins aimé (j’en parlerai sans doute d’une façon plus détaillée bientôt), mais il reste tout de même un très bon polar.
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Citer * Ça * Réponsebullet Envoyé : 14 mars 2011 à 12:07
Je comprends mieux ta comparaison. Comme je disais, j'ai peu lu Vargas. Si je me rappelle bien, j'en ai 2 au plus 3 de lu dans ces plus anciens. Je suis loin d'être à jour et pourtant le polar noir est mon genre littéraire de prédilection. J'ai saisi également pour Coben.
Pour le personnage d'Erlendur de type plutôt morose en cela il rappelle le Wallender de Mankell. Chez Vargas, son inspecteur Adamsberg lui me fait penser à Laviolette de Pierre Magnan.

Je voulais préciser pour toi et tous nos amis d'Europe, l'utilisation du terme "drôle" que j'ai utilisé dans mon précédent message. Bien entendu je ne voulais pas rire de ton avis ni laisser croire que je trouvais ça risible ou comique. J'ai écrit tout simplement une expression québécoise sans penser sur le coup que ça pourrait porter à confusion et si ce fut le cas, je m'en excuse sincèrement. Je trouve drôle dans le cas présent, veut dire que je ne comprends pas,ne saisis pas, ou ne suis pas le raisonnement ou l'avis donné. "Je trouve drôle', se veut exactement ça, un questionnement enfin de compte.
Maintenant que c'est précisé, je me sens mieux.



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Citer Shamash Réponsebullet Envoyé : 14 mars 2011 à 15:13
Message posté par * Ça *


Je voulais préciser pour toi et tous nos amis d'Europe, l'utilisation du terme "drôle" que j'ai utilisé dans mon précédent message. Bien entendu je ne voulais pas rire de ton avis ni laisser croire que je trouvais ça risible ou comique. J'ai écrit tout simplement une expression québécoise sans penser sur le coup que ça pourrait porter à confusion et si ce fut le cas, je m'en excuse sincèrement. Je trouve drôle dans le cas présent, veut dire que je ne comprends pas,ne saisis pas, ou ne suis pas le raisonnement ou l'avis donné. "Je trouve drôle', se veut exactement ça, un questionnement enfin de compte.
Maintenant que c'est précisé, je me sens mieux.


Mais tu n'as pas à t'excuser ! D'autant plus que dans ma région (les Cévennes) cette expression est utilisée avec le même sens que chez toi, quelque chose comme "c'est curieux, c'est étrange". J'avais donc bien compris ce que tu voulais dire.
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Citer * Ça * Réponsebullet Envoyé : 14 mars 2011 à 15:58


J'en suis bien contente!

En fille curieuse que je suis...partie voir où ça se trouve la région des Cévennes en France. J'adore voir du pays par personne interposée.

Bonne soirée!


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Citer Shamash Réponsebullet Envoyé : 14 mars 2011 à 23:51
Message posté par * Ça *



En fille curieuse que je suis...partie voir où ça se trouve la région des Cévennes en France. J'adore voir du pays par personne interposée.


Pour compléter ta visite, quelques photos ici (qui ne sont pas de moi). C'est un coin peu habité et assez méconnu, même des français.
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Citer carine83 Réponsebullet Envoyé : 03 avril 2011 à 10:17
Merci beaucoup pour ta critique de ce dernier livre d'Indridason, je ne l'ai pas encore lu mais il est sur mon étagère, en attente. J'ai adoré les précédents alors je suis sure que j'aimerai celui là
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Citer denis76 Réponsebullet Envoyé : 20 avril 2011 à 03:38
Tres interessant échange de vues !

Les Cévennes (que je ne connais pas)sont magnifiques, merci !

Quant a Vargas et Coben, ils ne m'attirent pas... Je trouve Vargas "plat", comme le dit CA. J'ignore pourquoi je n'aime pas Coben, qui a pourtant du succes.
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