LA VILLE DE GLACE
Éditeur Grasset, février 2000
Collection Grand Format
Genre Thriller (classement personnel -» polar noir)
Traduit de l’américain par Richard Crevier
455 pages
ISBN 2.246.59021.3


Résumé
Montréal au cœur de l’hiver. Escalade de violence dans les rues de la ville. Les attentats à la bombe semblent être au goût du jour. Les gangs motorisés criminels sont aux premières loges. On les voit s’afficher ouvertement un peu partout. Avec eux, un personnage inquiétant et insaisissable. Émile Cinq-Mars inspecteur à la police de Montréal est déterminé à faire sa propre enquête parallèlement au groupe spécial « Carcajou». D’autant que certains crimes paraissent lui être directement adressés. Comme une carte de visite.


Extrait p.31
« " Vous ne suivez pas les procédures, Émile ", lui fit remarquer Mathers d'un ton critique mais avec le sourire.
Cinq-Mars souffla entre ses lèvres d'une manière qui signifiait qu'il se fichait du règlement. " Allons-y."
Ils quittèrent le hall d'entrée de l'immeuble et remontèrent lentement la rue en direction du meublé où leur proie avait disparu.
" Tu entres le premier ", ordonna Cinq-Mars. C'est lui qui souriait à présent.
" Pourquoi souriez-vous? "
" Maintenant tu sais pourquoi je voulais un Anglais comme coéquipier ? "
" Je le sais ? "
" Si quelqu'un doit recevoir une balle pour moi, autant que ce soit un Anglais."
Mathers lui rendit son sourire. " Je me doutais que ça devait être quelque chose comme ça ", répondit-il en français. »


Commentaire
La ville de glace c'est Montréal. L'auteur est canadien anglais et résident de Montréal depuis des années. L'édition originale écrite en anglais fut éditée à l'origine aux USA. La version française comme habituellement fut produite en France, ce qui a donné une couleur très française à certaines expressions du texte, légèrement incongrues pour une histoire se déroulant dans la métropole québécoise. D’autant, pour une histoire de flic et de "bikers". Assez déroutant mais on arrive à passer outre. Ça m'a pris un moment avant d'être vraiment captivée par l'histoire malgré le sujet. Je ne suis pas séduite par la plume mais intéressée par le récit. Une fiction ayant pour toile de fond et raison d’être, la guerre des motards qui fit des victimes innocentes dans les années quatre-vingt-dix. Une guerre ouverte en 1994 entre les Hell's Angels et les Rock Machines, deux bandes de motards qui se disputaient le marché de la drogue de Montréal. Multiples attentats à la bombe et règlements de compte se succèderont au fil des mois. D'ailleurs le livre est dédié à la Mémoire du jeune Daniel Desrochers, victime d’une bombe posée par un motard en 95.
Une belle présence de la ville. On sent réellement Montréal à travers la plume de l’auteur. Autant le beau que ces facettes plus désolantes.
Je n’ai pas aimé le personnage d’Émile Cinq-Mars inspecteur atypique que j’ai trouvé profondément antipathique. J’ai par contre sourit à certains dialogues qui ont servi à l’auteur pour souligner l’espèce de froid qui persiste entre les gens des deux langues officielles de la province. Les deux solitudes sont finement amenées et soulignées en filigrane. J’ai eu nettement l’impression que l’auteur essayait de démontrer la crainte qui habitait certains anglophones de se croire persécutés et de devoir s’expatrier au Canada anglais. Aujourd’hui, thème légèrement suranné.

En résumé, un polar intéressant principalement pour l’ambiance du récit et le plaisir de voir à travers d’autres yeux les extrêmes qui composent la métropole.


J'hésite pour la notation.
Mon premier réflexe, je donnerais , mais je me laisse influencer par l'impression générale des commentaires lus ici et là sur le web et donne une chance pour le suivant, " Le lac de glace ".
D'autant plus que le troisième " Train d'enfer " est paru tout récemment et que je suis très curieuse de le lire. Pas avant le second par contre.