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Tonino Benacquista, l'auteur
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Benacquista, Tonino
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Amusant comment un auteur local (la Noire) est projeté dans le pseudo
global (la Blanche), comme on lui offrirait une récompense, un
aboutissement, ou encore, finalement, LA reconnaissance. Et comment,
finalement, il s'y noie dans l'anodin et la littérature conformisée.
Ce n'est pas pour le blâmer, vous vous en doutez, je l'aime beaucoup
Tonino. Et même mieux, je le respecte et l'estime.
Mais justement qui aime bien charrie bien.
Rendons-lui la liberté de la Noire. Signons des pétitions, coltinons-
nous des cons, libérons-le de devoir plaire aux lectrices de Elle, à
Jean d'Ormesson, aux marchands de soupe et de n'importe quoi. Rendons-
le à l'anonymat. (Que va en faire de Caune, déconne pas Antoine comme
dans les morsures que tu adaptes, il y a un prisonnier mais ne le
libère pas pour l'envoyer chez Drucker et vendre son nom sur TF1 et les
autres rats (dégoût!)).
Que devient un auteur quand on décide qu'il devra être lu par tout le
monde?
Commentaires:
J'ai commencé par Trois carrés rouges sur fond noir. C'était un après-
midi de début septembre 1994. J'avais fui Paris, la rentrée, le monde,
les voitures partout, les autres. J'étais arrivé à Grimaud de nuit,
j'avais beaucoup dormi.
Le lendemain je m'en fus à la plage, pensant y retrouver ce que j'étais
venu y chercher. La chaleur, la sensation que l'été n'est pas encore
fini, qu'il existe toujours quelque part, qu'il suffit de chercher et
de se bouger un peu, qu'on peut toujours le rattraper. Las, le ciel
était plombé de gris, le mur écumait sa rage de voir ses amis la
quitter un à un pour des cieux encore plus gris. La plage était presque
déserte et si la sublime Ève tenait toujours la cabane bambou, elle y
arrivait ce matin avec un bras d'homme lourdement enroulé autour de
son cou.
Je m'éloignais un peu, il ne me restait que les livres de ce type que
ma propre copine avait collés dans mon sac avec un simple «Tu liras, tu
verras.» Et l'après-midi est passé. Des gens ont bien dû partager un
peu mon espace mais je ne les ai pas vus, du tout. On était que début
septembre après tout, il y a bien dû y avoir du monde, des jolies
filles dans mon environnement. Mais je n'ai rien vu, n'ai même pas dû
me baigner. Ai-je seulement levé la tête une fois?
Ce que je sais, c'est que je ne sais si je suis resté sur la plage. Mon
corps peut-être. J'en ai été absent trois-quatre heures le temps de
refermer le livre et de retrouver ce qui m'entourait. Une parenthèse
qui me replongeait dans la ville que je venais de quitter, et où je
m'engloutissait avec avidité, non pas la mienne, c'est le livre qui m'a
avalé. Il n'y avait plus personne sur toute la plage (ou peut être très
loin) et toute lumière avait presque disparue.
J'ai examiné la couverture des morsures de l'aube qui avait aussi fait
le voyage, et ai pensé à la nuit qui m'attendait.
Elle fut lumineuse et sombre comme Tonino l'avait voulue.
Je me demande vraiment ce que va en faire Antoine.
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Axel Oursivi
(première critique)
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Genre : Auteurs
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| | Date :
avant 2001
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