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Sylvia au bout du rouleau ivre
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Mistral, Christian
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Est-ce que Christian Mistral est un écrivain russe? Bonne question. Il faudrait le lui demander. D'abord, l'alcool occupe une place prépondérante dans son oeuvre, ce qui rend ivre, bien sûr, mais cela n'empêche pas n'importe quel Russe d'être Russe. Cela n'empêche pas Mistral d'être Mistral. Ou Max Cockrell d'être l'autre dont Rimbaud disait qu'il était je. «Je est un autre.» Et Max Cockrell aussi, c'est un autre, et même que c'est le personnage principal du roman Sylvia au bout du rouleau ivre. Cockrell me fait d'emblée penser au Henri Chinaski de Charles Bukowski, un double confortable pour l'écrivain qui ne tient pas à passer pour un ivrogne ou bien un drogué. Il est rusé Mistral. Vous n'en avez aucune idée.
Max Cockrell est un héros de notre temps. Il est de retour à Montréal pour l'enterrement de son père et il déchoit des premières pages aux dernières, comme un personnage de la littérature russe pré-révolutionnaire. Il se saoule. Il se dope. Il va en prison. Il se resaoule. Il se redope. Et il croit que sa vie est inutile, en quelque sorte, que tout est vain, futile, dénué de sens.
(...)
Mistral a écrit ce roman entre le 24 février et le 26 mars 1985. Vous vous souvenez de cette époque? Moi aussi. Et j'aimerais mieux l'oublier.
C'était les années Reagan. Chez les jeunes, on affichait le look faussement appelé «rebelle», avec des imprimés du drapeau américain sur les jeans et les chemises, ou bien le look «straight plate BCBG» des young urban professionals, des yuppies quoi.
Entre les deux, pris en serre, il y avait la racaille, la bohème, la marge, les punks, les clodos, les junkies, les aborigènes. Et, croyez-moi, il n'y avait que parmi eux qu'on pouvait respirer à l'aise à cette époque, comme si l'esprit souffrait d'asphyxie. Comme si l'intellect était ramené vers le plus bas dénominateur commun.
Ce qui fait que Sylvia au bout du rouleau ivre, une des premières œuvres de Christian Mistral, est toujours d'actualité.
«Si Evil Knievel était entré pour nous offrir de traverser à moto le Niagara sur un fil, nous nous serions tous disputés le privilège de passer en premier. Pour l'expérience. À moins que je ne comprenne rien à rien et que chacun ne cherche au fond, dans le sordide chaos de son existence, que la paix et le repos des sens.»
C'est à la page 95 de ma vieille édition XYZ.
Max Cokrell est un anti-héros de notre temps. Lermontov ne l'aurait pas renié.
Sylvia au bout du rouleau ivre a été republié récemment aux éditions Boréal.
Mil neuf cent quatre-vingt-cinq... Brrr.... Chapeau, Mistral.
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Gaétan Bouchard
(première critique)
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Genre : Fiction
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| | Date :
11/1/2008
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Sylvia au bout du rouleau ivre
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Mistral, Christian
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Ce court roman avait été publié, dans une première version, dans des revues littéraires à la fin des années 1980 et, ensuite, dans sa version finale, éditée en 2002. Donc, ce roman précède tous les autres romans mistraliens.
L'auteur nous propose un voyage à Montréal, un retour à sa ville natale pour Max Cockrell, le personnage principal. Celui-ci vit depuis quelques années à New-York et revient à Montréal pour les funérailles de son père. L'occasion lui paraît aussi incontournable pour retrouver Sylvia, son épouse, qu'il avait quittée avec un bébé sur les bras.
L'auteur maîtrise bien la langue française et la fait chanter sous sa plume. Malheureusement, le langage gras et la déchéance de ses personnages font souvent ombrage à cette plume remarquable. Cette lecture représente pour moi une tentative de réconciliation avec Mistral, que j'avais rencontré et lu au Collège. Reste à voir si je retenterai l'expérience avec un autre roman!
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Dytal
(516 critiques, cliquez pour les voir)
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Genre : Fiction
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Édition : Boréal compact, 126 p.
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| | Date :
3/1/2007
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Livre(s) de Christian Mistral critiqué(s) sur le Guide
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