Ludmila Oulitskaïa brosse le portrait d'une femme qui s'oublie totalement pour permettre aux autres d'être. Se trouver heureuse d'être la servante d'autrui me semble le comble du mépris de soi-même. Il faut dire que l'auteure nous plonge dans la Russie des années 30.
L'héroïne pousse tellement loin son esclavage qu'elle s'accommode même sous son toit de l'infidélité de son mari, un peintre reconnu. Après sa mort, elle s'occupera en plus de son amante afin qu'elle puisse regagner sa Pologne natale. Sonietchka a vraiment mené une vie triste et meurt finalement dans un hospice, abandonnée de sa fille, partie avec son fiancé sans laisser d'adresse. Il faut dire que la femme moderne ne connaît pas toujours un meilleur sort. Il s'agit de lire Un lieu approprié de Lise Bissonnette pour s'en rendre compte.
Grâce à la simplicité de son écriture, l'auteure a suscité ma curiosité pour cette femme qui n'est sûrement pas le modèle recherché par la jeune femme occidentale. Ce roman reste quand même un beau portrait de ce que fut la femme dans un temps pas si lointain et de ce que fut la vie des peintres dans la Russie de Staline.