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DeLillo, Don
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Une journée dans la vie d'un homme d'affaires, celle d'Eric Michael Packer, un yuppie, jeune premier dans la réussite, parti d'une petite start-up, parvenu en haut de l'échelle. Comme dans une boîte à musique renfermant une entière partition, Don Delillo a concentré en quelques heures l'existence d'un homme et, au-delà de sa marionnette, un monde cosmopolite, vibrant aux rythmes des frénésies new-yorkaises. Cosmopolis est d'abord une œuvre sur la réussite entrepreneuriale, sur l'univers de la finance brossé au scalpel. Où se mêlent les limousines blindées, les bureaux gavant les buildings, les tours de banques, les appareils de régulation d'air, les agents de sécurité et les gardes du corps, les meurtres... J'ai trouvé ce livre chiant à mourir. Mais il se peut, là aussi, que mon cerveau n'ait pas été capable d'en saisir toutes les subtilités. On peut pas tout demander à une cacahuète, hein.
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Véro
(35 critiques, cliquez pour les voir)
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Genre : Fiction
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7/1/2004
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DeLillo, Don
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« Est-ce qu'on tire encore sur les présidents? Je croyais qu'il y avait des cibles plus stimulantes. » Par ces deux phrases qui se trouvent au début du roman, on a une annonce de ce que réserve Cosmopolist. Qui sont les vrais hommes de pouvoir? Qu'est-ce qui pousse les hommes à agir?
Le personnage principal, Eric Packer, fait partie des nouveaux héros américains, les géants de la finance, homme froid et égocentrique. Bien que la circulation de New York soit fortement ralentie, voire bloquée, par deux grands événements (la visite du président des États-Unis et l'enterrement d'un rappeur cardiaque), Eric a décidé en se levant de se faire couper les cheveux à l'autre bout de New York, dans le quartier de son enfance, par le coiffeur qui s'occupait de son père!
Eric est un personnage ambigu qui croit avoir la force et le pouvoir grâce à sa fortune et qui cependant se révèle être encore un petit garçon nostalgique de son enfance. Sa jeune épouse est l'autre part sombre de sa vie privée. Il la connaît à peine!
Au cours de sa traversée qui lui prendra la journée, Eric a le temps de contempler tout ce qui fait le visage d'une ville cosmopolite : les restaurants africains, les smurfeurs de la rue, les manifestants, les joggers hi-tech, les femmes, les banques, les hôtels de luxe, les jeunes désoeuvrés dans la rue, etc.
Ce roman est un constat amer du formidable modèle de réussite américain.
Extrait (pages 184 et 185) :
Il y avait trois cents personnes nues étalées dans la rue. Elles couvraient tout le carrefour, étendues dans des positions improvisées, certains corps en recouvrant d'autres, certains autres aplatis, laminés, foetaux, avec des enfants parmi eux. Personne ne bougeait, personne n'avait les yeux ouverts. Tomber sur pareille vision , une cité de chair stupéfiée, la nudité, les lumières crues; tant de corps sans protection et difficiles à concevoir dans un lieu de circulation humaine ordinaire.
Il y avait un contexte, bien sûr. Quelqu'un tournait un film. Mais ce n'était qu'un cadre de référence. Les corps étaient des faits bruts, nus ainsi, dans la rue. Leur force n'appartenait qu'à eux, indépendante des circonstances qui déterminaient l'événement. Mais c'était une force étrange, pensait-il, car il y avait dans cette scène quelque chose de triste et de timide, d'un peu réservé. Une femme toussa, sa tête fut secouée et se genou se tendit. Il ne se demandait pas s'ils étaient censés être morts ou juste inconscients. Il les trouvait à la fois tristes et hardis, et plus nus que jamais de leur vie.
Des techniciens circulaient parmi le groupe avec des posemètres, enjambant précautionneusement les têtes et les jambes éparses, récitant des chiffres dans la nuit, et une femme munie d'une ardoise se tenait prête à noter la scène et la prise. Eric alla jusqu'à l'angle et se glissa entre deux planches tordues qui barricadaient le trottoir. Il s'arrêta à l'intérieur du cadre en contreplaqué, respirant le mortier et la poussière, et ôta ses vêtements. Il lui fallut un moment pour se rappeler pourquoi il avait au ventre cette sensation de brûlure. C'est là qu'il avait été atteint par le pistolet hypodermique, et comme elle était belle sous les sunlights, sa garde du corps en gilet pare-balles. Il sentait persister à mi-bite un reste de picotement de la vodka qu'elle y avait versée.
Il enroula son pantalon bien serré autour du revolver et laissa tous ses vêtements sur le trottoir. Il se dirigea à tâtons dans l'obscurité, contournant l'angle et appuyant son épaule contre une planche jusqu'à ce qu'il puisse voir un rai de lumière. Il poussa lentement, il entendait la planche crisser sur l'asphalte, et puis il se coula autour du panneau en contreplaqué et sortit dans la rue. Il fit dix pas minuscules atteignant les limites de l'intersection et la frontière de corps affalés.
Il s'allongea parmi eux. Il sentait la texture des chewing-gums écrasés par des décennies de circulation automobile. Il humait les vapeurs du sol, les fuites d'huile et les dérapages caoutchouteux, les étés de goudron chaud.
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Christelle Divry
(832 critiques, cliquez pour les voir)
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Genre : Fiction
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| | Date :
9/1/2003
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Livre(s) de Don DeLillo critiqué(s) sur le Guide
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En ligne : 5015 visiteur(s)
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