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Coeurs perdus en Atlantide
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King, Stephen
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Un magnifique livre, il a su me transporter, me faire pleurer et m'emplir de nostalgie, de tristesse ainsi que de joie. Composé de plusieurs nouvelles donc, la première m'a fait ressentir au plus profond de moi l'ambiance de ces années, pour ensuite, par la seconde m'apporter toute la beauté, la contradiction et l'envie de vivre et d'être un jeune de fac des années Vietnam, avec les idéaux, l'amour, la désillusion et l'envie de se séparer de tout cela. La troisième nouvelle trouve son élégance (malheureusement) dans sa longueur. Les deux dernières nouvelles, plus courtes, bouclent le récit de manière magistrale, on comprend et on sait pourquoi on a lu tout le reste...
Bref: un chef d'œuvre!
PS: ne jamais voir le film!
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Kosaya
(première critique)
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Genre : Horreur
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2/1/2009
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ajoutez votre critique |
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Coeurs perdus en Atlantide
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King, Stephen
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Même s'il est difficile de le croire, les sixties ne sont pas imaginaires,
ces années-là ont bel et bien existé.
Stephen King donne le ton. Lui qui n'avait jamais vraiment abordé le thème
des années 60 dans le fait enfin. Il faut en effet savoir
que pendant la période de contestation estudiantine, l'auteur était lui-même
à l'université, celle du Maine. Il y resta de 1966 à 1970.
Ce livre est composé de cinq nouvelles.
« 1960 : Crapules de bas étage en manteau jaune »
Bobby est un petit gars bien ordinaire. Il partage sa vie entre son copain
John Sullivan, sa copine Carol, l'école et sa mère. Certes, son père est
décédé et sa mère a du mal à joindre les deux bouts, mais il n'est qu'un
enfant. Avec ses rêves, avec ses illusions. Un jour, un monsieur âgé du nom
de Ted va venir s'installer dans l'appartement au-dessus de celui de Bobby.
Il est plutôt solitaire, aime lire et semble un peu bizarre, mais rien de
bien anormal. Bobby se prend d'affection pour ce vieux monsieur qui va
lui faire découvrir de nouveaux livres. Mais surtout, il va lui proposer un
petit boulot : repérer dans le quartier tout ce qui pourrait lui sembler
anormal, notamment des hommes avec un imperméable jaune. Le gamin ne prend
pas son colocataire au sérieux, croit qu'il se « fait un film » dans lequel
il serait pourchassé. Mais quand ces hommes arrivent, et quand ils usent de
leurs dons particuliers, Bobby comprend qu'il ne doit plus jouer à faire
semblant. Les situations s'enchaînent ainsi jusqu'au jour où Ted se fait
attraper par ces hommes et disparaît. Une page de la vie du gosse se tourne.
Trop vite, à cause de quelque chose qu'il ne comprend pas, il est sorti de l'enfance. Mais les hommes en jaune n'avaient-ils pas fait référence à la
tour sombre??
C'est une nouvelle assez longue (270 pages) qui ouvre ce recueil. Mais si on
est bien dans le style de King, je n'ai pas trouvé cette nouvelle très
percutante. Et surtout, on ne saisit pas bien son importance. King nous
promet quelque chose sur les années 60, sur l'Atlantide comme il dit
lui-même, sur ce continent englouti que sont les années 60, au moins
aux yeux de ceux qui ont vécu cette période. Mais le lecteur ici n'accroche
pas. Pour la comprendre vraiment, il faut en fait persévérer et découvrir le
reste du livre qui donnera un second souffle à cette nouvelle. En voulant
introduire le sujet, King s'est laissé emporté par sa plume, et c'est là le
défaut de cette première nouvelle.
Mais :
« 1966 : Chasse-curs en Atlantide »
Nous quittons les personnages de la nouvelle précédente (mise à part Carol)
pour découvrir un jeune homme, à sa première année en 1966 à l'Université.
La contestation née de la guerre du Viêt-Nam commencera cette année-là. La
nouvelle débute par la description de l'ambiance à l'université, toute
concentrée autour du démon du jeu, ici celui du chasse-cur. Le chasse-cur,
pour ceux qui ne connaissent pas, correspond au jeu de la dame de pique,
disponible avec Windows pour tous ceux qui s'ennuient au bureau ;) . Eux
étaient étudiants mais cela ne les empêchait pas de jouer, jusqu'à
compromettre leurs études. Et tous ceux qui ne faisaient pas d'études étaient
à l'époque susceptibles de partir pour le Viêt-Nam. Mais la nouvelle va
finir par tourner autour de ce sujet. Les idées pacifistes vont naître, et
finir par se propager très vite, les jeunes étant écurés par l'absurdité de
la situation. Du jeu de cartes, les jeunes (Carol la première) vont
finir par se convertir au pacifisme.
King aborde enfin dans cette seconde nouvelle, avec aucune notion de
surnaturel, d'horreur ou quoi que ce soit qui fait sa signature, le thème
des sixties. La contestation anti-Viêt-Nam a fait couler beaucoup d'encre et
fait défiler de la pellicule, et un auteur américain avec un tel rayonnement
ne pouvait se permettre de passer à côté du sujet. Et on sent que King n'est
pas forcément très à l'aise dans cette situation. En fait, on sent qu'il a
bien construit toute son intrigue, mais on cherche encore dans cette
deuxième nouvelle une vraie réflexion sur le sujet. Certes, King présente la
naissance de la révolte, mais le lecteur n'y croit pas encore. Mais ne
désespérez pas car :
« 1983 : Willie l'aveugle. »
Willie était un personnage secondaire de la première nouvelle. On le
retrouve des années après la fin de la guerre. Il est devenu un homme
rangé, alors que son adolescence avait été chaotique. Il a fait le Viêt-Nam
comme tant d'autres, et s'en est sorti. Mais les années soixante l'ont
marqué. Il se rappelle notamment avec beaucoup de peine une de ses erreurs d'ado, celle d'avoir tenu une gamine de 11 ans (Carol) pendant que son
copain la frappait à coup de batte de base-ball. C'est de là que tout est né
pour lui. Sa violence, son engagement au 'Nam comme une manière d'expier ses erreurs. Mais rien n'y fait et aujourd'hui encore, chaque jour il fait
pénitence. Sa vie ne sert qu'à ça. Tous les jours, il s'installe devant une
Église, se maquille en aveugle et fait jouer la charité sur ses blessures de
guerre.
Enfin les sixties sont abordées par le biais de la cicatrice laissée par la Guerre du Viêt-Nam dans la population. Ici, avec Willie, c'est une manière pour lui d'expier
quelque chose de plus personnel et d'exploiter sans aucune rancune quelque
chose sur lequel il ne peut cracher. Cet appel à la générosité sur une
fausse infirmité de guerre est un moyen de cracher sur cette époque.
« 1999 : Pourquoi nous étions au Viêt-Nam? »
À l'occasion d'un enterrement, deux compagnons d'infortune lors d'une
embuscade vietnamienne se rappellent leurs souvenirs communs. L'un explique
comment sa vie a été marquée, les jours passant, par un meurtre commis par
l'un des leurs pendant la guerre. Cet homme est lui aussi marqué par l'injustice qu'il a vue là-bas. Son compagnon raconte quelque chose de
similaire. Les deux protagonistes s'accordent à dire que toute leur
génération est morte avec une guerre qui n'est pas finie. L'Atlantide, ce
sont les années 60, les années Viêt-Nam. Ces années, pendant lesquels ils
étaient encore trop jeunes pour prendre la vie avec sérieux, vont les
rattraper. Les conséquences de la guerre, et ces images que personne ne
pourra leur faire oublier, sont les blessures de guerre les plus violentes,
et celles qui ont fait perdre toutes leurs illusions à une génération,
lorsque le continent a disparu avec la guerre. Enfin King aborde le problème
de plein front, et ses répercussions sur la société.
« 1999 : Ainsi tombent les ombres célestes de la nuit »
Je ne vais pas révéler le contenu de la dernière nouvelle pour ne pas en briser
le charme pour ceux qui liront le livre. Néanmoins, cette
nouvelle apporte des réponses à beaucoup de questions, et donne un sens à
tout l'ensemble, surtout à la première nouvelle.
Pour apprécier ce livre, il est nécessaire de ne pas désespérer! La
première nouvelle peut sembler longue, et bien que pas désagréable à lire,
elle ne répond pas à nos attentes. La deuxième permet enfin de plonger dans
le vif du sujet, même si cela commence par des chemins détournés. Mais après
tout, c'est toujours avec du recul que nous comprenons les choses, et c'est
pour cela que les nouvelles après les années 60 ont leur intérêt et redonnent
vie au livre. On comprend enfin la vision de l'auteur sur la période, sur sa
manière d'interpréter les conséquences dans la société. King reste tout au
long de ce livre bien loin de ses thèmes de prédilection, mais il s'en sort
plutôt bien. Surtout, il faut continuer à croire dans le livre pour vraiment
s'en sortir. Et là il prend tout son charme.
Pouvant paraître long de prime bord à se mettre en place, l'auteur aborde
néanmoins un thème très intéressant, dans un livre qui devient captivant
avec les dernières nouvelles.
Serez-vous prêts pour ce livre hors norme de King???
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Cédric Blanchard
(308 critiques, cliquez pour les voir)
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Genre : Horreur
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| | Date :
avant 2001
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