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Ellis, Bret Easton
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C'est après avoir vu le film que j'ai décidé de sortir ce livre de la bibliothèque où il m'attendait depuis des années! Il y avait eu tant de bruit autour de ce livre que cela avait coupé mon envie de le lire! Mais le cynisme et la folie du personnage dans le film m'ont convaincue de lire l'oeuvre originale. Et là, quelle découverte! La détresse du personnage, son déphasage sont effrayants, bien plus que les scènes de sexe ou de découpage, sévices divers qui s'étalent sur plusieurs pages de suite mais qui ne représentent qu'une petite partie du livre.
Le monde des yuppies apparaît comme un monde superficiel où seule l'apparence (voir les longues et répétitives descriptions vestimentaires), l'avoir qu'on doit aussi ouvertement afficher comptent.
Patrick Bateman est un homme de pouvoir, riche, travaillant dans un cabinet avec une secrétaire qui gère ses réservations dans les lieux à la mode ou ses rendez-vous avec ses maîtresses. Le jour, il donne l'apparence d'un homme d'affaire et le soir, il se libère de toutes ses chaînes et n'a plus aucune retenue. Il ne sait plus ressentir, il ne sait plus s'apitoyer, s'attendrir; ne sait plus jouir sans faire souffrir!
Le livre a surtout choqué par les scènes de meurtres mais ce qui est plus choquant, c'est la description d'un homme emblématique du capitalisme américain qui prend les êtres humains comme des biens consommables que l'on peut jeter après emploi! La misère est pour lui une sanction que les fainéants, les minables méritent. Voilà pourquoi il s'en prend particulièrement aux clochards!
Plus on avance dans la lecture du livre, et plus on se rend compte de la détresse de Pat Bateman. Quand il décrit à une serveuse les sévices qu'il aimerait faire subir à son corps, c'est un appel au secours; quand il dit à ses amis ce qu'il a fait de ses soirées, c'est la même chose. Quand il le dit à son avocat, celui-ci refuse de le croire! Il n'y a pas d'issue pour ce personnage et c'est d'ailleurs par ces deux mots que se termine le livre!
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Christelle Divry
(832 critiques, cliquez pour les voir)
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Genre : Mystère et Policier
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| | Date :
4/1/2003
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ajoutez votre critique |
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Ellis, Bret Easton
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Patrick Bateman a 26 ans, golden boy, pur produit de Wall Street. Sa vie ne
se résume qu'aux apparences, à une vie où il faut se montrer dans les bons
endroits, avec les bonnes personnes, et une ligne de coke. Bref, le
stéréotype même du « yuppie »... Mais c'est aussi le soir venu un serial-killer...
Autant le dire tout de suite, American Psycho est tout simplement
incroyable de la première à la dernière page... L'histoire va nous amener à
vivre un peu plus d'une année avec Bateman (mais non, pas l'homme
chauve-souris...). Tout commence comme une description du monde des nouveaux
riches de la finance. On y découvre un monde incroyablement superficiel. Ce
qui est le plus représentatif de ce fait est bien la description des
personnages puisque loin des conventions, l'auteur se contente pour décrire
de parler des vêtements que portent les personnages. Non, vous ne saurez pas
si la jolie fille à l'autre bout du bar est blonde ou brune, quelle est la
couleur de ses yeux... vous saurez qu'elle porte un tailleur Givenchy, des
chaussures de chez Untel, un foulard venant d'autre part, etc... Et le
personnage de Pat est parfaitement dans la veine du monde qu'il décrit. Ses
rares discussions se concentrent sur les manières de s'habiller et ses
séances de manucure, sur le travail et sur les endroits à la mode du moment.
Patrick est incroyablement artificiel, il ne se pose jamais aucune question,
et ne nous donne jamais une justification de ses actes, quels qu'ils soient.
Je vais te décapiter. Patrick se mêle en fait parfaitement au milieu dans
lequel il vit... Ah oui, peut-être avez-vous trouvé bizarre mon
avant-dernière phrase??? Eh bien elle est en fait très représentative du
personnage principal. Je m'explique. Au long de sa journée, sans prévenir,
il se met à avoir des pulsions meurtrières. Et il nous en fait part en plein
milieu d'une discussion comme si cela était tout naturel (et sans que les
personnes avec qui il discute ne s'en aperçoivent, puisque personne ne
s'intéresse à personne). Et c'est là que débute la partie sombre du roman. On
va suivre Pat dans ses crises violentes. Mais, et c'est là une des grandes
forces du roman, l'auteur ne nous emporte pas dans une psychanalyse visant à
« excuser » le comportement de Patrick. Non, il nous présente les faits, de
manière très cruelle, et insiste seulement sur le parallèle entre Pat et la
société. Pas besoin de justification immédiate (Pat ne se justifie jamais),
il est seulement le fruit de ce que l'Amérique produit sans jamais le
montrer. Pat incarne à merveille la dualité qui existe entre la réussite
sociale, celle qui fait rêver, faite d'apparence, et le vide intérieur de
ceux qui sont les symboles de cette réussite. Et la violence qui suinte de
chacune des pages du roman est l'autre côté de la médaille du rêve
américain. Les USA ont toujours fait rêver, mais on découvre là l'autre
côté, c'est-à-dire la frustration qu'elle engendre chez tous ceux qui n'ont
pas réussi, et chez tous ceux à qui il manque quelque chose que l'argent ne
peut acheter. Ces frustrés du rêve américain sont symbolisés par
l'omniprésence dans le roman des sans-abri, que Pat n'hésite jamais à
éliminer », comme pour mieux fuir ses propres cauchemars.
S'il fallait apporter une critique qui relativiserait mon enthousiasme à
propos du livre, ce serait bien un reproche de style : l'auteur joue trop sur
les descriptions vestimentaires de ses personnages. Certes, comme je le
disais ci-dessus, il est tout à fait normal que cela ressorte du livre car c'est un procédé qui décrit très bien Pat, mais je dois avouer que,
personnellement, j'en ai avait suffisamment soupé.
La mise en scène de la vie d'un serial-killer complètement intégré au monde
artificiel des golden boys de la fin des années 80 aux USA est plus qu'un
simple roman policier. On tombe là presque dans l'étude sociologique, dans
une dénonciation sans complaisance d'un monde où « paraître » est le seul
mot d'ordre. Tout simplement décapant.
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Cédric Blanchard
(308 critiques, cliquez pour les voir)
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Genre : Mystère et Policier
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| | Date :
avant 2001
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ajoutez votre critique |
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Ellis, Bret Easton
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American psycho est un livre assez bizarre et troublant.
En fait, on suit à la première personne l'histoire d'un « golden boy » des
années 80. Pat Bateman nous décrit ses journées, ses soirées et ses nuits
avec des détails minutieux : nous savons exactement ce qu'il porte, quels
vêtements et surtout quelles marques, ce qu'il mange, quels produits de
beauté il utilise; il décrit tout son petit train train quotidien, du son lever au coucher :
ses visites chez l'esthéticienne, la manucure et
la salle de sport, sans oublier ses dîners avec ses collègues et amis.
Une chose est certaine, le monde dans lequel il vit est superficiel et
cruel. Personne ne se reconnaît (mis à part « ses amis »), tout le monde
confond tout le monde. Pas étonnant étant donné que le regard se porte
d'abord sur l'aspect physique, les choses matérielles, et le visage
passe en dernier plan et est aussi vite oublié (sauf les imperfections,
genre boutons, rides, etc.).
À l'entendre parler, on aurait l'impression que cet homme a déjà la
quarantaine bien passée, alors qu'il n'a que 26 ans : ton blasé, fatigué
parfois.
Mais cet homme qui paraît bien sous tous rapports est en fait un
psychopathe.
Lors de certains dialogues, Patrick sort des bizarreries, genre « je vais
te tuer » ou « la tête de ta voisine est dans mon frigo », mais il est
difficile de dire s'il s'agit de voix intérieures ou s'il dit
réellement ces paroles car l'interlocuteur n'y prête pas attention. Cela
aussi, sans doute, pour insister sur l'égoïsme du monde dans lequel il
vit, où personne ne fait attention aux paroles des autres et où ce qui
importe est juste ce que l'on dit soi-même.
Patrick Bateman est vice-président de P&P, il vit à New York,
Manhattan...
Jeune homme bien sous tous rapports le jour, psychopathe la nuit, Patrick
vit dans un monde superficiel où l'argent fait la qualité de l'homme.
D'ailleurs, personne ne se connaît réellement, et la vie se limite à des
détails futiles tels que la tenue vestimentaire, la beauté d'une carte
de visite ou le choix d'un restaurant qui a la cote.
Ce roman est une critique du matérialisme de cette société des années 80.
Malgré de longues descriptions sur les tenues ou autres, il faut
s'accrocher et surtout avoir le cur solide. Âmes sensibles s'abstenir.
Je lui donne la note de 4/5; certaines longueurs me donnaient envie de lui mettre 3,5/5, mais la
manière dont l'auteur nous plonge dans l'histoire, la minutie des
détails qui nous fait vraiment « voir » ce qu'on lit, son style qui
pourrait nous faire croire que cette histoire est son histoire (ce qui a
suscité beaucoup de critiques, en dehors du sujet) m'a fait pencher vers
le 4/5.
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Valériane Petit
(57 critiques, cliquez pour les voir)
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Genre : Mystère et Policier
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| | Date :
avant 2001
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ajoutez votre critique |
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Ellis, Bret Easton
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Bret Easton Ellis est génial.
Après avoir pensé qu'il s'agissait d'un énième bouquin sur les serial
killers, j'ai finalement sauté le pas. J'ai acheté American Psycho
sans trop de convictions, je me suis naïvement dis que j'allais faire
une pose entre deux classiques...
Au bout de quelques pages, j'ai vite compris que le livre que j'avais
dans les mains n'alimentait pas la pose que j'escomptais faire: je
lisais un classique!
Si un bouquin retrace et décrit l'esprit US des années 80, alors
American Psycho est CE bouquin.
Le génie d'Ellis réside, entre autre, dans sa capacité à ne pas tomber
dans les travers ridicules d'un tueur en série récurant et
stéréotypé... Ellis a adapté avec talent ce phantasme collectif d'une
Amérique folle pour servir une cause bien plus fondamentale. La
description froide, méthodique, perfide, ignoble, insoutenable,
insensible des meurtres de Patrick Bateman, golden boy de Big Apple,
n'est que le prétexte d'un assassinat autrement plus symbolique, celui
du Rêve Américain. Il n'y a aucune ambiguïté vis à vis des motivations
d'Ellis... Il a délibérément fait le choix d'un personnage creux, à
l'image de ces Yuppies de Wall Street, où le Faire-Savoir est plus
important que le Savoir ou le Savoir-Faire... A aucun moment l'auteur nous
informe sur les raisons qui pousse Bateman à agir; roman pourtant écrit
à la 1er personne intérieure, il évite avec brio ce misérable cliché:
là n'est pas la question...
Ellis veut légitimement anéantir le mythe du Rêve Américain qui a
englouti des millions d'individus de par le monde, comme il veut casser
cette attraction irrésistible vers cet Eldorado qui promet richesse,
célébrité, reconnaissance et confort matériel aux naïfs.
Ellis gratte, récure, creuse et nous montre l'envers de ce mythe:
Horreur, argent, nombrilisme, exploitation, méprit, haine, corruption,
violence... Comble du raffinement, il nous le montre par les yeux d'un des
membres les plus représentatifs de ce Rêve Américain!
L'exploitation de la double dualité golden boy/serial Killer et Rêve
Américain/Cauchemar, le tout parfaitement imbriqué, est si pertinente
qu'elle en devient subversive!
Plus qu'un simple polar, plus qu'un roman policier, American Psycho
est presque une étude sociologique, où Ellis utilise les outils de
l'ethnographie pour décrire...
C'est justement cette description qui force le respect: Jamais Ellis
ne porte de jugement de valeur, il n'a pas de leçon à donner, il
décrit, il montre, il jalonne, il balise, rien de plus...
Et pourtant, c'est déjà énorme!
Pour ceux qui se bornent à croire qu'A.P. fait l'apologie de la
violence gratuite et humide, suite à une lecture de surface, je leur
dirai qu'il est inutile de poursuivre dans la littérature policière
moderne, en général, car ils n'ont pas compris la causalité et la
finalité du polar !
Suggestion(s) de lecture : James Ellroy: Un tueur sur la route
Thomas Harris: Dragon rouge et Le silence des agneaux
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Jean-Christophe Dupont
(première critique)
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Genre : Mystère et Policier
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| | Date :
avant 2001
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Livre(s) de Bret Easton Ellis critiqué(s) sur le Guide
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