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Sujet: Les Vagues et la Rose. | |
Auteur | Message |
Eschyle
Discret Depuis le: 22 septembre 2006 Status actuel: Inactif Messages: 1 |
Sujet: Les Vagues et la Rose. Envoyé : 22 septembre 2006 à 19:56 |
Bonjour ! Je suis nouveau dans le coin et je n'ai trouvé nul part où me présenter alors je le fais ici, par le biais de cette nouvelle. Je suis un jeune homme de 23 versé dans le théâtre et l'écriture de nouvelles ; étudiant en Histoire. Voilà, voilà...
--------- Les Vagues et la Rose Elle est là, devant moi. Immobile, debout sur cette terrasse qui plonge droit vers la mer, elle contemple l’horizon, les bras accoudés à la balustrade. Le vent du soir ondule sur les plis rouges de sa robe et offre à son corps une courbe nouvelle et magnifique. J’aime cette femme et son corps. Grâce à elle j’ai repris goût à la vie. C’est elle qui m’a permis de sortir du sombre gouffre que la vie creusait en mon âme. Au bas de la falaise, le bruit des vagues se soulève discrètement. Doux fracas d’une blanche écume contre la roche. Le vent souffle un peu plus fort et commence à jouer avec les quelques mèches rebelles de ses courts cheveux noirs tandis qu’elle se tourne vers moi. Elle fixe sur moi ses grands yeux sombres. Appuyé contre le mur de la terrasse, je la contemple, amoureux ; un verre de Scotch à la main. Elle me sourit en replaçant derrière son oreille les quelques cheveux que le vent joueur a tenté de dérober sur son passage. Son sourire me trouble. Gêné, je plonge mon regard dans le verre de Whisky et en bois une gorgée pour échapper à la tendre attaque de ces longs cils. Mais cette boisson n’est pas faite pour mes yeux. Seule la vision de cette femme peut étancher leur soif, alors je redresse gauchement la tête. Elle me sourit d’avantage, amusée par ma timidité d’enfant. Je me retrouve quelques vingt ans en arrière, dans la cour de récréation de l’école. Elle était là, jolie petite rousse qui me souriait et me troublait ; à moitié cachée derrière l’unique arbre de la cour. Elle me fixait de ses grands yeux pleins d’une malicieuse tendresse pendant qu’autour de nos regards le temps s’était arrêté. Je n’entendais plus rien. Ni le cri de mes camarades qui jouaient à chat perché, ni le rire des filles qui jouaient à la marelle. Je l’aimais cette petite rousse. Je l’aimais d’un amour d’enfant. D’un amour que l’on ne retrouve que très rarement, mais je n’ai jamais pu lui glisser mes sentiments à l’oreille. Cette fille avait traversée ma vie comme l’éclair : me frappant d’un violent coup de foudre avant de repartir de l’école aussi rapidement qu’elle était arrivée ; disparaissant pour une autre ville. Pour une autre vie. Aujourd’hui, j’ai retrouvé cet amour d’enfant. J’ai retrouvé ce petit garçon timide qui rougissait jusqu’aux oreilles lorsque, finalement, elle posait sur lui ses jolis yeux verts. Aujourd’hui, ce petit garçon a grandit mais la sensation est toujours là ; toujours la même. Le temps semble s’être arrêté entre elle et moi. La Terre semble avoir cessée de tourner autour de nos deux corps mais le vent continue de jouer avec ses cheveux noirs. Aujourd’hui, plus aucun arbre ne vient à moitié cacher les yeux de celle que j’aime. Aucun directeur ne vient annoncer la stridente et sifflante fin de récréation et le retour précipité en classe, deux par deux. Seul nous entoure le bruit des vagues qui viennent doucement s’écraser contre la falaise. Seuls nous enlacent la légère brise et le ciel violacé d’un soleil couchant. Quant à elle, elle est là, devant moi sur cette terrasse qui plonge droit vers la mer et elle me regarde, immobile. Le seul mouvement de cette image glisse sur ses lèvres lorsqu’elle chuchote un tendre « Je t’aime… » qui me transporte au septième ciel et m’envoie six ans dans le passé. « Je t’aime… » C’était la première fois qu’elle me le disait. Mais aussi la dernière. Elle était là, dans mes bras, cette froide et pâle créature à la chevelure rousse. Froide et pâle, mon Amour d’enfance. Dans ce grand lit, elle semblait si petite. Dans cette chambre blanche, elle semblait si pâle. Dans cet hôpital, elle n’était qu’une malade parmi tant d’autres ; une pauvre âme, perdue dans une foule qui cheminait lentement vers la mort. Là, dans le lit de cette chambre d’hôpital, je la serrais le plus fort possible pour ne pas qu’elle s’en aille. Mais elle est partie. Après quatre années de mariage ; quatorze années après que je l’aie retrouvée, elle me quittait à nouveau, cette petite fille rousse, pour une autre vie. Une autre rive. Pour la première fois, en la dernière minute de sa vie, en son dernier souffle, elle glissa à mon oreille ces quelques mots que j’aurais tant aimé lui dire lorsque, cachée derrière son arbre, elle me regardait d’un œil amusé et déjà amoureux. En son dernier souffle, elle murmura ces mots que je n’ai jamais réussi à lui dire, même après quatre années de mariage. Elle n’avait pas besoin que je le lui dise, ma chère et tendre rousse. Non, elle n’en avait pas besoin. À me voir sourire bêtement, comme un enfant timide lorsqu’elle me fixait, elle savait que je voulais formuler cette déclaration. Que je voulais forger de mes mots les sentiments qui consumaient mon cœur et mon âme en ces instants si précieux. Elle n’avait pas besoin d’entendre ces mots que tout le monde prononce. Ces mots qui traînent dans toutes les bouches. Mais, moi, j’avais besoin de les dire. Besoin de les mâcher comme chacun le fait, et comme beaucoup le feront encore. Seulement je n’ai jamais pu. Jamais. Et aujourd’hui encore je le regrette. Aujourd’hui encore je le regrette. Mais, cette fois, je ne vais pas laisser l’enfant timide prendre le dessus sur l’adulte amoureux qui brûle d’envie de voir éclore les mots que son cœur a formé pour cette femme aux cheveux noirs. J’entrouvre les lèvres… Mouvement suspendu pendant une infinité de secondes. Elle s’approche de moi. « Je … » Elle a posé son index sur mes lèvres. Elle me sourit. Elle non plus n’a pas besoin de m’entendre prononcer les mots fatidiques. Mais je le veux, moi ! J’en ai besoin ! Elle se détourne et reprend sa contemplation d’un horizon aux teintes maintenant d’un bleu crépusculaire. Le vent balaie encore et toujours ses cheveux courts ; inlassablement. Les vagues s’écrasent encore et toujours contre la falaise ; inlassablement. Des oiseaux passent lentement dans le ciel et tracent quelques tourbillons au-dessus de nos têtes pour nous souhaiter le bonsoir. J’observe leur manège quelques secondes avant qu’ils ne repartent vers le Sud, dans un chant clair et joyeux. Lorsque mon regard redescend vers la terrasse je la vois, elle, montée sur le parapet, pieds nus. Elle me sourit une fois encore. « Je le sais que tu m’aimes… » Ce sont les derniers mots qu’elle prononce avant de basculer dans le vide derrière elle. Je ne peux rien faire pour l’arrêter alors que je la vois tomber, lentement, puis disparaître derrière la balustrade dans un vaporeux nuage rouge. Je me précipite pour tenter désespérément de la rattraper, mais je ne peux que contempler la chute de cette fleur aux pétales rouges ouverts sur l’étamine rose d’un visage tourné vers le ciel. Sur ses lèvres je peux voir, encore et toujours, l’éternel sourire. Elle est maintenant morte. En bas, je peux la voir flotter. Jolie fleur ballottée par les remous ; secouée par les vagues et projetée contre la falaise. Maintenant je n’ai plus peur de lui sourire. Maintenant je peux lui murmurer : « Je t’aime ! » |
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Patrick Delay
Orateur Depuis le: 02 janvier 2007 Status actuel: Inactif Messages: 158 |
Envoyé : 10 janvier 2007 à 00:08 |
Trés beau récit mais qui n'est pas vraiment fait pour nous remonter le moral, difficile de le lire jusqu'au bout sans sentir monter les larmes et sans resentir une colère contre la fatalité.
J'espère sincèrement que ce n'est pas une histoire vécue, à la lire on pourrait le croire. Ceci-dit des histoires vraies comme celle là, il y en a, beaucoup, malheureusement... je vous encourage à nous faire part de vos autres nouvelles. A + |
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La culture c'est ce qui reste quand on a tout oublié... J'ai oublié de qui c'était Encore faut-il qu'il reste quelque chose
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