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Sujet: Un premier roman!...«L'univers d'Alexis»... | |
Auteur | Message | ||
ecrivain60
Discret Depuis le: 26 mai 2012
Messages: 1 |
Sujet: Un premier roman!...«L'univers d'Alexis»... Envoyé : 26 mai 2012 à 20:32 |
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En février 2012,je terminait un premier roman. Cette oeuvre à caractère autobiographique, s'inspire d'un événement que j'ai vécu pour raconter le destin tragique d'Alexis, mon héros.
Ce dernier écartelé entre entre le personnage qu'il joue depuis si longtemps et sa véritable nature, est en fait, une coquille vide de sens et d'identité. Avec les années, il a certes réussit à force de déni, de négation, à se construire une vie respectable, mais pourtant, il suffit d'un petit grain de sable pour que tout s'effondre d'un claquement de doigt. A partir de cet instant, le masque s'effrite et tombe : laissant place au désarroi, à la panique et à la peur. Abandonné de tous, il se retrouve seul face à lui-même et à ce qu'il fuit depuis toujours. Avec la douleur, les souvenirs remontent et malgré tous ses efforts afin de les chasser, ils lui collent à la peau et l'obligent alors, à se raconter. Dans ce premier tome d'une série de deux, il replonge bien malgré lui, dans l'univers passé là où, accroché au fil de sa mémoire, tout a commencé. Je vous en donne ici un extrait sur lequel,j'aimerais avoir vos commentaires. Comme chaque jour depuis près de vingt ans, ce matin ressemblait à tous les autres. Dans la maison encore silencieuse puisque sa femme dormait encore, il se préparait son petit déjeuner. Mariage de convenance, ils vivaient tous les deux, comme des étrangers et sans oser se l’avouer, cela faisait son affaire. Incapable de créer et d’entretenir la moindre intimité, ils vivaient chacun dans leur propre univers et leur couple ressemblait davantage à une entente financière qu’à une véritable relation affective. Il ne fallait alors pas s’étonner qu’au fil du temps, ils vivaient chacun de leur côté, suivant leur propre chemin. Il faisait depuis longtemps chambre à part, puisqu'Alexis même s’il se refusait à l’admettre, se montrait incapable de la moindre marque d'affection physique même envers sa propre femme. Il n'était tout simplement pas attiré par elles. Les occasions où il acceptait de vivre avec sa conjointe quelques manifestations affectives que ce soit, celle-ci devait toujours en être l’instigatrice tout en sachant au fond d’elle-même qu’il y prenait peu de plaisir. Au cours des premières années de leur vie commune, Estelle avait bien tenté à maintes reprises, d’aborder ce sujet avec l’homme dont à ce moment, elle se savait amoureuse, et cela, depuis leur toute première rencontre à ce bal de fin d'année auquel il l’accompagnait. Il s’y refusait obstinément et pour le faire, tous les prétextes étaient bons. Avec les années s’ils ne se disputaient plus, c’est qu’ils ne se voyaient plus sauf lorsque les circonstances l’exigeaient. Dans ces moments, d’un tacite accord, ils jouaient le rôle en y trouvant même, du moins Alexis voulait bien le croire, un certain plaisir. Cependant, Estelle profondément blessée dans sa nature de femme, ravalait depuis longtemps sa colère, sous de faux rationnels et de ce fait, elle souffrait en silence. Plutôt que d’affronter son échec et de s’en faire l’aveu, elle se réfugia dans sa réussite professionnelle et les amants de passage. Pourtant, aujourd’hui en ce début de journée, quelque chose le rendait mal à l’aise sans qu’il puisse vraiment expliquer pourquoi et en trouver une ’explication logique enfin pour le moment. Il se devait de continuer à jouer le jeu de l’homme qui réussissait sa vie et que tous ses collègues et amis enviaient. Cette image le fit sourire malgré lui. Puis il haussa les épaules tout en se dirigeant vers la sortie. Ses admirateurs l’attendaient et il se devait de se prêter à cette illusion!... De jouer le personnage comblé par la vie; respirant le bonheur et le succès, était devenu pour lui avec les années, une seconde nature. Mais, sans qu’il s’y attende, le destin allait bientôt faire voler en éclat cette façade qu’il croyait à tort, indestructible. La rue, Pascal s’y sentait chez lui. Il squattait la même ruelle et avec le temps passé à y pratiquer ses petites activités, tous aussi illégales les unes que les autres, il avait fini par s’y faire une place. Il s’y sentait chez lui. ll y vivait maintenant depuis deux ans le jour où il avait décidé qu’il prendrait sa vie en main. La vie n’avait jamais été tendre avec lui et très tôt, il lui avait fallu apprendre à ne compter que sur lui-même. Manipulation, chantage, séduction, son corps lui servait de monnaie d’échange et lui permettait ainsi, de continuer à mener l’existence qu’il voulait. Pour atteindre son but, il séduisait les hommes et une fois ceux-ci bien appâtés, il les soumettait alors, à sa volonté. Il s’amusait avec eux et les méprisait tous pour leurs faiblesses qu’il lui était si facile d’exploiter. Moyen d’obtenir la seule liberté que pour lui-même, il pouvait s’offrir. Cet après-midi fut par contre, un peu différent des autres quand après un contrôle policier, il fut arrêté pour méfait sur un policier ; ayant menacé celui-ci, avec une arme blanche. Le juge devant lequel le lendemain matin, il comparut, prenant en compte les antécédents personnels du jeune homme et à la demande de l’avocate de la défense, ordonna une évaluation psychiatrique avant de le remettre en liberté jusqu’à la date fixée pour son enquête préliminaire. Alexis, psychiatre en chef à l’unité d’évaluation du centre hospitalier universitaire de la région, consultait le dossier que son service lui avait remis. À sa lecture, il était loin de se douter, du rôle que viendrait jouer ce nouveau patient, dans sa vie. Pendant cette première rencontre, Pascal jaugea l’homme devant lui. Dès le premier coup d’œil, son instinct lui disait que s’il jouait bien ses cartes, il tenait là, la victime idéale. Bien sûr, il devrait jouer cette partie avec beaucoup de finesse et de doigté. L’homme assis en face de lui, ne se laisserait pas manipuler facilement, mais, Pascal avait su décoder derrière l’attitude guindée et peut-être un peu trop professionnelle d’Alexis, les petits messages muets qui au-delà des mots et des discours, lui en disait long sur le combat que menait Alexis afin d’échapper à ses véritables pulsions. Pour Pascal, la stratégie consistait à percer ce mur défensif derrière lequel Alexis se retranchait afin de le déstabiliser et ainsi, réussir à le mettre à sa main. Pendant toutes leurs séances, il se montrerait donc intéressé offrant sa coopération, se confiant et allant même admettre avoir besoin de soutien afin de changer son style de vie. Cela dans le seul but, de créer un lien entre lui et Alexis et alors, pouvoir le séduire et le détruire. Dans l’esprit de Pascal, il s’agissait d’un jeu, sa principale source d’adrénaline qui le faisait se sentir vivant tout en lui procurant une sensation de pouvoir dont il ne pouvait maintenant, se passer. Cette fois-ci, le défi s’avérait de taille. Alexis semblait capable de se maîtriser et ainsi, garder le contrôle de lui-même. Alors, il allait falloir qu’il manœuvre avec prudence et tact afin de ne pas l’effaroucher et risquer ainsi, de lui dévoiler ses véritables intentions. À la demande de Pascal et cédant à ses supplications, Alexis accepta, de poursuivre le suivi avec Pascal, au-delà des rencontres nécessaires au mandat d’évaluation qui lui avait été confié. Pendant ces rencontres, Pascal se montrait de plus en plus impliqué dans ce processus de changement qu’il appelait non sans une certaine ironie : « Sa rencontre avec son nouveau lui-même »… Pascal ne s’était pas présenté à son rendez-vous et cela inquiétait Alexis. Lui qui se faisait un devoir jusqu’à maintenant pour chacune de leur rencontre, d’être d’une ponctualité exemplaire, ce soudain silence le troublait. Il pouvait y avoir maintes explications, mais, aucune d’elles ne satisfaisait Alexis. Il sentait que quelque chose ne tournait pas rond, mais, il n’aurait su exprimer avec clarté, ce qui le perturbait à ce point. Au moment où, sachant bien que de prolonger l’attente ne servait à rien et qu’il allait partir, sa ligne directe sur son bureau, se mit à sonner. Le regard fixé sur le téléphone, il hésitait pourtant, à décrocher le combiné et à prendre l’appel. Puis finalement à la dixième sonnerie, il se décida enfin à répondre : _Allo!... Sans qu’il ait le temps d’ajouter quoique ce soit, la voix affolée de Pascal, résonnait à ses oreilles. _Docteur Tanguay, Pascal… Il faut absolument que je vous voie! _Mais, tu peux m’expliquer pourquoi dans ce cas, tu ne t’es pas présenté à mon bureau comme d’habitude? _Pas au téléphone docteur… Mais venez me rejoindre aux 1230 rues des Mélèzes, l’hôtel Savigny, chambre 412. Une fois que vous serez là, je vous expliquerai tout. C’est promis… Avant qu’Alexis ne puisse ajouter quelque chose, Pascal avait raccroché. Pascal le sourire aux lèvres, était satisfait de sa petite mise en scène et il ne doutait pas une seule minute qu’Alexis allait se jeter tête baissée, dans le guet-apens qu’à cet instant, il s’apprêtait à lui tendre. Pour l’occasion, il avait loué une chambre dans un hôtel, du centre-ville. Cela lui avait coûté une petite fortune, mais, que lui importait l’argent lorsqu’il s’agissait de parvenir à ses fins. Pascal ce soir allait séduire Alexis et une fois ce dernier, à sa merci, privé de toute volonté, il l’anéantirait en lui assénant le coup de grâce. Il savait comment s’y prendre avec Alexis; il avait découvert au fil de leurs têtes à têtes, les gestes, les attitudes qui amenaient dans le regard d’Alexis, la lueur du désir. Bien que, furtive et disparaissant aussitôt qu’elle apparaissait, elle ne lui avait pas échappé. Conscient de son pouvoir, il ne doutait pas de sa réussite et il la savourait déjà tandis que des coups discrets frappés à la porte, annonçaient l’heure prochaine, de son triomphe. Alexis n’avait maintenant qu’une idée, celle de fuir ces lieux dans lesquels il n’aurait pas dû mettre les pieds. Pascal toujours étendu sur le lit en désordre, continuait à bavarder. Mais, Alexis ne l’écoutait pas, occupé à récupérer ses vêtements qui trainaient épars sur le sol; encore assommé par ce qui venait de se passer entre eux. Pendant qu’il se rhabillait en hâte, la voix de Pascal sortant d’un brouillard finit par lui parvenir. _ Vous partez? Je pensais que nous pourrions bavarder encore un peu. Alexis cherchait un moyen de se sortir de là, mais, il n’y parvenait pas. Dans un effort désespéré afin de tenter de reprendre sur lui-même, un certain contrôle. Il lui répondit : _Tu m’excuseras, mais, je dois vraiment partir. On m’attend et je suis déjà en retard. _ Je ne vous crois pas, car vous mentez très mal. Allez, ne soyez pas timide et revenez-vous assoir près de moi. J’ai tant de choses encore à vous dire. Alexis, en se retournant, vit ce corps nu s’offrant à lui. Tel un fruit convoité qu’il s’était toujours refusé avant aujourd’hui, de goûter et qui pourtant, en ce moment même, le submergeait de désirs. En moins de temps qu’il faut pour le dire, il se dévêtît à nouveau pour se retrouver avec Pascal dans ses bras qui murmurait son plaisir à son oreille. Cette brève aventure d’un soir, même si elle fut sans lendemain, laissa Alexis profondément perturber. Même s’il ne revit jamais Pascal, ce dernier semblait s’être perdu dans la nature, Pascal avait agi de sorte qu’Alexis ne puisse jamais l’oublier. L’appel reçu du directeur général de son service alors qu’il arrivait au travail : lui signifiait que ce dernier voulait le voir sur le champ afin de discuter avec lui, d’un sujet délicat qui pour reprendre les propres mots qu’il utilisa, le préoccupait beaucoup. Le ton que ce dernier employait lors de leur brève conversation téléphonique plongea Alexis sans qu’il puisse comprendre pourquoi, dans une profonde inquiétude. Il détestait les surprises et les mystères. Bien qu’il ne puisse pas deviner ce qui trottait dans la tête du grand homme, il le connaissait suffisamment pour craindre le pire. Ruminant dans sa tête, des idées, plus invraisemblables les unes que les autres, il se dirigea d’un pas pressé, car il ne fallait jamais faire attendre le grand ponte, vers le troisième étage, où les bureaux de la direction se situaient. Après un bref échange de politesse; un silence pesant s’installa entre les deux hommes. Et aucun d’eux ne semblait presser de le briser. Michael Boyer, grand patron d’un des plus gros hôpitaux psychiatriques de la région, l’observait assis en face de lui dans son vaste bureau, de son regard froid et pénétrant. Il reconnaissait certes qu’Alexis était un excellent psychiatre généralement très apprécié par ses collègues et ses patients malgré des méthodes de travail parfois peu orthodoxes, celles-ci, il avait pu le constater à maintes reprises, portaient leurs fruits. Ce qui l’avait amené par le passé, à fermer les yeux sur certaines rumeurs à l’effet qu’Alexis, manque parfois de distance professionnelle lorsqu'il s'agissait de ses jeunes patients masculins. Jusqu’à maintenant, elles s’étaient toujours révélées non fondées. Malheureusement, il devait admettre qu’il s’était lourdement trompé. Sur sa table de travail, un journal ouvert, ce qui donnait à penser à Alexis, qu’au moment où il frappait à la porte, ce dernier le feuilletait. Alexis sentait peser sur lui, le regard inquisiteur qui ne le quittait pas. Comme s’il s’attendait à ce que lui-même prenne l’initiative de la discussion. Mais comme Alexis continuait à se taire, finalement après un geste du corps montrant sa contrariété, Michael Boyer se décida enfin à briser la glace. D’une certaine manière en prenant la parole, il mettait fin au supplice d’Alexis. Ce dernier, sans trop le laisser paraître, se trouvait sur des charbons ardents. _Alexis disait la voix forte et puissante de Michael Boyer, vous vous doutez bien que pour que je vous convoque de manière aussi inhabituelle, c’est que je n’ai pas le choix... _Vous savez bien Michael que vous pouvez toujours compter sur moi. Mais, dites-moi ce qui se passe? Car j’avoue que pour l’instant, je ne comprends guère ce que vous essayez de me dire? _Si vous me le permettez répliqua le directeur général interrompant Alexis d’un geste de la main, j’aimerais avant de poursuivre cette conversation que vous jetiez un coup d’œil sur cet article. Il se trouve dans le journal de ce matin. Comme vous le constaterez vous-mêmes, il vous concerne directement puisqu’on y parle de vous. Joignant le geste à la parole, il prit le journal et le tendit à Alexis en indiquant du doigt l’article, sur lequel il voulait attirer son attention… Il s’agissait d’un entrefilet écrit par un journaliste dont Alexis ignorait le nom. Mais, dès qu’il jeta un coup d’œil sur le titre : « Célèbre psychiatre, membre en vue de notre communauté, accusé d’agression sexuelle sur un de ses patients… ». Sa vue se brouilla et il se mit à trembler comme une feuille, incapable de poursuivre sa lecture plus avant. Dans l’espace de quelques minutes, sa vie basculait. Un trou noir se profilait devant lui dans lequel, on le poussait brutalement, et cela, malgré lui. Il ne pouvait rien y faire sauf tenter de donner le change en niant tout en bloc, mais pour se faire, il lui fallait retrouver la maîtrise de lui-même. Au prix d’un effort surhumain, il s’obligea donc à relever la tête et à regarder droit dans les yeux cet homme entre les mains duquel, désormais, se jouait son destin. Il sentait le regard insistant de Michael qui l’observait toujours et d’une voix qui se voulait ferme tout en fixant son interlocuteur droit dans les yeux, il essaya de se montrer convaincant en disant : _Je ne veux pas croire Michael que vous accordez de la crédibilité, à ce qui est raconté ici? Je peux vous certifier et vous me connaissez suffisamment pour me croire sur parole, si je vous affirme qu’il ne s’agit là que, d’un tissu de mensonges, issues de l’esprit mythomane, d’un journaliste de second ordre. Vous n’allez tout de même pas accorder foi à ses inepties. Ça n’a aucun sens!… _L’important ici mon cher, répondit Michael d’une voix brusque, n’est plus ce que je crois. Vous devez comprendre que les membres du conseil d’administration vont réagir lorsqu’ils seront au courant de cet article et croyez-moi, ils ne vont pas tarder à l’apprendre. _Cette fois-ci, Alexis! Je ne peux plus vous protéger. Ma première responsabilité, vous le savez aussi bien que moi, est de protéger la réputation de cet établissement. Même si pour ce faire, je dois parfois prendre des décisions qui me répugnent. _Dans ce cas-ci malheureusement! Je me trouve dans l’obligation de vous relever sur le champ de vos fonctions et d’exiger votre départ. J’attends donc votre lettre de démission sur mon bureau, d’ici le début de l’après-midi. Sa phrase terminée, Michael Boyer, se leva signifiant par ce geste à son interlocuteur, la fin de leur discussion. Encore sous le choc; Alexis sortit sans ajouter un mot. Comme un automate, Alexis se retrouva sans réellement savoir comment, affaler sur sa chaise de travail, la tête vide, incapable pour le moment de mettre de l’ordre dans les idées qui se bousculaient, bourdonnaient dans sa tête, dans un chaos indescriptible. Il n’arrivait plus à les saisir afin de pouvoir les examiner l’une après l’autre de façon logique et alors, être en mesure de réagir en prenant une décision. D’un geste machinal, il ouvrit son ordinateur et puisqu’il le fallait, il écrirait cette lettre. Cette fois-ci pris au piège, il ne pouvait s’échapper. Il devait donc, accepter de faire face à la musique et confondre les démons dont il niait toujours, l’existence. Désormais, il devait apprendre à leur faire face. Cela, le terrifiait beaucoup plus qu’il ne voulait bien se l’avouer. La maison vide offrirait le cadre paisible et sécuritaire lui permettant de reprendre son calme et du même coup, sa capacité à réfléchir. À son grand désagrément, aussitôt qu’il ouvrit la porte d’entrée, un bruit d’aspirateur, lui rappela brusquement qu’aujourd’hui mardi, la femme de ménage faisait le grand nettoyage de la maison. Il entra malgré tout et se fiant au bruit fait par l’aspirateur, il réussit à son grand soulagement, à se faufiler dans son antre, sans faire de mauvaises rencontres. Une fois confortablement installé dans son fauteuil préféré, il tenta de se détendre afin de pouvoir faire le point sur les événements de la journée. Cependant, à chaque fois qu’il essayait de se concentrer sur ces dernières heures, des images de Pascal, le jeune homme qui l’accusait injustement de ce geste infâme, se présentaient à son esprit. Même s’il faisait d’énormes efforts pour les chasser de sa tête, elles prenaient un malin plaisir à venir sans cesse le torturer. L’odeur de son corps, ses cris de jouissance lorsque dans un moment d’égarement, il avait baissé sa garde et l’avait aimé comme celui-ci le réclamait. Pour ce geste d’humanité, voilà que toute sa vie s’écroulait et bientôt, elle ne serait que ruines; s’il ne se décidait pas à agir dans les plus brefs délais. Mais dans le fond, cela valait-il vraiment la peine de se battre pour sauver une vie basée sur les mensonges et les faux-semblants? Voilà, la seule question qui méritait vraiment une réponse. Tout le reste alors, s’avérait subitement sans importance. Des bruits de pas venant du ré de chaussée le sortirent brusquement de sa méditation. Impossible que sa femme rentre déjà se dit-il à lui-même. Pourtant après sa journée de labeur, il savait la femme de ménage partie. Machinalement, il jeta un œil à sa montre et s’aperçut à sa grande surprise que la journée s’achevait sans qu’il s’en soit rendu compte et qu’il lui fallait maintenant, faire face à la musique. Il partit alors à la recherche de sa douce moitié. Il lui tardait pour une fois dans sa vie, de mettre un terme à tous ces jeux hypocrites qui depuis toujours, lui servaient à retarder toujours plus, la confrontation avec les autres, mais surtout, avec lui-même. Il trouva sa femme dans le petit salon gesticulant au téléphone avec un air contrarié. Tandis qu’il s’asseyait sur un divan, bien décidé à lui parler si tôt sa conversation téléphonique terminée; il se prit à l’observer malgré lui pour se donner une contenance ou tout simplement, tuer le temps. Avocate principale dans un gros cabinet d’avocats situé dans le quartier chic de la ville, elle respirait le succès, l’assurance des gens qui ne doutaient jamais d’eux-mêmes et ne pouvaient admettre qu’on leur résiste ou qu’on veuille se mesurer à eux. De la femme qu’il avait si cruellement meurtrie en repoussant son amour, nulle trace ne subsistait dans l’image que maintenant, elle projetait d’elle-même. Elle parlait à un collègue et il l’entendit dire d’un ton qui n’admet aucune réplique : _Pierre! Vous n'ignorez pas l'importance de ces éléments pour notre affaire… _Je n’ai pas à vous rappeler qu’il s’agit de très gros clients de la boîte. Je ne tolérerai pas de la part de mes collaborateurs, les faux pas, les erreurs … Ayant terminé sa conversation, et pivotant alors sur elle-même, elle sursauta en apercevant son mari qui assit, semblait la défier du regard. _Tu m’espionnes maintenant. Je ne t’ai pas entendu entrer. Depuis combien de temps es-tu là et comment se fait-il que tu sois déjà à la maison? Ignorant ces questions et le ton sarcastique sur lequel elle s’adressait à lui, Alexis lui dit calmement : _Estelle, je suis désolé de t’avoir effrayé. Ce n’était absolument pas mon intention. Mais si tu veux bien m’écouter quelques instants; nous avons à parler sérieusement et notre conversation risque de durer un certain temps. _Alors, veux-tu s’il te plaît te calmer et prendre le temps de m’écouter. J’ai des choses importantes à te dire. Donc assis-toi, je t’en prie! Nous devons causer et cela ne peut pas attendre. Surprise et à la fois intriguée par l’attitude déterminée et le ton ferme sur lequel son mari lui parlait; Estelle à contrecœur, obtempéra et s’assit devant lui. Prenant à ce moment, la pose résignée de celle à qui on s’apprête à faire la morale ; elle se disait en elle-même : qu’il lui fallait simplement attendre que l’orage passe parce qu’il n’y avait rien d’autre à faire. Il ne s’agissait que d’un mauvais moment à passer. Plus vite, ils en auraient terminé et mieux elle s’en porterait. _Bien, je t’écoute. Qu’as-tu de si important à me dire que : cela ne peut pas attendre un moment plus opportun? _Impossible! Reprit Alexis et je vais te dire pourquoi. Ce matin à mon arrivée à l’hôpital, j’ai été convoqué dans le bureau de Michael Boyer, le grand patron. Il voulait absolument me parler, et ça, avant même que je ne reçoive mon premier malade. À cet instant, Alexis fit une pose pour prendre le temps de bien choisir les mots qu’il utiliserait et vérifier également si Estelle l’écoutait vraiment; avant de continuer. Rassuré par l’attitude stoïque de cette dernière qui le fixait ; le moindre muscle de son visage paralysé par l’effort exigé par la concentration, il reprit donc son petit laïus. _Je te concède que le fait en soi d’être convoqué par son supérieur hiérarchique n’a rien d’extraordinaire. Mais, lorsqu’il m’a appelé, je venais à peine d’arriver à l’hôpital; je sentais de la panique dans sa voix!… Estelle redoutait les révélations qu’Alexis s’apprêtait à lui faire. Avec le temps, l’ignorance et le déni, lui avait permis de supporter cette relation qui lui était devenue chaque jour de plus en plus pénible sans qu’elle puisse pour autant y mettre fin. Elle redoutait d’entendre des choses qui l’obligeraient à regarder pour une fois, la réalité en face et alors à devoir prendre position. Mais cette fois-ci, elle sentait qu’elle n’avait plus le contrôle de la situation et qu’aussi pénible que cela puisse être, elle devait faire un effort pour entendre ce que son mari avait de si important à confier. Même si jusqu’à maintenant, elle avait réussi à garder son calme, plus leur tête-à-tête perdurait et plus elle se sentait envahie par la panique, la peur, la colère… _Si tu en venais directement au fait. Au lieu de me faire un long discours. Je tiens à te préciser que je n’ai pas beaucoup de temps à te consacrer. Je dois rencontrer de nouveaux clients en soirée… _Un peu de patience je t’en prie, j’y arrive! Ce que je veux te faire comprendre et cela avant que tu l’apprennes par d’autres sources. _Crois-moi, cela n’est pas facile à dire pour moi!... Je demande seulement un peu de compréhension de ta part. Se méprenant totalement sur l’attitude d’Estelle suite à sa dernière interruption en la prenant pour un muet consentement. Alexis reprit donc, là où sa femme l’avait interrompu : _ Je te dirais pour te résumer la situation. Ma discussion de ce matin avec Michael Boyer avait pour seul propos : d’exiger ma démission. _Et pour quel motif? Osa-t-elle lui demander presque malgré elle. _Je fais à cet instant l’objet d’une plainte pour agression sexuelle sur un de mes patients. Il n’avait donc pas d’autre choix dans ces circonstances que de se débarrasser de moi et de mettre fin à notre collaboration. À ses mots, Estelle bondit de son fauteuil. Elle en avait assez entendu et elle n’avait pas l’intention de rester dans cette pièce une minute de plus... Pendant qu’Estelle s’enfuyait hors de la pièce puis de la maison. Alexis savait que dorénavant, rien ne pouvait plus arrêter le destin de suivre son cours. La pièce devenue lourde de sous-entendus pour faire suite au départ précipité d’Estelle… Seule une faible lueur venue des lumières extérieures venait y briser quelques coins d’ombre. Tandis que l’ensemble demeurait plongé dans une totale obscurité. Toujours assis à la même place, Alexis réfléchissait. Il lui fallait remonter très loin dans le temps jusqu’aux racines mêmes de son existence afin de trouver une explication logique, à tout ce qui venait de se produire. Et encore; arriverait-il s’il parvenait à entreprendre ce périlleux périple à travers l’histoire du temps; à trouver les réponses qui telle une illumination subite, apporteraient enfin la lumière jusqu’aux ténèbres de sa conscience? Cependant, d’aussi loin que sa mémoire reculait, il se revoyait de toute façon, prisonnier d’une image, d’un rôle qu’il acceptait de jouer. Il ne pouvait en être autrement, puisque la vérité, synonyme d’incertitude et de combats sans fin, le terrifiait toujours autant. Désormais, elle s’imposait à lui criant de toutes ses forces que quoi qu’il fasse, il ne lui échapperait jamais!... Cela maintenant, après tant d’années passées, à se composer un personnage, à l’image crédible tant à ses yeux qu’à ceux des autres; il ne pouvait malheureusement, plus l’ignorer. |
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