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yeux ouverts (Les) - Entretiens avec Matthieu Galey
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Yourcenar, Marguerite
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Un véritable régal intellectuel !... Il n’y a pas moyen de qualifier ce livre plus exactement. Marguerite Yourcenar me semble être un des écrivains les plus importants du siècle passé, par sa culture, oui, mais aussi par son intelligence. Elle touche à l’universel et, rien que pour cela, elle devrait dépasser les siècles comme tous les autres grands auteurs qui ne se préoccupent en rien des modes, de « l’air du temps » comme le disait Camus.
Au cours de ces entretiens avec Matthieu Galey cette intelligence va nous être offerte, aussi, par la justesse et l’intelligence des questions posées. Ils portent très justement le sous titre « Les yeux ouverts » et là se retrouvent les grands auteurs.
Yourcenar va bien sûr nous parler de Zénon, d’Hadrien, ainsi que de l’ensemble de son œuvre. Mais elle va également nous parler de ce qu’elle pense d’autres écrivains, de son métier, de la vie en général, de l’homme, de ses origines à elle, de son éducation, de son enfance etc.
Un tout petit exemple de ce qui a été évoqué lors de ces entretiens avec l’extrait suivant :
« C’est par là que les gens dits « de gauche » ont trop souvent une naïveté de croyants des premiers âges du christianisme, persuadés que leurs solutions sont nécessairement bonnes, et rêvant comme tous les croyants d’une sorte d’Eden toujours finalement inaccessible, parce que l’homme est imparfait et qu’aucun rêve de perfection n’est à demi réalisé sans entraîner aussi la violence et l’erreur »
Un peu plus loin, elle poursuit et dit :
« Au fond, je suis convaincue qu’il n’y a pas de régime qui ne puisse être parfait, si l’homme qui l’applique est parfait, et parfaits les hommes qui l’acceptent. Un communiste idéal serait divin. Mais un monarque éclairé, comme le souhaite Voltaire, serait également divin. Seulement où sont-ils ? »
Il ressort de ce qui précède que les idéologies, de droite ou de gauche, sont dangereuses. L’idéologie, même inconsciemment, ou par conviction profonde, mène au mensonge et le rôle du véritable écrivain est de dénoncer le mensonge. Par définition, et là elle touche à l’universalité de l’homme, la perfection n’est pas de ce monde et ce ne serait que par la force qu’une « perfection » pourrait être imposée. Celui qui l’imposerait, comme ceux qui devraient l’accepter, ne sont pas plus parfaits les uns que les autres…
Et ceci n’est qu’un petit aspect de tout l’intérêt de ces entretiens.
Suggestion(s) de lecture : De Marguerite Yourcenar : Mémoires d'Hadrien, L'oeuvre au noir…. et la totalité de l'oeuvre.
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Hubert Viteux
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Genre : Essai
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Édition : Editions du Centurion, 1980, 336 p.
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11/1/2007
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