|
|
|
|
|
Gary, Romain
|
|
«Il devait penser que j'étais encore interdit aux mineurs et qu'il y avait des choses que je ne devais pas savoir. En ce moment, je devais avoir sept ans ou peut-être huit, je ne peux pas vous dire au juste parce que je n'ai pas été daté, comme vous allez voir quand on se connaîtra mieux, si vous trouvez que ça vaut la peine.»
Momo ne connaît pas son âge, mais il connaît le «droit des peuples à disposer d'eux-mêmes» et, conformément à ce droit sacré à la dignité, Madame Rosa, ancienne prostituée reconvertie en nounou pour «enfants de putes», n'est pas obligée d'aller à l'hôpital. Il va donc tout mettre en oeuvre pour la préserver contre l'acharnement thérapeutique. Car, s'il sait que l'on peut vivre sans amour, il sait aussi reconnaître cette chose formidable quand elle se présente. Il sait que sans l'amour qu'elle lui infuse, sans l'amour qui déborde de son propre coeur, en vrac pourvu que ça sorte, la vie serait une lutte perdue d'avance pour les petits pensionnaires de la rue Bisson, à Belleville. Pour nous parler d'un monde à part où les prostituée sont «des personnes qui se défendent avec leur cul», où les enfants vendent les chiens parce qu'ils les aiment trop, où les gens ont une grandeur d'âme insoupçonnée, Momo amalgame les mots sans toujours en saisir le sens, ce qui donne lieu à des phrases souvent incorrectes, mais toujours vraies et parfois même très crues. Cette oeuvre bouleversante mais jamais larmoyante, publiée sous le nom d'Émile Ajar, a remporté le Goncourt 1975, inscrivant ainsi Romain Gary dans la légende, puisqu'il est le seul romancier à avoir décroché deux fois le prestigieux prix. --Sana Tang-Léopold Wauters.
*Derrière le pseudonyme Emile Ajar se cache... Romain Gary. Il l'a utilisé pour écrire sans doute le plus célèbre de ses libres, La vie devant soi, qui a reçu le prix Goncourt en 1975. Il écrit de nombreux romans dont Les racines du ciel qui obtient le Goncourt en 1958.
La Vie devant soi est un roman qui montre comment la méfiance et l'étroitesse d'esprit peuvent être effacés par la tendresse, la compréhension, la générosité. Momo, le petit nord-africain, et Madame Rosa, la vieille juive presqu'impotente, se connaissent, s'apprécient, se soutiennent l'un l'autre face aux aléas d'une vie pas facile. Ces deux personnages représentent un défi de l'ignorance, à la méchanceté, à toutes les formes de racisme. Si le style peut paraître surprenant, c'est que la narration est faite par Momo, un enfant spontané et attachant, mais qui parle le langage de son âge et de son milieu… Un livre passionnant, mais aussi un film inoubliable.
|
|
Christiane Mélin
(332 critiques, cliquez pour les voir)
|
|
Genre : Fiction
| |
| | Date :
2/1/2009
|
ajoutez votre critique |
Livre(s) de Romain Gary critiqué(s) sur le Guide
Livre(s) de Romain Gary critiqué(s) sur le Club de lecture le BouquiNet
|
|
|
En ligne : 30959 visiteur(s)
|