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tyrannie de la communication (La)
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Ramonet, Ignacio
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Le monde des médias a connu de grands bouleversements au cours de la dernière décennie. L'auteur montre ici en quoi la qualité de l'information en souffre. Premièrement, l'abondance dilue. Deuxièmement, la concentration des médias et leur rachat par des géants du secteur privé favorisent la censure ou l'autocensure. Comment le réseau NBC pourrait-il laisser prédominer sur ses ondes un discours pacifiste alors qu'il appartient à General Electric, un des principaux fournisseurs de l'armée?
Troisièmement, l'instantanéité est devenue la valeur suprême de l'information, alors qu'elle est par définition incompatible avec l'analyse. Contrairement à ce que nous laisse croire CNN, « voir » n'est pas « comprendre ». Enfin, la concurrence et la cupidité encouragent la facilité et incitent les médias à donner priorité à « ce qui intéresse » et à « ce qui se montre » plutôt qu'à « ce qui importe ». C'est ainsi que l'actualité a été monopolisée par des personnages aussi
marquants pour l'humanité que Lady Di, O.J. Simpson et Monica
Lewinsky au cours des dernières années. C'est ainsi aussi qu'en 1989,
on a abondamment entendu parler de la fin du régime de Ceausescu en
Roumanie, mais à peine de l'invasion du Panamá par les États-Unis. Le second
événement a fait deux fois plus de morts, mais les caméras y étaient interdites.
Un chapitre particulièrement intéressant met au jour un bon nombre de supercheries dont les médias ont été les complices malhabiles ou malhonnêtes. Un des cas les plus célèbres
est celui du faux charnier de Timisoara, qui a enflammé l'Occident en
entier avant que quelqu'un ne fasse l'effort d'une recherche et se
rende compte que contrairement à ce qu'on affirmait en lettres de
sang, les gens dont on arborait ainsi les corps étaient décédés de mort naturelle et
n'avaient rien à voir avec la révolution en cours en Roumanie. D'autres exemples de reportages carrément tricheurs sont présentés.
Certaines remarques grandiloquentes, voire apocalyptiques, sur le monde contemporain et
certaines analyses ambitieuses (voir le chapitre sur les « mythes » de la Guerre du Golfe) de l'auteur ne peuvent s'en sortir qu'avec le bénéfice du doute. Cependant, s'il ne déteste pas plonger la tête dans les nuages, Ignacio Ramonet a rarement les pieds qui quittent le sol.
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François Lavallée
(210 critiques, cliquez pour les voir)
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Genre : Histoire, Géographie et Politique
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Édition : Galilée, 1999, 201 p.
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| | Date :
avant 2001
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