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Bouthillette, Benoît
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Ce premier roman de Benoît Bouthillette étonne… et cela dès les premières pages. Un style touffu, de longs, très longs paragraphes, des dialogues inexistants sauf ceux décrits par la tête et le cerveau du personnage principal, des références culturelles riches et variées et un personnage policier tout à fait atypique. Voici les premiers ingrédients de ce roman essoufflant mais prenant.
On ne lit pas La trace de l’escargot comme un autre polar; l’auteur ne fait pas dans la dentelle et il ne nous laisse pas le temps de nous détendre. Il faut être attentif, suivre le fil de l’histoire, être prêt à lire tranquillement une réflexion de Benjamin Sioui et tout à coup, dans le même paragraphe, courir après l’intrigue, s’essouffler en même temps que l’auteur, à la recherche de ce serial killer, amateur de peinture.
La trace de l’escargot est un roman fascinant qui vaut la peine de se forcer un peu, de travailler pour connaître le dénouement, de ne pas toujours trouver la lecture facile et surtout, de pécher par plaisir quand l’auteur nous montre tout son talent de conteur... Un passage inoubliable : la première rencontre entre le policier et un certain chauffeur de taxi… Complètement jubilatoire !!!
Je vous présente donc ce personnage. Benjamin Sioui est un Amérindien d’origine, peintre amateur et daltonien, anti-conformiste et cocaïnomane, amateur de musique et fan de Kurt Cobain. Et amoureux fou d’une médecin légiste, belle comme la nature, aux yeux de cet homme des bois. Il est venu à la fonction d’inspecteur pour élucider des crimes qui s’inspiraient de toiles de Francis Bacon.
Et, dans un Montréal la nuit, un peu glauque et beaucoup underground, il recherche l’auteur, le créateur de ces œuvres sanglantes. Et dans un style de roman policier tout à fait personnel, Benoît Bouthillette nous invite à une présentation artistique de l’horreur.
On ne s’ennuie pas durant cette lecture. Quelques passages souffrent d’une certaine longueur mais ils se laissent apprécier quand même. Le personnage principal, et que l’on espère récurrent, est très attachant ; les personnages secondaires n’ont pas encore toute leur profondeur. Mais, un deuxième roman devrait leur donner tout ce qu’il faut.
Un aspect négatif pour un inspecteur aussi cultivé : un langage un peu trop relâché, sûrement dû au style d’écriture parlée de l’auteur. Les « tu veux-tu » sont-ils vraiment nécessaires ??? Mais aussi, des centaines de pages très bien écrites, des passages savoureux, des perles de culture, des descriptions artistiques et musicales inspirantes et une poésie très urbaine.
J’ai adoré ce livre. Et surtout, je me suis senti respecté dans mon intelligence de lecteur. Ce n’était pas facile mais pour une fois, le plaisir coupable se gagne.
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Richard Migneault
(14 critiques, cliquez pour les voir)
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Genre : Mystère et Policier
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Édition : Les éditions JCL , 2005, 364 p.
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11/1/2007
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