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Volkoff , Vladimir
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Le lieutenant Lavilhaud, fils posthume d'un héros de guerre 39-45, est un homme de foi et de prière, un patriote convaincu, d'une grande culture, ce qui ne l'empêche pas d'aimer la vie militaire.
Il a accepté sa mutation dans un CROP (Commando régional opérationnel de protection) sans se douter qu'il s'agit d'un service de renseignements. À la surprise de ses subordonnés, et en « bon » chrétien qui voit en tout homme un frère et le visage du Christ, il s'est juré de faire du renseignement sans jamais recourir à la torture. Et il en fait, et du bon, par simple recoupement de fichiers, amitiés entretenues dans la population, et par de longs et précis interrogatoires sans brutalité où le prisonnier se fatigue, se contredit et finit par tout dire.
Jusqu'au jour où lui tombe entre les mains un jeune comédien en bonnes relations avec tout ce que Paris compte d'intellectuels de gauche, porteur de valises et convoyeur d'armes pour le FLN.
Manipulé par ses chefs, rongé par cette « faute » inexpiable, Lavilhaud purge cinq ans de réclusion criminelle après un procès qui l'a fait connaître comme « le Tortionnaire ». Quels cas de conscience ce jeune officier catholique plein de beaux principes a-t-il traversé pour en arriver là?
C'est la question posée par Volkoff, mais aussi qui mine son héros.
Une histoire « banale » en ces périodes-là. Mais on peut aussi lire cet ouvrage posthume comme le testament spirituel de Volkoff : la pureté parfaite en ce monde est impossible, il y a une connivence entre le bien et le mal, de plus grands biens et de moindres maux. Nous sommes tous de pauvres pécheurs, mais il y a chez ces pauvres pécheurs une aspiration au dépassement de soi et au sacrifice qui se réalise typiquement dans la guerre. Et la guerre terroriste, révolutionnaire, est une guerre d'un type nouveau où le renseignement est l'arme par excellence. Et que faut-il entendre par torture? Au-delà de l'interrogatoire poli d'homme à homme, les moyens de contrainte sont multiples et d'inégale brutalité. Volkoff n'ignore pas l'existence d'instincts sadiques chez certains et ne souhaite pas qu'ils soient encouragés. À la place du lieutenant, il ne recourrait à la contrainte physique que dans l'urgence et les autres moyens ayant été épuisés, mais il ne se l'interdirait pas, encouragé en cela par le R.P. Delarue, auteur d'un texte intitulé Terrorisme urbain, dont le général donne une page à lire à Lavilhaud.
Et c'est, bien sûr, une occasion de plus pour Volkoff de rendre hommage aux soldats dont la vie a été brisée par l'abandon de l'Algérie.
Il s'agit là d'un ultime roman de Vladimir Volkoff, essayant par son personnage bien peu sympathique, mais intègre, de se justifier, lui et ses idées...
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Christiane Mélin
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Genre : Fiction
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Édition : Editions du Rocher, 2006, 292 p. , ISBN : 2268057216
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| | Date :
6/1/2006
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