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Lam, Tran
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Tran Lam a dix ans quand éclate la guerre au Cambodge en 1975. Elle passera quatre années dans un camp de concentration où elle frôlera maintes fois la mort, que ce soit aux mains des soldats khmers rouges, menacée par les serpents ou rongée par la maladie. Le détail de sa vie quotidienne au camp a de quoi faire frémir, depuis les meurtres accomplis de sang froid par les enfants des Khmers rouges pour un oui ou pour un non jusqu'au travail forcé qui consistait parfois à défricher la jungle à la hache, parfois à cultiver le riz en passant la journée plongée jusqu'à la taille dans une eau infestée de sangsues, parfois encore à creuser des fosses où les travailleurs prisonniers allaient ensuite être eux-mêmes enterrés vivants (Tran Lam, ayant monté dans le dernier camion, échappera à cette fin horrible parce qu'il ne restait plus de place pour elle et ses quelques compagnons les trous...). Pour se refaire des forces après ces journées de dur labeur, un bol d'eau au fond duquel reposent trois grains de riz bien comptés. Mais curieusement, plus que les atrocités matérielles, ce sont les cris du cur de la petite fille mal aimée qui touchent le plus dans ce récit. Une petite fille qui avait trois ans à la mort d'un père dont elle ignorait jusqu'à l'existence, qui n'a presque pas connu sa mère tenue au loin par le travail puis par la guerre, et qui a constamment été méprisée par son grand frère (qui lui sauvera la vie pourtant) puis battue par sa demi-sur dans le camp de réfugiés de la Croix-Rouge. « Personne ne veut de toi », lui répète celle-ci. Après un tel début de vie, comment avoir la force de nier ces paroles? Arrivée au Canada vers l'âge de 15 ans, Tran Lam pourra enfin apprendre à lire et à écrire et rencontrer des gens avec qui partager de l'affection. Diplômée en psychologie de l'Université de Sherbrooke, c'est manifestement au terme d'un long cheminement qu'elle arrive ainsi, aujourd'hui, à nommer toutes ces souffrances physiques et morales avec tant de transparence et de lucidité. Qu'est-ce qui motive la lecture d'un tel livre? Le désir de savoir ce qui se passe ailleurs dans le monde? La volonté de détester une race humaine capable de tant de dureté? Le voyeurisme? La rencontre, enfin, d'une personne humaine.
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François Lavallée
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Genre : Faits vécus
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Édition : Stanké, 2002, 351 p.
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9/1/2002
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