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suicide et la mort libre (Le)
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Guirlinger, Lucien
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Le seul mot de «suicide» suscite toujours un recul horrifié. Ce «meurtre de soi» fut longtemps sanctionné moralement et juridiquement dans la société occidentale. Objet, successivement, d'une malédiction mystique chrétienne, d'une objectivation scientifique et d'une médicalisation psychiatrique, le suicide s'est vu dénier, en Occident toute signification positive. Pourtant, ni pervers, ni irresponsable, l'acte suicidaire témoigne, dans sa subjectivité même, d'une profonde humanité. Non pas nécessairement irrationnel, insensé ou indigne ne nous révèle-t-il pas à nous mêmes comme radicalement libres, exposés et responsables de notre projet de vie?
Les sciences expliquent, cherchent les causes, mais ne font pas intervenir la question du sens. Lucien Guirlinger dans Le suicide et la mort libre, écrit : «La psychiatrie est animée par le souci essentiel et compatissant de remédier au mal de vivre en prenant en toutes circonstances le parti de la vie - c'est une médecine - et met en oeuvre des thérapeutiques préventives et curatives. Dans une telle perspective, le philosophe est malade, puisque la question du sens est une des questions majeures qu'il se pose». Ce questionnement implique un exercice critique.... Le philosophe risque d'aboutir à des contradictions entre sa théorie et sa pratique quotidienne.
Peut-il en être autrement lorsqu'il est question du suicide? La morale est caractérisée par les normes qui ont valeur universelle ou générale, cela dépend du fondement, et qui contraignent chaque individu.
Guirlinger évoque une histoire des positions philosophiques quant au suicide....
De l'antiquité grecque au Christianisme, De Platon aux Stoïciens, sans oublier les vecteurs d'autres interprétations au travers des civilisations (dont le suicide désintéressé ou héroïque...) l'auteur en revient à nos cultures occidentales. Cette pensée va être une référence majeure pour les penseurs, du XVIe au XVIIIe siècles, qui essaient de comprendre et de légitimer ce qu'ils appellent le suicide philosophique. Il semble que lorsqu'on parle du suicide comme d'un acte de liberté sauvegardant la dignité de l'homme, il y a toujours, quelque part, cette idée de l'homme sui compos, maître de sa vie et de sa mort. Ce qui frappe dans ces deux conceptions antagonistes, justification ou condamnation du suicide, c'est que les deux prétendent savoir ce qu'est le suicide et le sens d'un tel acte.
Bref, on n'est pas obligé de faire l'apologie du suicide, bien sûr, mais on peut au moins essayer de s'extirper de la morale.
Un texte intéressant et d'une clarté rare qu'il serait dommage de ne pas lire.
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Christiane Mélin
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Genre : Philosophie, Religion et Spiritualité
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Édition : Pleins feux, 2000, 60 p. , ISBN : 9782912567536
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| | Date :
4/1/2008
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