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souffrances du jeune Werther (Les)
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Goethe
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Lorsque le nombre de suicides augmente après la mort délibérée d'une personne célèbre, on parle de « suicides d'imitation transmis par les médias » ou d'« effet Werther ». Ce concept est apparu pour la première fois il y a trente ans, mais le phénomène est plus ancien. En 1775, le conseil municipal de Leipzig interdit le commerce et la vente d'un roman paru anonymement une année auparavant, et ce au motif « que les exemples de suicides deviendraient plus nombreux ». Il est également interdit de porter des vestes bleues et des pantalons jaunes, car ce sont les habits que porte le héros du livre lorsqu'il se suicide.
Goethe, c'est Werther, le roman est le miroir de son amour pour Charlotte Buff, rencontrée à Wetzlar durant l'été 1772 et également déjà promise. La fin tragique de Werther lui a été inspirée par Karl Wilhelm Jerusalem, une lointaine connaissance de Goethe qui se suicide en octobre 1772 à la suite d'un amour déçu. Le succès du livre s'explique aussi par son réalisme : Werther est un personnage issu directement de la vie réelle et en qui une génération entière se reconnaît. Werther est l'homme moderne, tiraillé entre la société oppressante et étroite, et son for intérieur, le « cœur », qu'il invoque constamment comme symbole de son désir d'épanouissement personnel.
Que ce soit justement à cause de ce « cœur » que Werther échoue, là est le tragique; car ce qu'il vit est une phase de transition que doit traverser chacun dans son jeune âge. Enrichissante par l'intensité des sentiments et malgré toutes les douleurs, celle-ci ne devrait donc pas s'achever par un suicide, mais amener au contraire à une nouvelle étape de la vie. En 1821, Goethe dit à son secrétaire Eckermann :
« Cela serait certainement grave si chacun ne devait pas connaître une fois dans sa vie une période où le Werther lui apparaîtrait comme ayant été écrit spécialement pour lui ».
L'auteur, un jeune étudiant en droit du nom de Goethe, reçoit rapidement des lettres de pères aigris qui le rendent coupable de la mort délibérée de leurs fils : « Mon fils aussi avait souligné plusieurs passages de Werther, Dieu exigera de vous des comptes quant à l'utilisation de vos talents », peut-on lire dans une de ces lettres. Mais Goethe rejette toute culpabilité, il écrit : « Et vous voulez maintenant demander des comptes à un écrivain et condamner une œuvre qui, mal interprétée par quelques esprit bornés, a tout au plus libéré le monde d'une douzaine d'idiots et voyous, qui n'avaient rien de mieux à faire que de souffler la dernière lueur de leur faible lumière. »
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Christiane Mélin
(332 critiques, cliquez pour les voir)
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Genre : Classique
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Édition : Aubier Montaigne, 1992, ISBN : 2700710142
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| | Date :
9/1/2006
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