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Selby Jr, Hubert
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Ouf! Tout un livre!
Ma première intention était de le lire en anglais, mais il n'était pas disponible en librairie et il ne fait pas partie de la collection de la bibliothèque municipale. Je l'ai donc emprunté en français, mais mes craintes étaient fondées... Étant bilingue, j'ai beaucoup de mal à ne pas être distraite quand le personnage principal d'un roman qui se passe dans l'un des quartiers les plus mal famés de New York, parle argot et dit « putain » à chaque phrase. Évidemment, le traducteur n'a pas le choix.
L'auteur ne nous fait pas languir! À la page 7 (première page du texte), Bobby (afro-américain) frappe de son poing sur le mur pour éloigner les rats qui font du bruit en y circulant, à la page 10 il retrouve sa petite copine Maria (latino) et tous deux se font harceler par une bande du quartier (des latinos). Page 11, Bobby est battu par le gang à coups de chaînes et Maria reçoit un jet d'acide sulfurique dans le visage.
Bobby a 13 ans, Maria en a 12...
C'est ce que j'appelle entrer dans le vif du sujet! Le reste du volume oscille entre la haine et l'espoir, le désespoir et la lumière vacillante de l'amour.
Quelques surprises, et pas nécessairement des plus agréables...
L'écriture (difficile de juger à cause de la traduction) est
inhabituelle, la structure très déstabilisante avec des changements de paragraphe en plein milieu des phrases. Aucun chapitre, le livre est un long texte sans halte. Tout cela n'est pas facile, mais on ne peut s'empêcher de poursuivre la lecture. Il y a des successions de verbes qui deviennent des qualificatifs, je pense que le traducteur a fait un excellent travail.
La fin est difficile. Il y a des descriptions plutôt « colorées », mais quand Bobby réalise qu'il a perdu l'écharpe offerte par Moishe, j'ai eu les larmes aux yeux et la gorge serrée. Toutefois, l'emploi d'une majuscule dans le dernier monologue de Moishe qui dit « Merci » et « Je T'aime » ainsi que « ... sans Toi je ne suis rien » m'a dérangée. L'auteur fait sans doute ici allusion à Dieu ou alors à une Force supérieure. Je le respecte si ce sont ses convictions personnelles, mais en ce qui me concerne, cela m'a fait perdre tout engagement émotif dans ce livre et c'est froidement que j'ai lu les deux dernières pages. C'est quand même dommage... mais c'est comme ça.
Est-ce qu'il a toujours la même écriture? Sans chapitre, avec des changements de paragraphe en plein milieu des phrases???
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Libellule
(63 critiques, cliquez pour les voir)
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Genre : Fiction
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Édition : Olivier, 1999, 303 p. , ISBN : 2879291844
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| | Date :
8/1/2004
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Selby Jr, Hubert
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Bobby est un jeune adolescent noir de 13 ans qui vit avec sa mère et ses
frères dans un taudis du Bronx infesté de rats. Il a une « fiancée »,
Maria, une jeune portoricaine de son âge. Un matin, alors qu'ils
partent pour l'école, une bande de portoricains les agresse : Maria
est défigurée par un jet d'acide sulfurique, Bobby sérieusement
blessé. La jeune fille est embarquée pour l'hôpital, Bobby
s'enfuit... À bout de forces, il est recueilli par Moishe, un étrange
personnage qui vit dans une cave et qui va le soigner. Une
merveilleuse histoire d'amitié va naître entre le vieil homme, être
meurtri, peu ménagé par la vie mais qui a pardonné à ses bourreaux,
et ce gosse des rues qui aurait pu être son petit-fils et qui ne
pense qu'à se venger... Personnage plein de sagesse, ayant appris à
profiter des petits bonheurs quotidiens, Moishe va essayer de le
convaincre que la haine tue encore plus celui qui la ressent que
celui à qui elle est destinée... mais ce n'est pas une chose que
Bobby semble prêt à comprendre : « Meeerde, des clous, la haine ça
aide à viv, mec, c'est ça qui tfait bouger, qui tfait respirer, tant
que t'as la haine tu restes en vie, sinon tu l'as dans lcul, han han,
tu peux pas t'en sortir dans sputain dmonde si t'as pas la haine cont
quelque chose...cont quelqu'un....han han, rien à faire. » (p. 171)
On s'habitue assez rapidement au style très particulier de
l'écriture. La ponctuation est presque inexistante, l'auteur écrit
comme ses personnages parlent et pensent et ça donne une force
incontestable au roman. On ressent un réel malaise face aux scènes de
violence, l'auteur ne nous épargne rien. Les personnages sont
réellement attachants; on ne peut être qu'ému par le personnage de
Moishe et en admiration devant sa philosophie un peu bouddhiste
finalement, sa capacité d'amour pour ce jeune garçon que la vie a mis
sur son chemin. C'est un livre d'espoir, une belle réflexion sur la
violence, la haine et la vengeance.
Informations complémentaires :
Hubert Selby Jr est né à Brooklyn en 1928. À 15 ans, il s'engage dans
les Marines. Atteint d'une grave maladie pulmonaire, il est renvoyé
chez lui. Hospitalisé pendant plusieurs années, un poumon et des
côtes en moins, condamné plusieurs fois, il décide d'écrire : « Je
suis devenu obsédé par l'idée de faire quelque chose de ma vie avant
d'en finir. Je connaissais l'alphabet. Peut-être bien que je pouvais
devenir écrivain. »
Son premier roman, Last Exit to Brooklyn, qui met en scène
des personnages hallucinés, désespérés, qui détruisent et
s'autodétruisent dans un monde d'une violence inouïe, paraît en 1964 et remporte un
succès phénoménal mais est aussi interdit en Angleterre et dans
plusieurs États américains.
Ses romans suivants, La geôle (1972), Le démon (1976), Retour à
Brooklyn (1978), seront si noirs que la critique américaine va
inventer pour Selby le terme de « sordidisme ». Ces trois romans,
démolis ainsi par la critique, ne connaîtront aucun succès en
Amérique. Selby va alors connaître une période noire, réduit à vivre
de l'aide sociale...
Chanson de la neige silencieuse en 1983, récit de sa dépression
nerveuse, annonce déjà un changement dans la vision de Selby. Dans
Le saule, refusé par les éditeurs américains et publié en 1999 en
Grande-Bretagne, bien que le problème de la violence soit toujours
présent, Selby essaye de proposer une solution : « Il ne s'agit plus
seulement de s'enfoncer dans les ténèbres mais de trouver un moyen de
rejoindre la lumière ». Cette évolution correspond
d'ailleurs à l'évolution personnelle de Selby.
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Anne-Charlotte
(113 critiques, cliquez pour les voir)
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Genre : Fiction
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| | Date :
avant 2001
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Selby Jr, Hubert
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Ce livre fut pour moi une énorme découverte; celle d'un auteur, mais
aussi celle d'une écriture particulière.
Hubert Selby Junior utilise la ponctuation d'une manière très
fantaisiste : ses phrases sont longues et entrecoupées de blancs. Après
cette première adaptation, il faut s'adapter à l'écriture phonétique des
propos de Bobby, jeune noir des quartiers défavorisés!
Et là, le lecteur découvre une formidable histoire, celle d'une
rencontre de deux êtres en souffrance: Bobby, le jeune noir, et Werner,
alias Moishe, vieil allemand revenu des camps de concentration. Ce
livre est un hymne à la tolérance, un livre d'espoir!
«Et Moishe comprenait tout ce qu'éprouvait Bobby pour l'avoir éprouvé
lui-même et s'en souvenir encore en dépit de tout le temps écoulé,
s'en souvenir à chaque douleur près, à chaque souffle près... à chaque
larme... mais il voulait laisser à Bobby le temps d'accomplir son propre
chemin, s'appliquant seulement à effacer sa peur à force d'amour, à
aimer Bobby... juste l'aimer...».
Il y a certainement beaucoup de Selby dans le personnage de Moishe,
et cela donne aussi l'envie de l'aimer!
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Christelle Divry
(832 critiques, cliquez pour les voir)
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Genre : Fiction
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| | Date :
avant 2001
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Livre(s) de Hubert Selby Jr critiqué(s) sur le Guide
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En ligne : 30579 visiteur(s)
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