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Montherlant, Henry de
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Henry de Montherlant est un auteur qui est un peu passé de mode. Peut-être est-ce dû à la grandeur assez classique de son style (Marguerite Yourcenar souffrirait également un peu de cette injustice)...
Nous sommes au Maroc, colonie française, en 1932. Le lieutenant Auligny est à peine débarqué de France. Il est assis à une terrasse et observe ce qui l’entoure. Son jugement est catégorique : que fait-il là entouré de Juifs, d’Anglais, d’Espagnols, d’Arabes, etc.
À ses yeux, il est « la civilisation incarnée ». Aux petits Espagnols qui veulent cirer ses chaussures, il hurle « Va t’en ! » L’auteur fait remarquer qu’en France, il aurait dit « Vous » mais ici, au Maroc, il pensait « Bicots et Espagnols tout ça c’est la même graine ».
Auligny, un peu plus tard, va faire la connaissance d’un autre Français au nom de Guiscard. Celui-ci lui fait remarquer son comportement et ce qu’il a d’illogique. En France, s’il s’était fait voler, il n’aurait pas dit « Sale Français » alors qu’ici, il dirait « Sale Arabe ».
Notre lieutenant va rejoindre son poste dans le désert et découvrira beaucoup de choses. Son opinion sur la colonisation va évoluer ainsi que sur le comportement des Français. Mais il se doute bien que ce qu’il découvre ne pourra pas être dit en France tant son pays est fier de ce qu’il fait dans la colonie. Les images sont bien trop profondément ancrées dans l’esprit des Français de la métropole.
Voici ce qu’il ne pourra pas s’empêcher de penser :
« Quelle que soit sa culture, quel que soit son degré de civilisation, un peuple envahi est toujours un peuple envahi. Et quand il cherche à faire le plus de mal possible à l’envahisseur, le bon sens élémentaire proclame cela légitime. C’est ce qui me révolte chez nous : que l’adversaire soit toujours traité en malhonnête homme. Par n’importe quel moyen, même les plus vils, on veut maintenir la fiction que nous seuls nous avons pour nous le bon droit. »
Une autre pensée d’Auligny va également s’avérer très vraie par la suite : le jour où certains arabes devraient prendre le pouvoir, celui-ci serait bien plus dur encore pour les petits qu’il ne l’était du temps du colonisateur…
La dictature n’a-t-elle pas pratiquement toujours remplacé le régime de la colonie?
Un excellent livre que celui-ci!
Suggestion(s) de lecture : Du même auteur: Le maître de Santiago,"La reine morte, Les jeunes filles, Les bestiaires, Port Royal, Le cardinal d'Espagne
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Hubert Viteux
(225 critiques, cliquez pour les voir)
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Genre : Classique
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Édition : Folio, 1968, 589 p.
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12/1/2007
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