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Bourguignon, Stéphane
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Tout au long de ma lecture du Principe du geyser, je revenais à des paroles de Saint-Exupéry : « Il n'y a pas de fatalité extérieure. Mais il y a une fatalité intérieure : vient une minute où l'on se découvre vulnérable; alors les fautes vous attirent comme un vertige. » (Vol de nuit) ou « Nul ne peut se sentir, à la fois, responsable et désespéré. » (Pilote de guerre). Mais c'est incroyable combien ce jeune Julien n'a pas d'assises sur lesquelles se reposer. Il se pense « en amour » par moments et il n'est qu'« en chaleur » ou « en passion ». En anglais, on dirait qu'il est entre in love et in lust. Tous les personnages d'ailleurs sont axés sur leur plaisir, l'immédiateté, les sensations fortes, les drames et les grands émois. Quelle société adolescentrique! En tant que lectrice, j'avais le goût de plonger dans le livre et de materner ces grands enfants et ce pauvre petit Antoine, qui doit être absolument confus devant ce grand monde à la dérive. Pour utiliser un langage freudien, le ça est le moteur principal qui propulse les personnages vers la tragédie en leur laissant croire que la liberté, c'est faire ce qu'on veut quand on veut. Lorsque se flamber la cervelle reste la seule solution, c'est qu'on a passé complètement à côté de l'amour, à côté de la responsabilité, à côté de la vie adulte... Enfin, si l'histoire ne m'a pas trop accrochée, l'écriture, elle, m'a ravie. Stéphane Bourguignon a la plume intelligente et j'ai apprécié ses nombreuses métaphores comme j'ai savouré son sens de l'humour cynique et décapant. Quel talent! Il est très observateur et il sait nous rendre ses personnages sympathiques, malgré tout, par leurs répliques savoureuses et colorées. J'ai regretté de ne pas avoir lu L'avaleur de sable car sur la couverture arrière il est écrit « suite de... ». J'aurais peut-être embarqué un peu plus dans ce monde de jeunes... pas si jeunes tout de même, car ils sont dans la trentaine... je dis « peut-être » car il y a de fortes chances que je serais restée là à hocher la tête en me disant : « Mais ils tournent en rond... ils ne savent pas communiquer... où est leur sens de la vie? où sont leurs valeurs? mais ils n'ont aucune discipline! où est leur pouvoir personnel? L'auteur les victimise un après l'autre! Ils subissent la vie... Que c'est triste! Où sont les hommes et les femmes debout? » C'est pour toutes ces raisons que le livre Le principe du geyser, pour moi, n'est pas un grand livre. Pour être un grand livre, il aurait fallu y retrouver une certaine philosophie existentielle ou des valeurs universelles ou de la beauté d'âme ou de la noblesse de caractère ou un héros quelconque... Les personnages de Stéphane Bourguignon sont petits dans leur monde de misère qu'il se crée à leur propre dimension. Dommage! L'auteur a pourtant davantage à offrir car il est très talentueux et très habile à juxtaposer des idées et des mots. Peut-être qu'avec un peu de maturité, il arrivera à pondre un chef-d'oeuvre... Pour l'instant, ce livre reste amusant et divertissant. C'est déjà quelque chose...
Suggestion(s) de lecture : Marguerite Duras de Laure Adler.
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Lysette Brochu
(14 critiques, cliquez pour les voir)
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Genre : Romance
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4/1/2002
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Livre(s) de Stéphane Bourguignon critiqué(s) sur le Guide
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