|
|
pouvoir? Connais pas! (Le)
|
|
|
Payette, Lise
|
|
Dès la lecture de la quatrième de couverture du Pouvoir? Connais pas!, j'y ai trouvé une sorte d'excès qui m'a mis mal à l'aise. Mal à l'aise car après tout, étant un homme, suis-je habilité à juger de ce qui est excessif dans la dénonciation des inégalités entre les hommes et les femmes? Lise Payette dénonce les stéréotypes. Or, on combat parfois ce qu'on est, et cette lutte n'est jamais aussi fanatique que lorsqu'elle est inconsciente. J'ai certes été renversé en lisant le passage du manuel scolaire de deuxième année ayant encore cours en 1980 où l'on décrivait ce Guy dont l'« ambition est de devenir champion » et sa petite sur Yvette qui « trouve toujours le moyen de faire plaisir à ses parents ». (On trouve d'ailleurs en annexe du livre un dossier de presse complet sur le fameux épisode des « Yvette » du référendum de 1980.) Mais parlant de stéréotypes, que dire de cette phrase de la page 105 du livre même de Lise Payette : « C'est dans des moments comme ceux-là que je regrette de ne pas être un gars pour casser la gueule à ceux qui propagent de telles énormités »? Cette fois-ci, en tant qu'homme, je me sens compétent pour juger de l'excès du propos.
Le pouvoir? Connais pas! décrit les cinq années (1976-1981) pendant lesquelles Lise Payette a été ministre du Parti québécois. Se considérant, apparemment parce qu'elle est femme, comme l'« opposition à l'intérieur du pouvoir », elle s'est chargée de divers dossiers, notamment l'instauration d'un régime public d'assurance-automobile et l'adoption d'une nouvelle loi de protection du consommateur. En annexe, elle livre son « testament politique », soit la teneur du document d'orientation sur le rôle social de l'État que René Lévesque lui avait demandé de préparer juste avant son départ. Ce document livre le fruit d'une réflexion intéressante sur certaines valeurs incontestées de notre société (autonomie, liberté, charité) et sur la paradoxe qui fait que cette même société réussit à les contourner.
Malgré ce que je m'autorise à considérer comme une sorte de monomanie (comme ce juif que j'ai
connu et qui criait à l'Holocauste chaque fois qu'il rencontrait une difficulté personnelle), les
propos de Lise Payette sur la politique, la société et le féminisme sont souvent inspirants. On
notera aussi avec intérêt son point du vue sur la souveraineté, sur la question référendaire et sur
l'interprétation des résultats du référendum de 1980. Les Québécois ont dit non à une question
qu'ils se sont posée eux-mêmes et qui portait finalement sur le statu quo (« le mandat de négocier »). Difficile de se piéger plus lamentablement.
|
|
François Lavallée
(210 critiques, cliquez pour les voir)
|
|
Genre : Histoire, Géographie et Politique
| |
Édition : Québec Amérique, 1982, 212 p.
|
| | Date :
avant 2001
|
ajoutez votre critique |
Livre(s) de Lise Payette critiqué(s) sur le Guide
|
|
|
En ligne : 1132 visiteur(s)
|