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Arditi, Métin
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Aldo Neri, violoniste virtuose, reçoit à son hôtel une enveloppe alors qu'il est à Paris pour un concert. Un certain Docteur Rey, psychiatre et psychanalyste, lui transmet une liasse de feuillets manuscrits, rédigés par sa mère, Anna, pendant son analyse. Ces notes couchées sur papier au hasard des souvenirs, parfois hagardes, détiennent-elles la clé du suicide de sa mère dans une chambre d'hôtel sordide de Berlin, cinq ans auparavant? Pourquoi Berlin? Rongé par la curiosité, terrifié, aussi, par ce qu'il pourrait découvrir, Aldo se lance dans une lecture compulsive de ces notes, malgré les mises en garde de Rose, son épouse, qui est aussi sa luthière.
Si la mère se suicide en se tranchant les cordes vocales, c'est qu'elle avait établi à travers la ventriloquie des relations complexes et heureuses avec ce fils...
Petit exemple pris dans l'« histoire » de La pension Marguerite pour tenter de prouver à ceux que ce commentaire éloignerait que ce livre, touffu incontestablement, n'est jamais superficiel.
Quant à « la fente » du violon, elle a tant de sens qu'il manque de place ici pour les épuiser.
Un livre vaut-il seulement par la narration proprement dite ou aussi par la signification que sa lecture amène à notre écoute de la musique du monde, ou dans le fil de notre propre histoire?
C'est ce bonheur que je vous souhaite avec La pension Marguerite.
Douleurs de l'exil, solitude, arrachement à une mère débordante d'amour; honte et culpabilité refoulées dans une carrière érigée comme un rempart... Tels sont les thèmes principaux qui traversent ce récit, dont la partition ambitieuse, complexe et parfaitement maîtrisée se structure autour d'une journée dans la vie d'un concertiste.
Oublier la pension Marguerite et lire, relire, lentement en une fois, comme on écoute un opéra, Victoria-Hall, qui reste un petit bijou de roman, à la fois littéraire, musical, intimiste et ouvert à un sujet universel : ce que l'on est par son passé, ce que l'on peut devenir en écoutant l'âme au fond de soi, libérée du carcan de l'image de soi. Lire, relire, à voix haute, à voix murmurante. Parce qu'une fois franchi le seuil de La pension Marguerite, pour ouvrir et ne plus lâcher ce livre haletant, poignant, qui raconte tant de vies, et tant sur la vie.
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Christiane Mélin
(332 critiques, cliquez pour les voir)
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Genre : Fiction
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12/1/2006
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