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Schmitt, Eric-Emmanuel
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Il y a des lectures qui marquent, qui bouleversent et qui font encore réfléchir longtemps après que l'on en ait lu la dernière page. La part de l'autre, récit d'Éric Emmanuel Schmitt sur Adolf Hitler, est de ceux-là!
Loin de se targuer d'avoir écrit une biographie du célèbre dictateur ni d'en faire l'apologie, l'auteur démarre son récit au moment où, à dix-sept, Hitler, jeune artiste refoulé, est refusé à l'Académie des Beaux-Arts de Vienne. Il trace à partir de ce point une double trame narrative qui explore d'une part les événements historiques tels qu'ils se sont déroulés et de l'autre, la personne qu'Hitler aurait pu être si, au contraire, il avait été accepté par ladite institution et avait appris à guérir ses blessures anciennes.
Par ce pari audacieux, Schmitt voulait prouver que le Hitler que tous démonisent était en fait un être humain qui a basculé de l'autre côté de son humanité. Il nous le rend presque sympathique dans les débuts de sa vie adulte, alors que son double est arrogant, pour ensuite inverser les rôles et entrer dans la tête du personnage historique que tous connaissent, ce qui nous le montre sous un jour jamais visité auparavant.
Si, au départ, les deux récits en parallèle peuvent être difficiles à suivre, on les démêle assez vite vu les personnalités diamétralement opposées que se forgent les deux Hitler. Ce qui était le principal défaut du livre devient donc son moteur et le dynamise. À la fin du récit, l'auteur a ajouté un journal de bord d'une trentaine de pages qui relate ses recherches et l'état d'esprit particulier dans lequel il se trouvait lorsqu'il a écrit le livre. Une touche personnalisée qui nous éclaire encore plus sur certains points.
Je n'avais jamais lu d'Éric-Emmanuel Schmitt auparavant, mais cette oeuvre me donne le goût de découvrir cet auteur plus avant.
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Amélie D.
(5 critiques, cliquez pour les voir)
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Genre : Fiction
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| | Date :
11/1/2008
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Schmitt, Eric-Emmanuel
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Le 8 octobre 1908 Adolf Hitler passait un examen pour entrer à l'École des Beaux-Arts de Vienne, malheureusement pour lui et pour le reste du monde, il était recalé. Mais Schmitt tente dans son roman de nous montrer le Hitler que le monde a connu, et celui que nous aurions pu connaître s'il avait été accepté à l'Académie.
C'est un roman qui est difficile à commenter. Tout au long de ma lecture quelque chose me chicotait. Était-ce le ton différent de l'un de mes auteurs favori? Était-ce cet Hitler différent que l'auteur me présentait comme n'étant pas seulement un tyran, mais bien un homme à part entière avec des sentiments, des choix à faire. Oui c'était cela. Je ne connaissait pas Hitler vraiment. Je n'en savais que peu de chose en fait, seulement ce que l'école m'en avait appris. Maintenant, j'ai compris que cet Adolf Hitler était aussi un humain comme moi, mais qu'il n'a pas toujours fait les bons choix.
C'est un roman qui mérite d'être lu, même si c'est dur, même si la vérité est parfois choquante. J'ai compris que malgré les leçons de philosophie, j'avais moi aussi une pensée abstraite comme l'entendait Hegel. J'avais toujours vu Hitler comme un être sanguinaire, un meurtrier, un dictateur, mais en fait, il était avant tout un homme et pas seulement un assassin.
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Dytal
(516 critiques, cliquez pour les voir)
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Genre : Fiction
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| | Date :
7/1/2003
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Schmitt, Eric-Emmanuel
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Que serait-il passé si le jury de l'école des beaux-arts avait admis le
jeune Adolf Hitler???
À partir du 8 octobre 1908, l'auteur imagine la vie de Adolf H., reçu à
l'académie, peintre peu talentueux mais conscient de ses manques, ses
amitiés, ses amours, sa souffrance lors de la guerre des tranchées : un
être émotif, sensible, attachant. Il rencontre Freud, psychanalyste débutant; et cette partie de l'histoire est une des plus réussies...
En parallèle, la vie de Hitler recalé, aigri; après une intoxication à
l'ypérite, il est traité par suggestion hypnotique : « Cessez de vous
aveugler et votre aveuglement cessera de même. Retrouvez la foi, croyez
en vous. De grandes choses vous attendent.... Vous le devez à l'Allemagne. »
Investi par une aussi grande cause, Hitler allait devenir ce que l'on
sait...
Un livre fascinant, qui laisse songeur, mais aussi rend un peu d'espoir dans le genre humain. Admirablement écrit comme les autres ouvrages
de Schmitt.
Suggestion(s) de lecture : Du même auteur: Variations énigmatiques, Hotel des deux mondes, Mr Ibrahim et Les fleurs du Coran.
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Brigitte Pays
(11 critiques, cliquez pour les voir)
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Genre : Fiction
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| | Date :
avant 2001
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ajoutez votre critique |
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Schmitt, Eric-Emmanuel
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Le 8 octobre 1908, Adolf Hitler est recalé par l'École des Beaux-Arts de
Vienne. On considère qu'il n'est pas apte à suivre l'enseignement. Et si ce
jour-là, le destin d'Adolf Hitler avait changé? Si ce jour-là, c'est le
destin du monde qui avait pris une tournure différente en frustrant dans ses
créations « artistiques » un jeune homme du nom de Hitler? Que serait devenue
l'Europe? Que serait devenu le monde? Que serait devenu le peuple juif?
« Que serait devenu le monde si Adolf Hitler n'avait pas été recalé? » C'est
la question que l'auteur se pose et à laquelle il essaye de répondre.
Le livre est scindé en deux. On suit de manière parallèle
l'évolution d'Adolf Hitler, qui deviendra le dictateur que l'on connaît, et
celle d'Adolf H., le même homme, mais ayant réussi son passage à l'École des
Beaux-Arts et s'y étant épanoui du point de vue artistique. De manière
parallèle, on suit les deux personnages qui vont voir leur personnalité se
forger au fur et à mesure des événements. La guerre de 14-18, dont l'horreur
inspirera Adolf H. tandis que la même guerre lancera l'élan patriotique
d'Adolf Hitler, lui qui a vécu dans la misère. S'ensuivent les années 20-30, et
la montée irrésistible d'Hitler au pouvoir jusqu'à la guerre, jusqu'à ce
qu'il s'embourbe dans les plaines russes, et que les Alliés reprennent du
terrain, jusqu'à ce que Hitler mette fin à ses jours tandis que l'autre héros,
lui, s'interrogera sur sa capacité à peindre, sur sa relation avec les femmes
tandis que le dictateur n'avait pas de question à se poser : il avait
les femmes en horreur.
Si l'idée était incroyablement bonne, si la construction du roman en
deux vies parallèles sert très bien l'histoire, il est dommage que
l'auteur nous serve parfois des personnages trop caricaturaux. Si les
données purement historiques ne sont pas particulièrement à reprendre (car
de toute manière, on ne recherche pas ici la rigueur historiographique
puisque l'on nous sert des personnages de roman, Adolf Hitler y compris), les personnages, surtout celui d'Adolf Hitler, manquent de réalisme. Hitler est présenté comme un homme ayant un ego démesuré, une confiance en lui à toute l'épreuve. Il se croyait
véritablement le père fondateur d'une nouvelle Allemagne, etc. Si
effectivement, Hitler n'était pas dans le genre à pleurer sur l'épaule des
autres, ce côté de la personnalité est tellement mis en avant qu'elle
supprime tout le reste. L'auteur ne l'envisage pas sérieusement comme
quelqu'un d'intelligent, de calculateur, d'extrêmement habile à manier non
seulement les foules mais aussi les diplomates. Il décide de son
antisémitisme un peu par hasard, se fait allemand pour s'engager dans la
guerre, déclare la solution finale parce qu'il faut bien qu'il trouve
quelque chose à faire pour éviter de s'ennuyer. Oui, certes, l'auteur voit
bien Hitler comme un très grand manipulateur de foules, mais pas du tout
comme quelqu'un qui ferait ça par talent, plutôt parce que c'est la
seule chose qu'il sait faire. Tant qu'à romancer Hitler, peut-être aurait-il
fallu le peindre un peu différemment.
Je parle d'Hitler, mais je devrai parler aussi d'Adolf H., qui, lui, est
beaucoup mieux construit, me semble t-il, et dont la psychologie est mieux
abordée. Quant à la sœur Lucie, elle est tellement parfaite elle aussi que
finalement, on n'arrive pas trop à croire en elle. Pour ce qui est de Sigmund Freud, je
n'ose pas en parler, on se croirait dans un film hollywoodien super grand
public (cela dit sans être péjoratif). Le gentil psy devine toutes les
réactions de son patient jusque dans les moindres détails, et semble être
l'exacte réplique d'un psy tel que l'on pourrait se l'imaginer.
Mais je ne devrais pas être si dur avec le roman car il est passionnant de
suivre le devenir politique de l'Allemagne avec ou sans Hitler, avec ou
sans cet homme qui a su galvaniser les foules en s'appuyant sur leur
nationalisme et sur la frustration résultant de la Première Guerre.
Et même si finalement on n'est pas d'accord avec la vision de l'auteur sur la
manière dont évolue l'Allemagne sans Hitler, tout comme la vision que l'on
peut avoir du dictateur, puisque finalement les données historiographiques
ne sont pas facilement abordables, on ne s'empêche pas d'y réfléchir, et la
lecture en est d'autant plus passionnante.
Une idée très originale et qui, malgré des personnages qui ne semblent
pas toujours très crédibles, est très bien exploitée par l'auteur.
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Cédric Blanchard
(308 critiques, cliquez pour les voir)
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Genre : Fiction
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| | Date :
avant 2001
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Livre(s) de Eric-Emmanuel Schmitt critiqué(s) sur le Guide
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