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Milton , John
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John Milton (1608-1674) figure parmi les géants de la littérature anglaise.
Un glaucome, aggravé par ses travaux incessants pour donner une base à ses pamphlets, se termine par une cécité totale qui force Milton, à partir de 1654, à dicter ses vers et sa prose à un secrétaire et/ou à sa famille.
Le paradis perdu est un long poème épique en douze livres écrit dans ces circonstances particulières.
Milton y pose la question « essentielle » dans son milieu et son époque :
Quelle était la nature de la joie de l'homme paradisiaque? Les roses du paradis se fanaient-elles? Milton se garde de répondre à ces épineuses questions.
Les romantiques, habiles en renversements, ont faussé l'interprétation de l'œuvre en exaltant l'ennemi du genre humain, Satan, présenté comme une victime injustement traitée et dont ils cherchaient à magnifier la rébellion. Satan, c'est non seulement la protestation de l'individualisme puritain, mais aussi la volonté d'autonomie de l'humanité. Satan devient alors la créature superbe qu'apprécia Herman Melville.
Pour beaucoup d'auteurs, Satan prend seulement du plaisir à détruire, comme dans Macbeth, et comme, plus tard et avec plus de raffinements, les personnages de Sade. D'autres, comme Gide, ont estimé que le poète n'avait atteint sa liberté d'artiste que dans l'évocation de l'univers satanique. Ce sont les mêmes qui reprocheront à Dostoïevski d'avoir donné une conclusion soi-disant moralisante à son roman Crime et Châtiment, qui s'achève par une allusion à la régénération de Raskolnikov et son entrée dans un monde nouveau, celui de la communion.
Les admirateurs du cromwellien qu'est Milton - ce qui lui valut un séjour en prison - admirent la révolte pour elle-même, sa portée métaphysique dans laquelle se dessine la figure du blasphémateur.
Ici le romantisme est encombré de scories, d'attitudes théâtrales, de tourments affectés. Milton décrit le surgissement du chaos consécutif à la violation première. Le macrocosme se trouve ébranlé par des mouvements anarchiques, par le désordre général.
Auteur « chrétien » mal interprété souvent, Milton se lit non sans quelque difficulté. Cela dit, l'on peut rendre hommage à une mémoire et à une capacité d'organisation hors du commun, et à une maîtrise parfaite de la langue, qui font de l'auteur une référence romantique.
À lire bien évidemment de préférence en version originale, exercice bien difficile!
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Christiane Mélin
(332 critiques, cliquez pour les voir)
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Genre : Classique
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Édition : Belin, 1990, 533 p. , ISBN : 2701111781
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8/1/2006
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