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Köppen, Eddlef
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Je viens de terminer la lecture de L'ordre du jour, de Eddlef Köppen.
Très sincèrement, je ne puis que recommander ce superbe livre.
Les témoignages allemands sur la Première Guerre mondiale, traduits en français, ne sont pas légion.
D'ailleurs.... on ne devrait pas tenir ce livre en main!
Roman sans lecteurs, interdit par les nazis dès 1933, condamné au silence depuis soixante-treize ans, L'ordre du jour figure en tête de la « Liste des produits littéraires nocifs et indésirables » établie par les services de propagande du Reich.
Avant d'être relégué, saisi et détruit, le produit en question avait pourtant été salué comme un chef-d'œuvre par les meilleurs critiques de la République de Weimar finissante. Nocif car pacifiste, indésirable par l'aspect futuriste de son écriture, L'ordre du jour est le témoignage le plus puissant qu'on ait jamais écrit sur la Première Guerre mondiale.
Dans cette oeuvre largement autobiographique, Eddlef Köppen, plus tard censuré par les nazis, nous livre un témoignage de première qualité (tant pour l'horreur époustouflante des scènes de guerre que pour les récits des moments de répit ou d'attente), rare (je ne connais pas d'autres mémoires d'artilleur allemand), de très belle plume, écrit dans un style moderne, dont l'originalité sert très bien l'intensité dramatique.
Historique et fidèle (tout sonne si vrai), et très intéressant (l'évolution des sentiments guerriers du « héros » est décrite avec finesse, avec nuance, mais inéluctable).
Quelle description des batailles à Loos, Souchez, Lens, Vimy ou Notre-Dame-de- Laurette, juste entre Arras et Lens, puis Douais, pour passer en Baie de Somme, un tour sur le front de l'Est en Russie, dévorée par sa guerre civile naissante, puis Verdun...
Les attaques de gaz dans toute leur horreur, effets compris, et quelle narration d’un barrage d’artillerie en 1916 !
For,fort, très fort tout cela !
Trommelfeuer, feuerwaltze, cela tonne encore, à des moments presque insupportables à lire !
Et l’horreur de la guerre... pas étonnant qu'à la fin notre protagoniste Adolf Reisiger termine comme son « père » créateur, donc, et après avoir engueulé un général (lui crachant à ce planqué qu'on pouvait se « foutre cette guerre au cul ») à l’asile de fous à Mainz, où il termine la guerre en toute conscience et plus lucide que jamais.
Mais faut-il « être fou » de déclarer, étant officier, même de réserve, à un général de ne plus vouloir continuer de participer au plus grand Crime qui est la guerre?
Bref, vous comprendrez que ce livre m'a beaucoup plu, et que je vous le recommande franchement.
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Christiane Mélin
(332 critiques, cliquez pour les voir)
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Genre : Faits vécus
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5/1/2007
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