|
|
|
|
|
Aaron, Soazig
|
|
Klara revient d'Auschwitz. On ne reconnaît que ses yeux... Très vite l'évidence surgit, il y a comme un bloc de glace entre elle et ceux qui l'accueillent. Klara rejette la réalité, le retour à la vie normale et refuse de voir sa petite fille, née avant sa déportation : " je n'ai rien à lui donner sauf ma douleur et ma folie ". Elle a franchi trop de limites.
Présenté sous la forme d'un journal rédigé par cette dernière, Le non de Klara (je transforme ici sciemment le titre) couvre une courte période allant du 29 juillet au 13 septembre 1945.
Et malgré la douceur apparente du roman, une violence terrifiante se dissimule sous les «maux».
Ce sont cent cinquante pages terribles que nous livre Soazig Aaron.
Terribles par ce que dit Klara et surtout par ce qu'elle tait. Terribles par ce qu'elles laissent entrevoir d'horreurs, de transgression de tous les interdits, meurtres, sauvagerie, anthropophagie comprise, mais et surtout de l'âme humaine, sa réalité et ses grandeurs.
De ses années de détention, de torture morale et physique, d'abjection permanente qui l'ont changée, Klara peine à raconter. Comment dire l'indicible ? Comment partager une expérience qui dépasse (de très loin) ce que l'imagination des "autres" peut concevoir ?
C'est un choc littéraire sans doute, puisqu'il s'agit d'une pure fiction, mais jusqu'à quel point? Humain avant tout, comme le préface si bien Jorge Semprun.
Si nous n'avons après tout que si peu de récits ou de romans traitant du "retour" des déportés, au travers de ces terribles pages, l'on en comprend mieux les raisons. Ils ne sont plus des "vivants" et ne le seront plus jamais.
Klara est de ceux-là. Soazig Aaron nous livre ici une oeuvre dont je connais peu de gens capables de la comprendre, tout comme Klara le restera à qui ne verra dans ces pages « qu'encore un bouquin sur l'horreur nazie ».
Certes c'est le cas, mais au-delà Klara se fait symbole de l'irréparable dommage subi par tous les «souvivants» de la Terre d'hier et d'aujourd'hui.
Un fait que le journal d'Angélika ne pourra jamais restituer. En trois semaines, ce n'est plus la "pauvre" Klara qui a tant souffert, mais un personnage peu «crédible» dont on voit le départ avec un soulagement manifeste et... compréhensible par des gens dérangés par des bribes d'histoires impossibles à intégrer dans une existence bien heureusement normale. La solution reste la plus simple: la prendre pour demi-folle et la laisser partir, quitte à abandonner à tout jamais la difficile humanité qui demanderait un minimum d'empathie, d'humanité.
Face à l'in-humain, trop humain, seuls quelques uns peuvent disposer d'une grille de lecture pourtant tellement évidente!
Encore faut-il disposer d'un courage réel, mais sommes-nous dans un univers si courageux que cela?
Si l'on ne le comprend pas, c'est que la lecture n'en aura été que par trop superficielle, ou pire... mais à chacun de se demander où se trouve son "âme".
|
|
Christiane Mélin
(332 critiques, cliquez pour les voir)
|
|
Genre : Fiction
| |
| | Date :
1/1/2008
|
ajoutez votre critique |
|
|
|
|
Aaron, Soazig
|
|
Journal d'Angélika, qui présente le récit de Klara qui revient d'Auschwitz. Saisissant, qui ne peut laisser personne de glace, ce journal nous livre ce que Klara a vécu lentement, bribe par bribe, elle nous fait découvrir toute l'horreur, toute la colère de cette survivante.
C'est le premier récit de Soazig Aaron. Elle démontre une grande sensibilité.
|
|
Diane Wolford
(116 critiques, cliquez pour les voir)
|
|
Genre : Fiction
| |
Édition : Maurice Nadeau, 2002, 187 p. , ISBN : 2862311723
|
| | Date :
1/1/2006
|
ajoutez votre critique |
|
|
|
|
Aaron, Soazig
|
|
On pourrait penser : « encore un bouquin sur l'horreur nazie ». Après avoir lu Primo Lévi, Art Spiegelman, William Styron et tant d'autres témoignages, qu'y a-t-il encore à dire qu'on n'ait pas déjà dit? Rien, on ne peut rien dire, rien faire! C'est un peu le massage que délivre Le non de Klara et l'auteur crée un superbe personnage rempli de douleurs qui offre une vision de l'inhumanité humaine. Klara revient d'Auschwitz à la fin de la guerre après y avoir passé 29 mois. C'est sa belle-soeur Angélika qui la retrouve dans un centre et essaie, avec l'aide de son mari, de la ramener à la vie. Klara parle peu, mange peu, dort peu. Angélika note ses rares et courtes confessions dans un journal et lentement apparaît l'histoire de Klara. Klara livre ses réflexions concernant sa survie ou plutôt sa « souvie ». Sans appareil, elle prenait des photos et continue à en prendre; elle cherche à prendre une photo de la paix, promesse faite à une ancienne codétenue. Impossible de prendre cette photo avec un homme car tout homme peut devenir une menace pour un autre! Un paysage, une fleur serait peut-être plus plausible. Et encore! Ce livre superbe, déjà repéré par la Fnac, a reçu le prix Emmanuel-Roblès ainsi que la Bourse Goncourt du Premier Roman 2002. Extrait : « Une fleur des champs peut-être et encore. Tout ce qui menace et est menacé ne peut pas être une image de la paix. La mer menace, la falaise est menacée. Elle menace aussi. Paix entre deux menaces si on veut, mais rien de définitif. Peut-être des morts. Pas des morts de là-bas, mais des morts tranquilles, morts de la mort douce. Un enfant mort. C'est peut-être cela. Je n'ai pas de solution. Je ne pourrai sans doute pas tenir ma promesse. Rien de ce qui est vivant ne peut représenter la paix, à moins de décréter sans plus réfléchir, c'est cela la paix, mais tout serait faux. C'est une demande stupide, une promesse stupide. »
|
|
Christelle Divry
(832 critiques, cliquez pour les voir)
|
|
Genre : Fiction
| |
Édition : Maurice Nadeau, 187 p.
|
| | Date :
8/1/2002
|
ajoutez votre critique |
Livre(s) de Soazig Aaron critiqué(s) sur le Guide
|
|
|
En ligne : 13587 visiteur(s)
|