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Sepúlveda, Luis
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Les 63 pièces d'or d'un trésor dérobé par des Allemands lors de la Seconde
Guerre réapparaissent en Amérique latine au début des années 90. La
compagnie d'assurance, la Lloyd hanséatique, ainsi que d'anciens officiers
allemands, voudraient bien mettre la main sur ce trésor. La Lloyd a sous la
main un ancien guérillero, un de ceux qui se sont battus pour toutes les causes
perdues de l'Amérique latine. Mais le guérillero a un point faible : le pays
dans lequel il doit retrouver le trésor (le Chili) est sa patrie d'origine,
et là-bas l'attend une femme qu'il n'a pas vue depuis plus d'une décennie et
qui a souffert toutes les tortures sous la dictature. La quête, entre
l'Allemagne de l'Ouest s'ouvrant à l'Est d'une part et l'Amérique latine d'autre part, promet de
nombreuses complications.
C'est un roman noir que nous offre là Luis Sepúlveda, le conteur chilien,
et c'est un beau cadeau. L'histoire ne décevra pas les habitués du genre
policier. Mais en plus, et c'est ce qui donne la connotation toute particulière au
récit, l'auteur connaît très bien les deux pays dont il nous parle. Ayant
vécu en Allemagne, il a connu « de l'intérieur » les problèmes provoqués par
l'ouverture de l'Ouest sur l'Est. Quant aux exactions des pays de l'Amérique
latine, ayant été lui-même une victime des années auparavant, il sait de
quoi il parle. Et il sait aussi à quelles conditions ces pays nouvellement
ouverts sur le monde peuvent le faire, au prix de l'oubli et du silence, à
tout prix. C'est en mélangeant ces éléments de l'histoire de ces deux pays
que l'auteur arrive à nous passionner. On ne se lasse pas de voir deux pays
finalement proches l'un de l'autre (tous deux ont été des dictatures) mais
dont l'un a un décalage dans le temps. Mais il sait très bien montrer aussi
comment les blessures anciennes ne se referment jamais vraiment. Comment les
anciens officiers communistes de la RDA sont toujours présents, et comment
les pays d'Amérique latine liés à l'Allemagne n'arrivent pas non plus à se
débarrasser de leurs vieux démons. Seul le silence arrive à mettre une chape
de plomb sur une période que l'on voudrait bien oublier, une période qui
rend muet comme la femme du héros.
Concernant l'intrigue elle-même, elle n'a rien à envier aux
autres romans du genre. Le personnage de Juan Belmonte (nom de torero dans
l'un des romans d'Hemingway, encore lui) est sombre à souhait, plein de
secrets intrigants qui ont trait à l'ancienne dictature latine. Ceux qui
ouvrent l'histoire sont des nazis, et les meurtres gratuits pleuvent quand
d'anciens officiers à la solde de la RDA s'y mettent.
Luis Sepúlveda a un talent magique pour raconter des histoires et pour nous
faire découvrir, sous toutes les coutures, ses pays.
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Cédric Blanchard
(308 critiques, cliquez pour les voir)
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Genre : Fiction
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avant 2001
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