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Carrère, Emmanuel
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Dans ce récit, intitulé La moustache (j'ai commencé en fait par
l'adaptation cinématographique), le personnage décide un jour de surprendre sa femme en se rasant la moustache. Surprise: elle ne remarque rien... Aucun commentaire... Ni non plus de la part des amis chez qui il est invité. Quand il s'en étonne, (un peu tard à mon sens, mais bon, ils jouent, croient-ils, au plus fin), réponse: «mais tu n'as jamais eu de moustache...». Et c'est le début d'un cauchemar où toutes ses certitudes sur sa vie quotidienne s'effondrent; est-il en train de perdre la raison? Où s'agit-il d'un complot destiné à la lui faire perdre?
Excellente idée de départ, mais exploitée d'une façon qui ne m'a pas satisfaite car, bien sûr, on attend la résolution de l'énigme, rassurez-vous, je ne vais pas trahir le fin mot de l'histoire, pour la bonne raison qu'il n'y en a pas! Ou bien c'est évident pour tout le monde (sauf moi!) ou bien l'essentiel est
ailleurs, mais où? Emmanuel Carrère n'est pas Franz Kafka, ni Maupassant, qui sont d'ailleurs nés avant lui. Il y a quand même une fin: si vous voulez une «happy end», je vous conseille le film, car celle du roman est si horrible qu'apparemment l'auteur n'a pas voulu la mettre en images, ce dont je lui suis
profondément reconnaissante.
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Mildcat
(118 critiques, cliquez pour les voir)
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Genre : Fiction
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6/1/2009
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Carrère, Emmanuel
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Avant L'adversaire (film de Nicole Garcia avec Daniel Auteuil) ou La classe de neige (mis en scène par Claude Miller), Emmanuel Carrère avait écrit ce récit court et compact sur une trame toute simple. Un jour, le narrateur demande à Agnès, sa femme : « Que dirais-tu si je me rasais la moustache? » Celle-ci, lisant un magazine, lui répond :« Ce serait une bonne idée », ce que le narrateur fait, mais à partir de là, personne ne remarque qu'il s'est rasé la moustache; pis encore : lorsqu'il le leur dit, ils lui disent qu'il n'en n'a jamais eu... À partir de cette trame, le récit se construit autour de l'angoisse de cet homme qui... à lire! Écrit dans un style quasi chirurgical.
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Yann Marie
(19 critiques, cliquez pour les voir)
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Genre : Fiction
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| | Date :
3/1/2003
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Carrère, Emmanuel
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Agnès et son mari vivent sans souci ni tracas dans leur petit appartement parisien. Travail confortable, amis et famille. Bref, rien ne vient empiéter sur ce jeune couple à qui tout sourit. Mais un jour, le mari d'Agnès, qui est le narrateur de l'histoire, se rase la moustache, lui que tout le monde a toujours connu avec. Lorsque sa femme revient et doit paraître plutôt surprise de le voir sans sa moustache, elle n'en laisse rien paraître. Pareil pour les amis chez qui ils vont dîner le soir même. Et sans parler des collègues de bureau. Après une dispute, même des photos n'arrivent pas à convaincre le narrateur qu'il a toujours eu une moustache. Et l'engrenage commence. Qui de sa femme ou lui est fou? Sa femme lui ferait-elle un canular de mauvais goût? Perdrait-il la raison? Et ses souvenirs qui au fur et à mesure s'effacent, qu'est-ce que cela signifie?? Seul un voyage à l'autre bout du monde pourra reconstruire notre moustachu, du moins jusqu'à ce que sa folie le rattrape.
Avec minutie, relatant les événements et chaque hypothèse au fur et à mesure des événements, l'auteur entraîne son narrateur dans une crise identitaire effroyable. Tout commence par une simple plaisanterie du mari mais qui est continuée par la complicité de la femme, preuve de la solidité du couple. Mais quand cette blague dure plus qu'elle ne devrait, le doute s'installe. Le narrateur en vient à se demander s'il est aussi insignifiant qu'on veut lui faire croire. Mais quand l'épreuve des photos le fait lui-même douter d'avoir passé sa vie d'adulte à porter la moustache, voilà que les choses changent complètement. Et les collègues de bureau seraient-ils de mèche? Le voilà parti dans de nombreuses interrogations. Il croit sa femme victime d'une dépression passagère, ou quelque chose dans ce goût-là. Il se promet de la soigner, mais si c'était lui qui était malade? Ou pire, s'il était la victime d'un complot de sa femme et de son meilleur ami pour qu'il se suicide et que ces premiers puissent vivre leur amour au grand jour? Le narrateur partira à l'autre bout du monde, espérant oublier ce délire passager, souhaitant reconstruire sa vie. Jusqu'au jour où la folie le rattrape.
La folie s'insinue dans le narrateur sans que l'on s'en aperçoive. Et la lente montée de celle-ci, les doutes qui un à un assaillent le narrateur, et le lecteur, font monter l'angoisse de la lecture. On est complètement pris au piège. Et l'intrigue racontée par un seul narrateur permet au lecteur de se faire berner avec son personnage. Cela donne un roman captivant.
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Cédric Blanchard
(308 critiques, cliquez pour les voir)
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Genre : Fiction
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| | Date :
2/1/2003
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ajoutez votre critique |
Livre(s) de Emmanuel Carrère critiqué(s) sur le Guide
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En ligne : 32966 visiteur(s)
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