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Mann, Thomas
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Il est des livres où il fait bon s'ennuyer...
Le jeune Hans Castorp rend visite à son cousin Joachim Ziemssen en cure à la station thermale de Davos. Rapidement, l'air de la montagne et le rythme de vie particulier de «là-haut» produisent leurs effets sur Castorp qui se voit contraint de prolonger son séjour en raison de la découverte d'un problème pulmonaire. Chaque jour qui passe rend alors Castorp un peu plus dépendant du lieu, de ses rituels, des nombreux personnages qu'il rencontre. Les semaines se transforment alors en mois puis en années de douce torpeur pendant lesquelles Castorp malgré sa guérison apparente demeure «là-haut» coupé du monde extérieur, hors du temps et l'Histoire. Celle-ci le rattrapera pourtant bientôt et c'est finalement le spectre de la Première Guerre mondiale qui le fera quitter l'établissement.
La contraction du temps qu'éprouve le jeune Hans Castorp est extrêmement bien rendue par la structure du livre qui, au fur et à mesure de son avancée, consacre moins place aux dernières années du séjour du héros qu'à la première semaine. Comme le personnage principal, j'ai été bercé par le rythme de l'écriture de Thomas MANN, si bien qu'une même torpeur m'a saisi durant le tiers central du roman. J'ai alors expérimenté un ennui inestimable, d'une qualité rarement atteinte car on y sent toute la volonté de l'auteur, qui après nous avoir tenu en haleine par le relation amoureuse de Hans Castorp et Clawdia Chauchat, remplace celle-ci par d'arides discussions avec Steembrini et Naphta. Le style et la qualité d'écriture de Thomas MANN m'ont heureusement motivé pour continuer la lecture de ce pavé qu'est La montagne magique. Bien m'en a pris car ce tunnel d'ennui de 150 pages environ se solde soudain par la lumière aveuglante du chapitre de la tempête où Hans Castorp, perdu dans la neige, manque de mourir et fait un rêve terrifiant qui anticipe déjà les horreurs à venir. Ce chapitre est à mon sens un des sommets de la littérature et m'a procuré une sensation d'éblouissement proche, sans toutefois l'égaler, de la rédemption de Raskolnikov dans Crime et châtiment. La dernière partie du roman se lit alors avec beaucoup plus de facilité et fait l'effet d'un long plan incliné qui conduit inexorablement la Première Guerre mondiale.
Je conseille donc très fortement ce roman au lecteur potentiel et persévérant, l'ennui en vaut la chandelle!
Suggestion(s) de lecture : L'homme sans qualité de Robert Musil
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Romu_f
(première critique)
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Genre : Fiction
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11/1/2009
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Livre(s) de Thomas Mann critiqué(s) sur le Guide
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