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Lefebvre, Henri
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Je savais bien qu’il était possible d’expliquer le marxisme d’une manière intelligible! Cette plaquette de la collection Que sais-je? le prouve admirablement bien. Henri Lefebvre a une écriture limpide qui nous permet de décortiquer l’essentiel de la pensée de Marx en quatre grande sections : la sociologie marxiste, la politique marxiste et l’économie marxiste.
Marx n’est pas le démon que certains présentent en lui, et encore moins l’idéaliste qu’on imagine à l’origine du mouvement communiste. Pour ces raisons, il mérite d’être redécouvert, ne serait-ce qu’à la faveur du fait que les courants marxistes et communistes ne sont plus aussi menaçants aujourd’hui qu’ils l’ont paru dans les années 50 ou 70. Marx était d’abord un pragmatique qui n’a jamais promis le paradis à l’humanité. Pour lui, la chute du capitalisme était inscrite dans l’histoire, non pas dans une optique idéologique comme cette idée a été récupérée ensuite par les pays soviétiques, mais simplement en vertu de ses contradictions internes. Aujourd’hui, on ne peut que constater que le capitalisme ne s’est pas écrasé, mais il n’en demeure pas moins que ces contradictions subsistent, et avec elles l’aggravation du fossé entre les riches et les pauvres. Autrement dit, le problème demeure entier.
Marx est celui qui a développé la dialectique dans une optique « matérialiste », c'est-à-dire « réaliste », si l’on veut (par opposition à « idéaliste »). Cette dialectique consiste à regarder objectivement les contradictions internes d’une situation au lieu de poser une « vérité absolue » à laquelle la réalité devrait se soumettre. Ainsi, si Rousseau déclare que « l’homme naît bon », c’est une prise de position de base qui colore toute son analyse du mal. En revanche, l’observation objective du « bien » et du « mal » en présence l’un de l’autre et de leurs influences réciproques et infinies permet d’adopter une position beaucoup plus proche de la réalité changeante. Car Marx, en effet, étudie ces contradictions en tant que moteur d’un changement continu. Ainsi, pour Marx, l’histoire ne se répète pas, et lui-même d’ailleurs s’est bien gardé de décrire à quoi ressemblerait la société communiste. En cela, son oeuvre consiste plus en un diagnostic qu’en une utopie.
La découverte de la dialectique a eu un effet inattendu chez moi. Au-delà d’une vision de l’histoire, elle m’a donné un outil pour aborder les problèmes personnels dans une optique féconde. En effet, considérer les contradictions (contradictions internes et contradictions du monde qui nous entoure) en tant que telles et en tant que moteur au lieu de tenter de les résoudre prématurément ou idéologiquement a paradoxalement un effet... soulageant!
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François Lavallée
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Genre : Histoire, Géographie et Politique
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Édition : Presses universitaires de France, collection « Que, 1980, 127 p.
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| | Date :
1/1/2007
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