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Claudel, Paul et et autres
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Voilà un titre qui ressemble faussement à un vieil épouvantail. Il s’agit en fait d’un recueil de dix textes signés par autant d’auteurs qui abordent sous divers angles le problème du mal. En fait, les auteurs tentent principalement de répondre à une question que tout le monde se pose : Pourquoi, si Dieu existe et s’il est tellement bon, permet-il que le mal règne sur la terre ? Mais d’abord, qu’est-ce que le mal exactement, et d’où vient-il ?
Nombre de philosophes, depuis l’Antiquité, ont « expliqué » le sens du mal, et son caractère indissociable de l’équilibre du monde. Mais allez donc raconter à la mère qui a perdu son fils à la guerre (ces textes ont été écrits au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale) que cette souffrance était nécessaire à l’équilibre du monde, juste pour vérifier le pouvoir de réconfort de cette position. En fait, le problème du mal est d’abord et surtout un problème non pas philosophique mais religieux, c’est un cri que lance l’homme à Dieu, ou à l’Univers s’il se dit non-croyant, mais c’est toujours à la fois une révolte et un immense « pourquoi ? » qui touche au sens même de notre passage sur la terre.
Plusieurs des textes proposés ici sont particulièrement intéressants; « Les techniques d’avilissement dans le monde et la pensée d’aujourd’hui », signé par Gabriel Marcel, prend des allures étrangement prophétiques dans sa manière de décrire les effets sur l’homme de l’envahissement de la « technique » (ou dira aujourd'hui « technologie ») et du progrès de la société de consommation. On a peine à croire que ce texte date de si loin !
D’autres auteurs rabaissent nettement le niveau... surtout ceux qui s’imaginent le rehausser, comme ce nommé Maurice de Gandillac, qui tombe dans le piège de ceux qui craignent tellement n’avoir rien à dire qu’ils multiplient les parenthèses, les évocations, les grands mots et les notes en bas de page pour aboutir à un texte trop abscons pour être simplement lu. Et évidemment, c’est de loin le plus long de tous. Dommage, car son sujet (« Le mal et le salut dans le marxisme et l’existentialisme ») était des plus riches. On réussit tout de même à lui arracher quelques aperçus des profondes visions de Kierkegaard et d’autres grands penseurs modernes sur la question.
La « trilogie » des textes faisant successivement état de la vision de l’Église catholique, de la « foi réformée » (les protestants) et des orthodoxes jette des éclairages complémentaires, dont le deuxième m’a paru le plus intéressant.
Il est évident que le nom de Paul Claudel sert d’appât sur la page couverture de ce livre, dont le grand écrivain n’occupe pas quatre pour cent du volume. Peu importe : la plupart des autres auteurs, qui y ont contribué valent d’être découverts, non seulement pour leur contenu mais aussi pour la qualité remarquable de leur plume.
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François Lavallée
(210 critiques, cliquez pour les voir)
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Genre : Philosophie, Religion et Spiritualité
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Édition : Plon, 1948, 306 p.
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12/1/2006
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