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Mazzucco, Melania G.
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Si l’on devait réduire un roman à l’histoire qu’il raconte, Un jour parfait serait celle d’Emma, une séduisante romaine d’un milieu populaire qui, à l’approche de la quarantaine, a raté la carrière de chanteuse dont elle rêvait, a raté son mariage et, revenue habiter chez sa mère dans un triste deux pièces de banlieue, se bat, de petit boulot en petit boulot, pour élever tant bien que mal ses deux enfants.
Ou plutôt non : ce serait l’histoire de ce député berlusconien à la veille d’une déroute électorale, Elio Fioravanti, qui pressent que sa carrière est finie et comprend trop tard qu’il aurait mieux fait de consacrer davantage de son temps à sa famille, ses enfants, sa nouvelle jeune femme, si élégante et mondaine, Maja.
Mais il y a aussi l’histoire d’Antonio, l’ex-mari d’Emma. Un policier d’élite affecté comme garde du corps du député Elio ; bel homme, athlétique et autoritaire, passionné d’armes à feu et qui, fou d’amour et de jalousie depuis leur séparation, passe toutes ses nuits en faction sous la fenêtre d’Emma.
Et puis il y a Sasha, le jeune professeur d’italien de Valentina. Lui, il a sublimé ses velléités d’écriture dans l’exercice ingrat de son métier ; il ne vit que dans l’attente des rares moments de bonheur passés avec son amant, un présentateur vedette de la télévision, marié et jamais disponible.
Toutes ces histoires, bien entendu, s’enchevêtrent, se recoupent, se recouvrent partiellement l’une l’autre (puisque tous les protagonistes se connaissent, malgré les différences de conditions sociales) dans un subtil tissu narratif qui n’a que l’apparence d’une stricte structure chronologique. Car si le roman est divisé en 24 chapitres – correspondant aux 24 heures de ce « jour parfait » - pratiquement aucun de ces chapitres n’est exclusivement dédié à l’un des personnages. Leurs points de vue respectifs s’y succèdent, s’y rencontrent, se mêlent, évoquant non seulement leurs faits et gestes à cette heure donnée, leurs paroles, mais aussi leurs pensées, leurs regards sur les autres, sur leur vie, dans une sorte de style indirect libre mais tellement libre qu’il devient pour ainsi dire flottant de l’un à l’autre. C’est ce qui confère à la narration de Melania Mazzucco cette fluidité et cette finesse incomparables dans l’appréhension des êtres et du monde, de la qualité de la lumière nocturne dans telle rue de Rome, de la vie pour tout dire.
Un jour parfait, 24 heures que le lecteur a l’impression de vivre en temps réel (le temps de la lecture pouvant effectivement coïncider avec la durée fictive), on pourrait d’abord comprendre ce titre par antiphrase puisque rien n’est parfait, bien au contraire, dans cette journée, pour aucun des protagonistes. Il peut aussi être pris dans son sens étymologique : un jour « parfait », per-fectum, qui est allé jusqu’au bout de son accomplissement. Cet accomplissement tragique, dont l’imminence entretient une sourde angoisse tout au long du roman, il n’est bien sûr pas question de le révéler ici.
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Georges-André
(première critique)
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Genre : Fiction
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Édition : Flammarion
2009
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3/1/2012
* nouveauté *
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