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Roy, Bruno
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« La foi est une illusion qui console de la solitude. »
Cette phrase, qui clôt le premier chapitre du récent roman de Bruno
Roy, Les heures sauvages, publié à Montréal chez XYZ, donne le ton à
l'ouvrage et en constitue en quelque sorte un condensé. Quatre mots qui
servent d'axe à ce livre intense : foi, illusion, consolation, solitude.
Vincent Godbout s'évade de l'asile (Saint-Jean-de-Dieu) où il a été
interné pendant six ans à la suite du décès accidentel de ses parents,
sort qu'il a partagé avec six mille autres enfants jugés inaptes, comme
lui, à vivre libres en société. Il veut échapper à cette condition
misérable et inacceptable de « détenu ». Dès qu'il franchit les murs de
sa prison, il se croit libre, mais il se rendra vite compte de son
illusion : sans argent, sans ami, sachant à peine lire, comment
s'intègre-t-on dans une ville? Il constate que le monde est hostile et
fermé; qu'il faut se battre pour s'y faire une place; que la misère est
partout dans la rue. Mais que, si l'on sait profiter de la chance qui,
toujours, se présente, si on sait la reconnaître, l'amitié est au
rendez-vous. Et l'amour.
Bruno Roy use de mots et d'images qui frappent juste. « Ici, la vie
se résume à ces chaises berçantes le long des murs. Chaque pensionnaire
se berce à grands coups d'ennui. » (p. 23) Il sait glisser doucement sur
des sujets controversés comme le suicide, la violence des gangs de rue,
etc. Il retrouve une pudeur et une délicatesse que la plupart des
écrivains semblent avoir oubliées au profit de la vulgarité, quand il
s'agit de décrire les gestes de l'amour. Les dernières pages de ce
roman sont véritablement un « hymne à la joie », comme l'entendait
Beethoven.
Suggestion(s) de lecture : Du même auteur : Les calepins de Julien, publiés en 1998
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Gilbert Forest
(15 critiques, cliquez pour les voir)
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Genre : Fiction
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avant 2001
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