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Dufossé, Christophe
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Christophe Dufossé est professeur de collège et a décidé de se servir de son expérience pour poser le décor et les personnages de son premier roman; ainsi, celui-ci s'ouvre sur le suicide par défenestration d'un jeune professeur d'histoire-géographie, sortant d'I.U.F.M. (Institut de formation des maîtres). Pierre Hoffman, son collègue de français, va prendre en charge sa classe. Les jeunes qui composent cette classe semblent disciplinés, intéressés, polis - trop pour être honnêtes. Il se dégage d'eux un esprit de cohésion, une philosophie commune que Pierre Hoffman n'arrive pas à cerner! Ces jeunes sont ensemble depuis la maternelle et les parents sont même intervenus auprès de la direction de l'établissement pour que l'administration ne les sépare pas; ils forment une si belle entente, au delà des mots. Mais attention à celui qui serait prêt à les trahir! On pourrait penser au film Le village des damnés avec ces enfants aux qualités physiques et intellectuelles irréprochables mais qui provoquaient la terreur rien qu'en traversant le village tellement leur mystère était impénétrable alors qu'eux étaient capables de pénétrer dans l'esprit du commun des mortels. Christophe Dufossé connaît indéniablement son sujet et il décrit avec cynisme le monde enseignant et ses « vices ». Ainsi en va-t-il des conversations de prof dans la salle des profs : « En salle des profs, une conversation sur deux commençait par : “Oh! Tu ne sais pas ce qu'un élève m'a écrit?” Et de citer avec un air offusqué les faux-sens, les pataquès, les barbarismes, bref les mille affronts au beau style commis par des élèves ignorants de la langue française. J'étais depuis peu arrivé à cette certitude que si l'on interdisait dorénavant les conversations basées sur la transgression syntaxique et la psychologie de l'enfant, les moyens de communication des établissements du secondaire seraient réduites au mathématiques pures. » Christophe Dufossé parle aussi du poids du syndicat, des menaces de grèves, des décisions brutales du ministère, des crédits et de la répartition des heures; il en aurait des choses à dire sur « le machiavélisme administratif » mais l'auteur a aussi à mener son histoire et ses personnages jusqu'au bout. Il a voulu témoigner du milieu enseignant qu'il aimerait améliorer, humaniser, et ses personnages en ont souffert. De nombreuses questions restent ouvertes : pourquoi le suicide? Pourquoi ce jeune prof était-il en rupture avec ses parents? Pourquoi Pierre Hoffman ne peut trouver de stablilité affective? Quelle relation entretient-il avec sa sour? Pour ce premier essai, le bilan est plutôt mitigé. Christophe Dufossé écrit bien, il a un talent d'observateur évident, il est aussi un témoin de son époque, éveillant des souvenirs musicaux chez son lecteur. Il a su trouver un titre qui évoque le monde enseignant et peut-être aussi son envie personnelle d'en sortir mais qui reste aussi évocateur du destin de tous les élèves de la classe. En revanche, ces personnages n'ont pas donné tout ce qu'ils avaient en eux! Dans Le village des damnés, les enfants avaient une mission extraterrestre mais pour cette classe, quelle est la décision, la formation, la philosophie qui les a poussés vers leur sortie? Simple crise commune d'adolescence?
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Christelle Divry
(832 critiques, cliquez pour les voir)
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Genre : Fiction
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9/1/2002
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