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Sepùlveda , Luis
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Garzon, et début 2003 alors que Pinochet est rentré au Chili et y vit tranquillement, non seulement libre mais au milieu de ses partisans qui s’apprêtent à fêter le 30e anniversaire du coup d’état du 11 septembre 1973, que le pays est toujours sous un régime de « démocratie surveillée » vendu au néolibéralisme économique américain et que le juge Guzman a déjà commencé son enquête sur la part exercée par le tyran dans l’instauration de la dictature argentine des années 1970.
(La disparition entre temps du dictateur n'a en fait pas trop changé cette «donne»).
C'est aussi et avant tout un long cri d’espoir... puis d’indignation et d’impuissance, écrit sur un ton courroucé, ironique ou parfois vraiment touchant.
À travers le récit de faits personnels, entre batailles et exil, rêves et désillusions, amis perdus et amis retrouvés, souvenirs et rencontres, Sepúlveda dissèque les courants porteurs de notre société, pour rendre justice à son pays en sauvegardant la mémoire de son histoire récente que beaucoup veulent déjà effacer ou réécrire, mais surtout pour réfuter l'oubli et le pardon que beaucoup voudraient imposer : au Chili comme à Berlin ou Paris... où, à propos des années qui vont de 1973 à 1989, toute une classe politique et sociale a déjà passé l’éponge au nom du modèle économique néolibéral ou bien souffre
d’amnésie forcée pour raison d’état.
Car évidemment, on n'est jamais aussi magnanimes, aussi débordants de bon conseils charitables que quand il s’agit de prétendre des victimes de douleurs et d'horreurs dont on n'a pas souffert soi-même qu'elles pardonnent à leurs bourreaux! Oubliant qu'en matière de « mémoire », entre encouragements par-ci et condamnations par-là, on joue souvent à l'élastique selon les circonstances et les besoins.
Quelle douleur ne ressentent-on pas quand ceux qui vous lâchent, ce sont justement ceux sur qui on croyait pouvoir compter!
Mais en ces domaines, peut-on fiablement compter sur quelqu'un?
Porteur d'un cri de révolte, cela va de soi, mais aussi d'une nostalgie profondément chaleureuse, comme si l’auteur, durant ces quelques cinq années d'espoirs ensuite déçus, avait peu à peu pris conscience de l'énormité des capacités dévastatrices de ses adversaires, mais, cependant, décidé de continuer à résister.
Nous sommes au coeur d'une intimité à jamais brisée, capables sans doute d'écrire des contes manifiques, mais révèle ici toute une douleur et un cri si commun et ordinaire dont sous nos latitudes l'on a perdu le sens. Oublieux des fractures pas si anciennes d'une Europe pas même encore reconstruite et à qui l'on nie le droit de se souvenir. Parce que ce n'est pas «correct».
Parce que «ça» dérange. Dormez bien braves gens!
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Christiane Mélin
(332 critiques, cliquez pour les voir)
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Genre : Biographie
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8/1/2007
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