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Desbordes, Michèle
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Entre prose et poésie, ce récit de 128 pages au style très particulier, fait de longues phrases à l'imparfait, où les personnes sont désignées par des pronoms, sans aucun dialogue, se savoure lentement. Il faut se laisser porter doucement par cette histoire dont on ressort complètement envoûté!
À la demande du roi de France, un architecte et peintre italien - sans doute Léonard de Vinci - quitte Florence avec un serviteur et trois élèves et après 73 jours de voyage, ils arrivent enfin en Sologne, sur les bords de la Loire. L'artiste vieillissant sait que c'est son dernier voyage, qu'il ne refera pas le chemin en sens
inverse... « Ce n'était pas pour des portraits ou des fresques dans leurs chapelles qu'ils l'avaient fait venir, lui qui ne désirait plus rien, ne demandait plus rien à personne et avait tellement usé ses yeux à l'étude que certains soirs c'est à peine s'il y voyait, c'était pour qu'il portât sur eux le regard dont ils avaient besoin
et leur dît la manière de faire, leur assurât la perfection des colonnades et des coupoles et des statues encore plus belles que mille ans auparavant celles des jardins d'Étrurie, lui demandant ce qu'ils ne demandaient jamais qu'aux Italiens, la beauté, la certitude de la beauté. »
Ils s'installent dans un manoir où les attend une servante: « Une paysanne, c'est ce qu'on leur avait dit, et venue des tourbières, plus bas après la première forêt, de celles qui servaient dans les maisons du fleuve, avaient toujours servi, à peine grandies travaillaient aux récoltes, faucillaient le foin ou le jonc des étangs, rouissaient le chanvre et s'occupaient des bêtes, le soir
dans les masures filaient et tissaient sans rien dire si ce n'est l'hiver aux veillées et encore dans ces forêts on était peu bavard, de bonne heure on apprenait à se taire. »
Les saisons passent, l'humble servante et l'artiste vieillissent doucement... Entre eux, les mots sont parfaitement inutiles jusqu'au jour où elle lui adresse une demande... Quand on lit certains livres, on imagine parfois combien ça pourrait faire un chouette film, eh bien ici, je pense plutôt que l'histoire pourrait être peinte! L'auteur nous propose véritablement des tableaux: les gestes résignés du labeur quotidien, le cycle inexorable des saisons, la mort, repos mérité qui doucement arrive, les veillées au coin du feu, les personnages qui n'ont pas besoin de
beaucoup de paroles pour se comprendre...
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Anne-Charlotte
(113 critiques, cliquez pour les voir)
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Genre : Roman historique
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avant 2001
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