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Job, Armel
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Nous sommes en 1950. Henrik Gansberg van der Noot, conseiller du roi des Belges Léopold III, a séduit une fille « du peuple » qui a au moins trente ans de moins que lui. Apprenant, quelques semaines plus tard, qu'elle est enceinte, il propose de l'héberger, avec l'enfant, dans la résidence secondaire où, depuis longtemps, il se retire loin de sa femme et de ses enfants toutes les fins de semaine. Un soir, il s'en prend à un rôdeur, qui s'étend raide mort sur son gazon. Que faire?
Armel Job maîtrise son art. En fait, on pourrait presque dire qu'il réussit le tour de force de nous offrir une saga en moins de 300 pages. Les personnages sont relativement nombreux (bien qu'on ne s'y perde jamais), et de chapitre en chapitre, on découvre toujours de nouveaux pans de leur histoire personnelle, et souvent de nouveaux liens entre eux, qui leur donnent de la profondeur et éclairent constamment sous un jour nouveau une histoire dont la forme et le sens ne cessent jamais d'évoluer et d'attiser notre intérêt. Quant au style, il est relevé, imagé et vivant.
Comment expliquer, dès lors, le non-enthousiasme global qui m'habite après avoir refermé le livre? Peut-être par cette petite phrase trouvée en quatrième de couverture : « Armel Job a enseigné pendant vingt ans avant de se mettre au roman. » Cela rappelle la quatrième de couverture des Soupirs du cloporte, à propos de Pierre K. Malouf : « Retraité de l'enseignement en 2000, il consacre à l'écriture les années qui lui restent. » Comme si l'écriture était un robinet qu'on peut tenir sagement fermé jusqu'à ce que notre carrière nous permette de nous y consacrer. À son correspondant, pour déterminer si celui-ci était un vrai écrivain, Rielke a demandé : « Mourriez-vous s'il vous était défendu d'écrire? »
Ce roman a-t-il été écrit sous une l'impulsion irrésistible d'écrire ou parce que son auteur a décidé de « se mettre au roman »? Loin de moi l'idée de faire un procès d'intention à l'auteur. Je tenais seulement à mettre le doigt sur la seule chose qui manque dans ce roman amusant, bien construit et sans défauts. Si, comme moi, on lit Stéphane Bourguignon juste après, on comprend tout de suite.
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François Lavallée
(210 critiques, cliquez pour les voir)
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Genre : Fiction
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Édition : Robert Laffont, 2003, 269 p.
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7/1/2003
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