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Malraux, André
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Je me permettrais peut-être de trouver la seule critique un peu courte pour ce grand roman !
Bernard Henri Lévy considère ce livre comme un des plus grands romans du vingtième siècle.
Nous sommes à Shanghai en 1927. Le Guomindang de Tchang Kaî-Chek, allié aux communistes, se retourne contre ces derniers. Voilà les communistes de Mao isolés à l’exception de quelques conseillers soviétiques dont Katow.
Le livre commence par un crime exceptionnellement bien rendu, donnant l’ambiance du livre. Tchen n’est pas un tueur et il hésite longuement, mais il le faut. Chez l’homme à tuer il trouvera le document qui permettrait aux communistes de mettre la main sur une importante livraison d’armes attendant sur un bateau dans le port. Sans ces armes, la lutte qui se déchaîne serait ingagnable !
Son acte accompli, Tchen se sent terriblement seul et différent des autres : il a tué ! Mais cette bataille s’annonce sans pitié. Malraux insiste sur la différence qu’il y a entre les « terroristes » de cette époque et ceux que nous connaîtrons par la suite. Pour lui, ceux de l’époque étaient ce qu’il appelait « des terroristes métaphysiciens » alors que les futures Brigades rouges italiennes ou les palestiniens lui semblaient bien plus « rationnels et pratiques » s’approchant davantage des gangsters.
« Que faire d’une âme s’il n’y a ni Dieu ni Christ ? » se demande-t-il. Plus de dix ans plus tard, il sera lui-même menacé d’être fusillé par les Allemands. Cela ne lui a pas fait découvrir la foi, à la différence d’un Dostoïevski. Pour lui, il y a l’homme, dans sa terrible solitude et dans sa grandeur. En cela il sera rejoint par Camus. Malraux est l’homme de la grandeur, de la hauteur. Qu’était de Gaulle si ce n’était l’homme qui portait l’idée de la France et qui regardait vers le haut ? Pour lui, et c’est flagrant dans ce livre, la dignité de l’homme réside dans la révolte, à aller de l’avant, à lutter, à rester digne avant tout, même dans sa terrible solitude.
Katow, juste avant de mourir d’une mort horrible, va donner sa pilule de cyanure à un jeune gamin qui pleure toutes les larmes de son corps. Ce sacrifice sera vain car le jeune, dans sa panique, va la laisser tomber et elle se cassera. Mais Katow ne regrettera rien. Jusqu’au bout il restera fidèle à ses convictions. Le monde est absurde mais lutter pour sa dignité c’est nier l’absurde selon lui.
Ce livre est rempli de phrases plus intelligentes les unes que les autres tout comme dans « Les conquérants » et « L’Espoir » qui seront écrits par la suite.
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Hubert Viteux
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Genre : Classique
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Édition : Gallimard
404
1946
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9/1/2007
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