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Littell, Robert
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La Compagnie lève le voile sur la réalité de certains épisodes clés de l'histoire contemporaine :
- Budapest, 1956 : Les opposants au régime sont envoyés à l'abattoir, faute de l'intervention espérée des États-Unis au moment décisif.
- Baie des Cochons, 1961 : La mission clandestine de la CIA tourne au désastre.
- Afghanistan, 1983 : Juste après avoir rencontré le commandant Massoud, un jeune agent se fait prendre en otage par des islamistes.
- Russie, 1991 : un espion russe, de retour des États-Unis, se remet en question et aide à déjouer le putsch contre Gorbatchev.
Cassandre était connue dans l'Antiquité grecque pour deviner toujours l'avenir, rapporte la légende, au point qu'un de ses admirateurs, n'y tenant plus, lui demanda un jour son secret. Les personnages de La Compagnie reçoivent la même question.
La réponse fournie par ces espions de la CIA, acteurs de la guerre secrète que se sont livrée les États-Unis et l'Union soviétique pendant la seconde moitié du XXe siècle, est qu'ils ont pour mission de défendre leur pays contre les coups bas de l'adversaire et donc d'imaginer constamment le pire pour éviter qu'il ne survienne.
Le pire, pour les héros de Robert Littell, c'est la domination possible de l'URSS sur le monde au terme de la Seconde Guerre mondiale, à un moment où Moscou, fort de la défaite du Japon et de l'Allemagne, étendait au pas de charge sa zone d'influence en Eurasie, de Pékin à Berlin. Devant le péril, les membres de la « compagnie » s'obligent à un pessimisme forcené. Des événements heureux, des évolutions encourageantes surviennent? Il ne peut s'agir que d'illusions, de leurres posés par l'ennemi pour mieux s'imposer.
Robert Littell connaît évidemment très bien ce milieu qui n'a que peu de secrets pour lui. Son astuce est de « romancer » ce qui, pour le moment, est encore classifié.
La CIA et toutes les « centrales » du monde qui sont « du bon côté », le Mossad et son inénarrable « Rabbin » plus vrai que nature à sa tête, tout ce qui peut contribuer à lutter contre l'ennemi est acceptable, même le pire...
La vérité? En réalité, elle importe peu. Tant pis si le mensonge s'installe, tant pis s'il devient la règle. En s'alliant au crime organisé pour lutter contre la dictature de Fidel Castro. En instruisant des tortionnaires aux quatre coins du monde, du Vietnam à l'Iran, pour y sauver les « alliés du monde libre ». En formant des armées amies de Tibétains, de Kurdes ou d'Ukrainiens, pour les abandonner à leur sort au premier arrangement venu avec l'ennemi principal. En violant enfin, en Occident même, l'État de droit...
Avec de plus en plus de brio, il offre une extraordinaire traversée de la Guerre froide, menée avec la liberté de ton d'un écrivain qui n'a aucun compte à rendre et peut par conséquent se permettre des descriptions « plus vraies que nature » d'une longue série d'événements historiques.
Une oeuvre magistrale et ambitieuse réussie, passionnante.
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Christiane Mélin
(332 critiques, cliquez pour les voir)
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Genre : Fiction
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Édition : Poche, 2004, 1248 p. , ISBN : Points
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| | Date :
11/1/2006
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Littell, Robert
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Forcément, il faut s'intéresser au sujet : espionnage, histoire du Xxe siècle et en particulier de la Guerre froide. On suit avec un intérêt croissant le destin des agents russes, israéliens et bien sûr américains, de leur recrutement à leur fin de carrière. On apprend plein de choses encore sur cette période : les Kennedy, les méthodes, etc. Certes, on n'est pas dans le grand art de John Le Carré ni la plume sans complaisance de James Ellroy, mais en même temps, on se sent plus proche du documentaire parfois que du roman (malgré des personnages romanesques ).
Un pavé de plus de 1200 pages que je n'ai pas lâché.
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La croquette
(138 critiques, cliquez pour les voir)
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Genre : Fiction
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| | Date :
2/1/2005
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Livre(s) de Robert Littell critiqué(s) sur le Guide
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En ligne : 5354 visiteur(s)
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