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carnets du sous-sol (Les)
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Dostoïevski, Fédor
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Le narrateur de cette histoire est un homme pour le moins particulier. Il a quarante ans, a été fonctionnaire et se décrit lui-même comme méchant. Il dit ne pas savoir pourquoi il est comme cela.
Par contre, Dostoïevski, dans sa courte préface, dit qu’il est le produit de notre société telle qu’elle est.
Dans un de ses livres Dostoïevski déclare qu’il vaudrait mieux ne pas être intelligent car cela permet de se poser moins de questions et donc d’être plus heureux. Ici, son personnage développe cette idée. Il dit : « … je reste convaincu que non seulement une conscience accrue, mais que toute forme de conscience est une maladie. » Mais, dit-il, malheureusement on ne se change pas!
À force de conscience, nous ne nous ressentons même plus comme des hommes, mais comme des souris. En outre, l’homme de conscience a tendance à rester inerte par conscience, tandis que l’homme spontané le fait parce qu’il est bête et limité.
Il est des êtres qui prétendent que l’homme éduqué agirait pour son propre intérêt. Il refuse totalement cette idée et insiste sur le nombre d’actions faites dans le monde qui sont contraires à nos intérêts. Pour lui, la civilisation a rendu les hommes encore plus cruels, plus sales et plus odieux et non le contraire.
Vivre suivant sa raison?... Non, certainement pas! Il veut vivre pleinement, en fonction de sa raison, mais aussi de son inconscient, car la vie, c’est le tout, le conscient et l’inconscient. Voilà une notion qui, plus tard intéressera beaucoup Freud.
Il voit les hommes de son temps comme des lâches et des esclaves. En effet Dostoïevski, dans un autre ouvrage, nous parlera du fait que les hommes ne veulent pas être libres car la liberté suppose la responsabilité et que de cela, ils ne veulent pas.
Il voit le monde peuplé d’hommes qui donneraient le pouvoir à quelques « prophètes » en échange de la satisfaction par ceux-ci de tous leurs besoins. C’est une forme du « panem et circenses » bien connu. Avec le recul, nous pourrions dire que cette peur de la liberté qui anime les hommes a donné au vingtième siècle des « prophètes » comme Hitler et Staline.
Dostoïevski voyait aussi ce comportement provoqué par la destruction de Dieu par les hommes, une sorte de conséquence à son « Puisque Dieu n’existe pas, tout est permis » des Frères Karamazov.
Il est intéressant de mettre tout cela aussi en parallèle avec Ophélie de Rimbaud, La chute de Camus et la pièce de théâtre de Eric-Emmanuel Schmidt Le visiteur, dans laquelle il met Dieu et Freud en présence.
Suggestion(s) de lecture : Du même auteur: Les démons, Les frères Karamazov, L'idiot, Rêveries d'un homme ridicule, Le sous-sol, Le double
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Hubert Viteux
(225 critiques, cliquez pour les voir)
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Genre : Classique
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Édition : Babel, 1992, 165 p.
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12/1/2007
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