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Littell, Jonathan
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Nous sommes ici devant un véritable chef-d'oeuvre!
Certains diront que ce sujet est vu et revu mais, si beaucoup de choses sont connues, il n'empêche qu'elles n'ont jamais été vues sous cet angle.
Ici, tout est raconté par un officier supérieur de l'armée allemande. Et cela, c'est très différent de ce qui a été fait jusqu'à aujourd'hui.
Maximilien Aue est français mais a fait ses études en Allemagne, est devenu nazi et se retrouve dans les SS. Il atteindra le grade d'obersturmbannführer (lieutenant-colonel). Il verra Hitler, fréquentera Himmler, Eichmann et bien d'autres personnalités du régime. Il est profondément favorable au national-socialisme, antisémite mais étonnament sans excès.
Nous le retrouvons en Ukraine dès le début de l'invasion de l'URSS. Son rôle est de participer à la consolidation des lignes de l'arrière en pays ennemi. Qui représente un danger à l'arrière des troupes qui avancent?... Les partisans polonais et soviétiques, les fonctionnaires soviétiques en général, ainsi que les juifs. Pourquoi ces derniers?... C'est un postulat du Reich que le juif est dangereux et qu’il faut donc le supprimer. Maximilien Aue fera donc son devoir et cela, le mieux possible, mais sans acharnement inutile.
Il déclare d'ailleurs que seuls des fous peuvent aimer participer à ces assassinats. D'autres participeront parce qu’ils obéissent mais lui n'aime pas se dire qu'il est un mouton. Alors lui, il y participe pour accomplir le mieux possible ce qu'il estime être son devoir.
Cela, il le fera jusqu'au bout!... Froidement, sans haine aucune, mais sans pitié non plus. C'est cela le plus sidérant. Aue est un homme d'une grande culture et cette froideur étonne, secoue. Il ira aussi à Stalingrad puis regagnera Berlin et les administrations. Il participera aussi à l'organisation des camps d'extermination. Enfin, il vivra les dernières heures du régime à Berlin.
Ce livre compte plus de 900 pages aux petits caractères, l'opposé donc d'un Amélie Nothomb ou d'un Coelho.
Mais l'auteur vous captive dès les premières lignes et il devient impossible de l'abandonner. Il est vrai que j'ai eu, à certains moments, beaucoup de difficulté à lire certaines pages relatant des massacres gigantesques de juifs. Si j'ai envisagé (mais je ne l'ai pas fait) de sauter ces pages, je n'ai jamais envisagé d'abandonner le livre.
Certains reprochent quelques erreurs historiques tout en reconnaissant, qu'en gros, le travail de recherche est très approfondi. Mais il convient de ne pas oublier qu'il s'agit aussi d'un roman.
Mais globalement ce livre est extraordinaire et sera peut-être le chef-d'oeuvre du siècle. Il est aussi très bien écrit.
Suggestion(s) de lecture : Si c'est un homme de Primo Levi. Celui-ci n'est pas un roman mais bien un témoignage.
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Hubert Viteux
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Genre : Fiction
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Édition : Gallimard, 2006, 903 p.
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1/1/2007
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