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Zola, Émile
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L’assommoir est un livre culte qui aura déchaîné les passions à sa sortie. Les uns l’ont qualifié de pornographique, alors que les autres parlaient d’un chef-d’œuvre. C’est un chef-d’œuvre !
Si vous avez dû le lire pour l’école, oubliez cette expérience lointaine et, aujourd’hui, relisez le pour votre seul plaisir.
Au début du livre, Lantier vit à Paris avec Gervaise. Il est ouvrier, elle est laveuse, ils ont des enfants et vivent dans un trou à rats dont ils paient difficilement le loyer. Un matin, sans avertir, Lantier fait sa malle et s’en va avec une autre femme. Gervaise ne peut pas survivre avec ses enfants de son seul salaire.
Heureusement, elle est encore mignonne et un certain Coupeau tombe amoureux d’elle. Il est couvreur. Tout se passe de mieux en mieux et Gervaise revit. Mais cela ne durera pas, car Coupeau va tomber d’un toit et sera incapable de travailler. Lentement, il va sombrer dans l’alcool et la vie deviendra un enfer.
Nous sommes à l’époque où les campagnes se vident au profit des villes où il y a du travail. Par contre, les logements sont misérables et hors de prix alors que les tentations y sont bien plus nombreuses.
A l’époque, il y avait deux écoles: celle qui clamait haut et fort que le vice était enraciné et héréditaire parmi le « petit peuple » des ouvriers. Parmi ces vices figurait bien sûr l’alcoolisme.
L’autre école, celle de Zola entre autres, ne voyait pas l’hérédité comme cause de ces vices, mais bien le milieu. Dans « La terre », Zola nous montre que les petits paysans ne pouvaient plus lutter contre les arrivages de céréales venant par bateaux d’Amérique. Les petits domaines étaient donc rachetés par des plus grands et leurs occupants devaient aller ailleurs pour survivre. Dans les villes ils perdaient leurs racines et leur âme. Ils devaient s’entasser les uns sur les autres dans des clapiers et cette promiscuité poussait les hommes dehors ,c'est-à-dire dans les cafés. Voilà l’univers que Zola nous décrit ici.
Zola, c’est aussi un style d’écriture fabuleux ! J’oserais presque dire qu’il est le précurseur de Céline quant à la puissance de son écriture. Quand il nous décrit Coupeau, dans sa cellule, aux prises avec une crise de delirium tremens, nous pensons voir celui-cidanser devant nous pour éviter des rats qui n’existent pas ! Nous avons l’image et le son !...
Un très grand livre à lire ou à relire !
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Hubert Viteux
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Genre : Classique
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Édition : Gallimard, 1993, 564 p.
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10/1/2007
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